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Maxette OLSSON : “Nous sommes tous Créoles !”

Maxette OLSSON

Voilà un bien sympathique texte reçu de Maxette OLSSON, une souriante Martiniquaise mariée à un Suédois et vivant en Suède, qui chante sa créolité et affirme être créole jusqu’à la pointe de son madras !
Ne m’étant jamais targuée d’être une femme savante, je ne me permettrai jamais d’appeler quiconque créole, puisque créole n’est pas un nom personnel qu’on hèle, mais un adjectif. Un adjectif est un mot qui s’accorde pour exprimer une qualité ou un rapport. Ainsi je répète mon bèlè déjà écrit car tout est déjà écrit.
Kouté pou tann ! Tann pou konpwann
Appartenant à la diaspora, en ce qui me concerne, être véritablement créole bannit tout sectarisme, dogmatisme ou ségrégation. C’est un état multiracial et multiculturel. Oui ! Être créole n’est pas du tout un appel. C’est un état, une intelligence, une spiritualité, un parler, une souffrance, une éducation, une attitude, un proverbe, une histoire, un savoir-vivre, une belle manière, un style, une cuisine, un lévé-fâché, une recette, un manger, une élégance, un son, une tradition, une décoration, une musique, un mariage, une chanson, un art, une nouvelle, une danse, une joie, une débrouillardise, une médecine, une discipline, une case, une courtoisie, une tenue, une sensibilité, une belle parole, une histoire, un instrument de musique, une littérature, une curiosité, une misère, un babiller, une poésie, un conte, un toiser, une boisson, une veillée, une susceptibilité, un bobo, une pensée, un patrimoine, une insolence, une passion, un piqué, une douceur, une chaleur, une générosité, une fête, une fleur, une épice, un diéser, une magie, un commérage, un vêtement, une mode, une étiquette, une conscience, un bijou, … Si-w sé Javèl ou a tiré-y !(Si tu es du Javel, enlève ces vérités établies), est une forte expression créole de la Martinique.
Pour vous dire, que l’on nous appelle créole ou pas, quelque soit notre histoire, que vous soyons Javel ou pas, nous ne pourrons jamais effacer cet état créole, parce que messieurs et dames, jeunes comme vieux, sachez qu’être créole est un esprit créatif en spontanéité existentielle qui transcende toutes les causes ! C’est un don ! Quand on a un don, il faut être donnant. C’est l’interaction forte du don. Transmettre ne serait-ce qu’à une seule personne le bien-être créole est ma mission de gratitude d’être consciente de cet état d’esprit.
Encore une fois, je ne suis pas du tout colorée en noir par des couillonnaderies. Je n’écris pas pour être connue, mais pour apprendre à me connaître. En écrivant, j’ai capté qu’il est plus facile d’être connue que de se connaître soi-même. Je ne lis pas pour m’évader, mais pour apprendre à vivre Ô présent. En lisant, je retiens l’extra de mon ordinaire. Je ne parle pas pour avoir raison, mais dans la seule intention d’exprimer cet incessant dialogue intérieur. Étant une outsider exilée, je n’ai jamais eu l’ambition d’appartenir à l’intelligentsia, à un club culturel ou à une congrégation religieuse, quel qu’il soit. Et je ne perds pas le nord. J’habite au Nord. Je suis tout simplement une Négresse Créole lucide d’être descendante d’esclaves, ces nègres et négresses auxquels les négriers blancs, parfois aidés de leurs comparses noirs, mettaient entre autre une bombe dans le trou des fesses pour les empêcher de marronner. Bonda miné ! est la rengaine. Toute l’histoire créole soit des nègres, des békés, des Syriens, de la présence des ancêtres du Mahatma Gandhi et des ancêtres de Mao est déjà écrite entre autres par Raphaël Confiant, Jean Barnabé, Hector Poullet, Sylviane Telchid, Ernest Pépin, Jala, Jean Sahaï, Jude Duranty, Gisèle Pineau, Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Frankétienne… tous ces maîtres de la Créolité qui donnèrent une nouvelle vision, une nouvelle force et une nouvelle fierté de la langue créole et de l’état créole. Ne serait-ce pas une méchanceté gratuite d’éteindre cette flamme, cette énergie, ce souffle du “Tout-Monde” ?Ne m’appelez pas créole ! On n’appelle pas ce qui est. Je suis divinement Créole, ce qui est parfois interprété comme une superbe. Malgré “Les chaînes dans la (ma) tête”, je suis aujourd’hui mariée à un blanc, tellement blanc qu’il est blond. Pas blond sur la tête avec des poils noirs sous les bras. Non. Un vrai blond partout, avec des yeux bleus. Un homme intègre et digne que j’aime et honore de tout mon être créole. Je vis dans un monde blanc avec des blancs devant-derrière-à-droite-à gauche. Je les respecte, les accepte et les aime tels qu’ils sont. Adaptée à leurs us et coutumes, je suis leurs règles en tout bien tout honneur. Cela s’appelle le pardon et pas celui qui ne guérit pas la bosse, mais celui qui m’aide à récupérer mon pouvoir quotidien afin de me serrer la ceinture, m’attacher la tête et porter ma bosse de Négresse Créole tombée-n’a-jamais-désespéré, en me tenant aussi droite (convenable, correcte) que possible malgré la tentation de courber qui me guette. C’est le kenbé rèd é pa moli. La règle créole du tenir bon malgré tout, puisque je n’ai rien à mollir. Ka-w vlé fè ? (Que faire d’autre ?) est mon soupir de compassion toujours créole. Lavi kout. (La vie est courte.) est ma dynamisation. C’est mon éducation créole !
Je ne peux donc pas être plus humble que cela, en sachant que l’humilité créole signifie reconnaître la Force, la Grâce, le Courage en soi-même dans le “Bondyé bon !” de nos ancêtres, ces esclaves qui se cramponnaient à la vie, même couchés sur des planches à clous, leur anus minés. Affirmer que Dieu est Créole, signifie pour moi que nous sommes tous sans exception des êtres magiques (divins) et aimer signifie pour moi reconnaître cette magie en chacun de nous. La même magie créole qui veut que “Lèspwi kay pli vit ki kò.” L’esprit va plus vite que le corps. Zò tann ! Non, ce n’est pas facile, car afin de capter que votre esprit se déplace plus vite que votre corps, il faut une intelligence lucide. Ainsi, être véritablement créole exige d’être conscient et nous ne pouvons nier que l’inconscience sévit.
Si vous appartenez à ceux qui sont conscients des évènements catastrophiques dans le monde, soient entre autres ce racisme constant, l’empoisonnement de notre planète Terre, le Japon en détresse, l’énergie nucléaire en vadrouille, les guerres en Afrique, au Moyen Orient, en Palestine, la famine, la misère mentale … vous savez donc que choisir de diffuser le bien-être créole n’est donc pas du tout la voie la plus facile. C’est le chemin-chien créole ! La i pann i sèk !
Ce pourquoi le mouvement de la Créolité m’assouvit, m’ “existentialise” et me “Tout-mondialise”. Mesdames et messieurs ! Enfants ! Tous les animaux et la nature ! É tout biten-tout bagay sur la terre, au ciel et ailleurs ! Non ! Ne m’appelez pas créole ! Soyons tous créoles ! C’est-à-dire soyons tous nous-mêmes ! Unis à tous et à tout. Sé nou-menm ki la ! La Créolité ne s’appelle pas, elle est distinguée mais pas emprisonnée. Elle est libre, de cette liberté de se transformer, de se métamorphoser, de se solidariser … et non pas s’aliéner. La Créolité est unique, de cette unicité qui consolide l’unification. La Créolité lève les scellés en scellant l’incommensurable. Li sa défwa !
“De réel, il n’y a que l’imaginaire.” a affirmé Maryse Condé. Visualisons ! Imaginez vous 1, 3 milliard de Chinois en train de regarder le ciel en disant : “Nous sommes tous Créoles !” Et continuons ! Imaginons nous 7 milliards cent millions cent personnes dans le monde qui se regardent les yeux dans les yeux en articulant : “Nous sommes tous Créoles !” Puisque c’est un rêve, introduisons le merveilleux dans l’omnipotence ! C’EST CRÉOLE !
Sé yenkisarépétésa : Que nous le voulons ou non, “Le monde va en état de créolité.” “Nous sommes tous Créoles !” Mèsi !

1 Commentaire

  1. très bon état – le monde et Dieu est le créole!
    la force de l’imagination nous fait avancer

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