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Pour Patrick

Patrick Saint-Eloi (Photo Régis Durand de Girard)

L’artiste guadeloupéen Dominique DOMIQUIN rend ici hommage au grand chanteur créole Patrick SAINT-ELOI, récemment disparu, qui avait porté la chanson créole à son plus haut niveau.
Nul doute qu’il sirote déjà un punch coco avec Féla Kuti, Vicentico Valdez, Pacheco, Stellio, Fitzgerald, Hendrix, Oum Kalthoum, Brassens, Mozart, Loyson et les autres.
Il avait dans la voix ce tonnerre fragile qui nous est propre et qui touche à l’universel. Ses textes comme ses mélodies disaient la profondeur et la légèreté de nos vies d’hommes et de femmes guadeloupéens, antillais, créoles et plus largement caribéens.
Patrick Saint-Eloi ne savait pas chanter sans son âme. Il avait le courage, la folie de se mettre à nu devant des foules immenses sans jamais se départir d’une grande pudeur. Sa sensibilité n’était jamais sensiblerie. Pas de guimauve chez ce magicien de génie mais une tendresse authentique, une Humanité qui coulait, se répandait en nous comme un secret.
Il était notre proche. Chacun de nous a son lien personnel avec l’une ou plusieurs de ses chansons. Feu Jean-Louis Mérault (l’un des plus grands pianistes que la Guadeloupe ait engendré) disait souvent : « S’il nous fallait arrêter un hymne pour la Caraïbe, le choix serait terriblement difficile entre Redemption Song, Café et le West Indies de Patrick… Peut-être nous faudrait-il mélanger les trois ! »
Faisant frissonner chaque orteil de notre âme avec le groupe Kassav, Patrick a fait exploser le Zouk ! Combien de miles parcourus dans le monde pour faire partager notre culture, notre langue et notre musique assumées ? Combien de pistes artistiques explorées, défrichées ? Son art extrêmement difficile, il avait la politesse de nous le faire passer pour simple. Monstre de talent, crooner de ces dames, artiste engagé à ses heures, souvent imité, jamais approché, Patrick Saint-Eloi chérissait cette île-papillon où son lonbwik est enterré.
Le voilà parti virer en Guinée… Quand nous aurons ravalé la tristesse, il nous restera sa musique et son cri comme sillons. Avec lui, la Guadeloupe toute entière perd un intime.
Mèsi on pil, ti-mal. Lonnè èk Rèspé.
Dominique DOMIQUIN – Fort-de-France, le 18 Septembre 2010
Voir la biographie et la discographie de PSE sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Saint-%C3%89loi

2 Commentaires

  1. Dominique MB

    Longue vie à « Tous créoles ».
    Le site est sympa et les infos diversifiées.
    Dominique MB

  2. Sony

    Les légendes ne meurent jamais…
    elles arrêtent simplement de vivre.
    Repose en paix.

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