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Livie Pierre-Charles a lu « Dialogue Improbable »…

Avec leur ouvrage écrit à deux mains comme s’il s’agissait d’une partition pour piano, Steve FOLA GADET et Emmanuel de REYNAL nous installent dans le fauteuil de spectateurs invités à prendre la mesure des arguments avancés par l’un et l’autre à propos de la cassure sociétale qui affecte les relations interpersonnelles dans notre île.

Cette cassure s’affiche avec une lumineuse évidence entre les deux dialoguistes, tant ils sont différents l’un de l’autre.

Certes, ils appartiennent tous deux à la grande famille humaine universelle. Leur similitude s’arrête là. Car, sur ce minuscule espace insulaire que constitue LA MARTINIQUE, les différences entre eux sont nombreuses et patentes. En voici quelques-unes :

L’un a la peau noire et l’autre, blanche.

L’un est descendant d’esclaves et l’autre, d’esclavagistes.

L’un exerce ses fonctions dans le service public en sa qualité d’universitaire, tandis que l’autre figure en bonne place dans la sphère privée à la tête d’une entreprise, maillon-clé de la chaine économique.

Leurs opinions politiques étant diamétralement opposées, leur rencontre sur ce terrain est plus « qu’improbable ».

Et pourtant, il se sont rencontrés… pour se parler… et se dire quoi au juste ? Quelle est la teneur de leurs multiples conversations (cf Dialogue improbable chez Caraïbéditions) ? Quel évènement en a été le déclencheur ? Quels prolongements peut-on leur prédire ?

Ces deux interlocuteurs ont en commun, il faut le reconnaître, le souci d’analyser la structure et le fonctionnement de notre société, loin de toute connotation partisane ; seule l’objectivité a inspiré leur démarche.

Que constatent-ils donc ? Cette société est structurée en systèmes jalousement protégés par ceux qui en font partie, prêts parfois à l’affrontement.

Ces systèmes pèsent de tout leur poids sur les individus qui peinent à s’en affranchir, victimes d’une véritable entrave à la liberté… la liberté de penser surtout ; la liberté de changer de groupe, ce qui se ramène à un emprisonnement mental et rejette « tout contact humain avec un individu ».

Alors que faire ?

  • « Prendre du recul par rapport au quotidien immédiat » pour mieux comprendre les faits humains, les ressorts qui sous-tendent certaines actions.
  • Analyser les représentations que se donnent certains, au mépris des faits eux-mêmes.
  • Faire la différence entre le réel et les conventions qui trahissent et déforment le réel.
  • Face à cette entreprise de falsification, donner droit de cité, parallèlement, à un vrai devoir de vérité.
  • Traquer les idéologies nocives car « en général elles affirment des dogmes et assènent des vérités simplistes qui ne ressemblent pas à la vraie vie ; elles ne résolvent jamais les problèmes ».

D’un commun accord, les deux auteurs du DIALOGUE IMPROBABLE nous rédigent une ordonnance en vue d’améliorer la santé de notre société : « il faut coopérer ». Cette coopération veut dire : tu as ta part de vérité, j’ai ma part de vérité et puis on trouve des compromis ; l’on construit des coopérations pour arriver ainsi à des terrains d’entente après avoir posé le pour et le contre mutuellement, après avoir échangé les points de vue ». Ce message ne ressemble-t-il pas étrangement à celui de l’Evangile qui préconise « la paix entre les hommes » ?

Cette conclusion à laquelle sont parvenus deux auteurs (Steve FOLA GADET et Emmanuel de REYNAL), si différents au regard de leur ascendance, leur profession, leur pigmentation etc. … etc. marque, à n’en pas douter une véritable naissance et un nouvel espoir pour notre société née, aux siècles précédents dans les affres d’affrontements sanglants.

Ce début du 21ème siècle amorce, semble-t-il avec cette double pensée un nouveau tournant orienté vers un héritage de paix et de compréhension à transmettre à nos enfants.

La prise de conscience étant faite, il reste à aborder la stratégie. La guérison des blessures de notre HISTOIRE est à ce prix.

Il a fallu cette rencontre improbable avec les auteurs pour en découvrir l’utilité et la faisabilité.

Enfin, il reste à noter que si les deux auteurs de l’ouvrage, nonobstant leurs multiples différences, en sont arrivés à des conclusions convergentes, c’est qu’ils ont touché du doigt la même vérité, celle d’une société dont les fractures remontent à la nuit des temps. Elles sont aujourd’hui démasquées par des esprits soucieux de cultiver une forme de liberté qui s’impose à nos jours, à savoir : la liberté de PENSER, en dehors des coteries, loin des a priori et des clichés.

Livie PIERRE-CHARLES

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