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La plantation d'un courbaril !

Aimé CESAIRE

Voici le texte historique lu par Aimé CESAIRE le 17 décembre 2001, à l’occasion de la plantation d’un courbaril symbolique à l’habitation Clément, à l’invitation de Bernard HAYOT.
Il est également intéressant de lire ici les propos de Bernard HAYOT qui évoquent cet instant huit ans après, à la lumière des évènements survenus en 2009 aux Antilles.


La plantation d’un courbaril !
Un des plus beaux arbres martiniquais, menacé et sans doute en voie de disparition.
Merci à vous d’essayer de le sauver et d’en rappeler toute l’importance.
Importance réelle, économique sans doute.
Importance sociale, mais à mes yeux, plus encore importance symbolique.
Le courbaril, c’est à dire l’enracinement dans le roc s’il le faut, mais vainqueur grâce à l’entêtement et au vouloir vivre.
Le courbaril : l’appui sur la profondeur du sol pour l’élan médité et patient.
Le courbaril, la démarche lente, mais résolue vers l’avenir.
Ce sont toutes ces valeurs que nous rappelle la cérémonie que vous avez organisée ce matin.
Ce qui est valable pour l’arbre est valable pour l’homme.
Merci de le rappeler à notre communauté, elle aussi en péril.
Mais pourquoi être pessimiste ?
Le courbaril est là pour nous l’interdire.
Avec ses feuilles. Non. Avec sa feuille, une feuille double et pourtant une.
Regardez-la.
Ici la bi-foliation se fait intime et partenariale.
Une particularité botanique sans doute, mais dans laquelle je me permettrai de voir un symbole.
Le symbole de la solidarité indispensable à notre peuple, en cette époque de survie.
Aimé CESAIRE
François, le 17 décembre 2001
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Tribune de Bernard HAYOT publiée par France-Antilles le 17 février 2009, faisant référence à la plantation de ce Courbaril

Bernard HAYOT

« Si depuis que l’émission de Canal+ a été diffusée j’ai gardé le silence, ce n’est pas par hasard. Il m’a simplement fallu tout ce temps pour absorber le choc et le trouble créés en moi.
Quelle blessure pour la communauté martiniquaise dans son ensemble. Les propos d’Alain Huygues-Despointes sont inacceptables et je les condamne totalement.
Depuis les années 1960 avec de nombreux compagnons de route, Martiniquais de toutes origines, dans différentes instances, je me suis engagé avec enthousiasme et conviction dans des actions qui avaient pour objectif de rapprocher les différentes communautés de la société martiniquaise. Aucun d’entre nous n’était le porte-parole officiel de sa communauté, mais chacun d’entre nous était conscient de ses responsabilités.
Plus tard, j’ai créé la Fondation Clément. Ce n’est pas un hasard si cette Fondation entièrement financée par mon groupe d’entreprises ne porte pas mon nom.
À travers cette Fondation, j’ai choisi de perpétuer le nom d’une grande famille de ce pays, symbole d’une belle réussite aussi bien sociale que professionnelle. Clément, un nom dont la Martinique, comme moi-même sommes fiers.
Ce n’est pas non plus un hasard, si l’homme qui symbolise le mieux la conscience martiniquaise, Aimé Césaire, a accepté de venir en compagnie de Camille Darsières planter à l’Habitation Clément l’arbre de la Fraternité. Quel symbole et quel honneur.
L’homme que je suis, Béké certes, mais Martiniquais d’abord, a toujours été hautement conscient de l’importance du rôle de chacun dans le dialogue et la compréhension entre nos différentes communautés.
La secousse que nous vivons aujourd’hui est un appel à redoubler d’efforts. Tous ensemble et moi le premier, nous devons, dans un élan de fraternité, tout faire pour que notre société martiniquaise devienne en profondeur une société respectueuse de chacun, enrichie de ses différences, confortée dans sa capacité à vivre ensemble. »
Bernard HAYOT

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