Blog

Roland SUVÉLOR : « Deux ou trois choses que nous connaissions de lui »

 


Hector ELISABETH

En mémoire de notre Ami Roland SUVÉLOR : « Deux ou trois choses que nous connaissions de lui », par Hector ÉLISABETH, membre du Conseil d’administration de notre association.
Tant il est vrai que nous partagions avec ce grand Créole récemment disparu les valeurs d’ouverture et d’humanisme qu’il a défendues sa vie durant.

Depuis la disparition de Roland SUVÉLOR, beaucoup a été dit et écrit. Je ne sais d’ailleurs pas s’il aurait totalement apprécié ce qu’il n’aurait pas manqué de qualifier de « tapage » ou de « grand bruit ». À part une courte réaction sur RCI à l’amicale sollicitation de Karim ROZACE, je me suis gardé de participer au « tapage», connaissant précisément la discrétion de l’homme. Je me rappelle ses réactions de surprise gênée quand nous avions organisé, à l’initiative de Bernard PETITJEAN-ROGET, une petite manifestation autour de lui, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire. Nous lui avions fait cette surprise, comme un groupe de potaches rendant hommage à un de leurs Maîtres. Un Maître, c’est bien comme cela que nous le considérions, notre cher Roland. Ouvert à toutes les choses de l’esprit et surtout ouvert à toujours partager et diffuser son savoir. D’où cette caractéristique d’érudition qui n’échappait à aucun observateur. Érudition toute en discrétion, toute en finesse, conforme à son élégance tant de l’esprit que physique. Conforme aussi à son extraordinaire esprit d’ouverture. Roland était toujours disponible pour participer à toute initiative pour la défense d’une cause démocratique, humaniste ou d’intérêt général. Avec une absence totale de préjugés, ce qui en déboussolait plus d’un. En véritable Homme de Culture, il ne s’est jamais mis la moindre barrière dans ses goûts esthétiques, n’a pratiqué aucun enferment concentrationnaire, dans une quelconque pensée unique ou courant fondamentaliste. En ceci il rejoignait bien la préconisation de CÉSAIRE -un de ses Maîtres- : « J’habite une vaste pensée ! ».
Pédagogue, comme tout Maître qui se respecte, nous avions coutume de dire de lui -et de lui dire- qu’il était « un puits de science». Ce qui, tout en choquant son humilité naturelle, le faisait beaucoup rire. Mais à coup sûr Roland était de cette espèce d’homme auprès duquel, après avoir passé quelques instants, on repartait en ayant l’impression de s’être enrichi intellectuellement, voire d’être devenu intelligent. Avec au-dessus de tout cela un humour fin, subtil, qu’il diffusait à travers un art de raconter des histoires savoureuses, souvent sur le thème de comportements féminins sur lesquels Roland était quelqu’un de très avisé. En effet, sa séduction s’exerçait beaucoup sur la gent féminine, attirée par son élégance naturelle et son raffinement.  Et puis, et puis, Roland était avant tout un Humaniste et un Homme d’engagement. Toutes ses analyses visaient avant tout à mettre l’Homme au centre de tout. Et toutes ses prises de position respectaient cette règle de conduite, quitte à être à contre-courant de la pensée dominante ou des courants à la mode. C’est ainsi qu’il s’était dressé courageusement en publiant dans Antilla un article fustigeant une campagne scandaleusement raciste et antisémite menée en Martinique.
Humaniste et engagé, il nous rappelait en permanence la référence à l’Universel contre l’enfermement… Comme CÉSAIRE, Roland aura beaucoup écrit : dans toutes sortes de revues et d’encyclopédies, parmi lesquelles Acoma, l’Historial Antillais, et surtout Les Cahiers du Patrimoine qu’il dirigeait avec grande maestria. Mais son péché mignon aura toujours été le Cinéma. Et GODARD était sans doute un de ses cinéastes fétiches. C’est pour cela, cher Roland, que pour ce court hommage, l’association « Tous Créoles ! » -une initiative que tu avais saluée comme il se doit avec ton esprit d’ouverture- s’est autorisée à emprunter un des titres de ce cinéaste pour dire « Deux ou trois choses que nous connaissions de toi ».
En amitié éternelle !  Hector ÉLISABETH

1 Commentaire

  1. Hector,
    je ne crois pas avoir été le seul initiateur, de cette surprise à Roland, cette idée a germée au sein d’ un groupe de ses amis, elle a pu se concrétiser grâce à ce réseau d’amitié dans l’ensemble de la société Martiniquaise.
    Notre seul regret nous avions prévu de sortir un livre de ses oeuvres et articles souvent dispersées et peu connues. Nous n’avons pu en fabrique qu’un seul, un exemplaire unique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *