Blog

« Case départ » : une belle arrivée !

Plusieurs membres du Conseil d’administration de notre association ont choisi d’aller en groupe assister à une projection à la Martinique du film « Case départ », afin de pouvoir échanger entre eux leurs impressions sur ce long-métrage tourné sur fond d’esclavage, qui a suscité un début de polémique purement antillo-antillaise.
De et avec les humoristes Fabrice ÉBOUÉ et Thomas NGIJOL, « Case départ » se révèle tout d’abord être une œuvre très professionnelle, aussi bien dans le jeu des acteurs que dans sa réalisation. Le montage est également de qualité, bien rythmé, et présente très peu de longueurs, le spectateur étant en permanence mobilisé par les anachronismes de situation. Disons que nous lui attribuons bien volontiers une bonne note « technique » (avis d’amateurs).
Le scénario met en scène deux demi-frères d’origine antillaise, Joël et Régis, qui vivent en métropole et n’ont rien de commun que leur père volage, qui leur laisse en guise d’héritage l’acte d’affranchissement de leur ancêtre esclave ; alors que, dépités, ils déchirent le document, une vieille tante leur jette un sort qui les propulse en 1760, au cœur d’une plantation martiniquaise de cannes à sucre. S’ensuit une série d’aventures désopilantes au cours desquelles, esclaves rebaptisés par leur maître Gaspard et Gédéon, ils sont en quelque sorte ramenés progressivement vers la réalité de l »époque. Une histoire morale, qui décrit bien l’horreur de l’esclavage, et qui traite de ce sujet grave avec intelligence, finesse et humour. De savoureux clins d’œil émaillent le film, à l’image du petit blanc Victor (sic) qui rejette l’esclavage et contribue à l’affranchissement de nos aventuriers, constituant ainsi une note d’espoir pour l’avenir.
La question a été souvent posée de savoir si l’on pouvait rire de tout, et en particulier de cette sombre période, de ce crime contre l’humanité que constitue la traite négrière. Le film « La vie est belle » de Roberto BENIGNI a démontré il y a déjà quelques années que le talent permettait de combiner rire et émotion avec comme toile de fond la Shoah, l’un des grands drames de l’histoire de l’humanité. Plus près de nous dans le temps et l’espace, les réalisateurs Fabrice ÉBOUÉ, Thomas NGIJOL et Lionel STEKETEE ont su à leur tour avec habileté mêler humour et émotion dans « Case départ », pour créer une fresque explorant avec équilibre et honnêteté tous les aspects douloureux de l’esclavage aux Antilles. De ce fait, le film peut constituer un outil pédagogique efficace, qui fait passer de nombreux messages, non seulement sur notre passé, mais aussi sur des sujets actuels brûlants et délicats.
En substance, nous n’y avons vu que deux humoristes-comédiens porteurs d’un message accessible dans les termes de notre 21e siècle, qui n’ont caricaturé avec talent qu’eux-mêmes, ne se sont amusés que de nos actuels travers et de ceux de cette diaspora afro-antillaise de la deuxième génération en France, avec une  toile de fond sur laquelle la dignité et la gravité du sujet portant la trame du film étaient strictement respectées. Les deux larrons ne se moquent, avec lourdeur ou subtilité,  que d’eux-mêmes et jamais des personnages d’esclaves mis en scène, jusqu’au moindre figurant. Les nombreux rires entendus dans la salle étaient là pour prouver que le Martiniquais, avec son bon sens populaire et dans sa diversité, sait faire la part des choses sur sa réalité et la douleur de son Histoire, sans que quiconque ne lui dicte ses sorties cinéphiles.
À l’arrivée, un film de bonne facture, d’un ton juste, qui nous a procuré un excellent moment, et que nous vous invitons à aller voir. Vous comprendrez alors par vous-mêmes que c’est un bien mauvais procès que certains ont voulu intenter aux acteurs-réalisateurs de talent de ce long-métrage. En conclusion, rappelons cette exclamation de Thomas NGIJOL : « Je n’ai aucun souci avec les Noirs ni avec les Blancs, juste avec les cons ! ».

Thomas NGIJOL et Fabrice ÉBOUÉ

http://www.laststreaming.com/film-case-depart-streaming

1 Commentaire

  1. Céline

    Je suis allée voir ce film et franchement il est juste comique, la salle était pleine et les gens applaudissaient. Je pensait que la polémique aurait retenu toutes ces personnes alors qu’en fait elles se faisaient un point d’honneur a montrer leur enthousiasme.
    La profondeur des souffrances actuelles ne sont pas pour autant effacées. L’esclavage y est peu traité puisqu’en réalité le sujet porte sur l’importance d’en être sorti et le respect du à ceux qui se sont battus pour cela.
    D’autre part les Békés y sont ridiculisés, grotesques, physiquement laids et d’un racisme puant qui les rend juste CONS. Ils ne sont pas épargnés. la personne, que je ne connaissais pas, de couleur, assise a côté de moi a commenté et rit avec moi puis nous nous sommes serrés la main pour nous dire au revoir. Nous avons passés un excellent moment ensemble.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *