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La couleur des sentiments

Nous vous invitons à aller voir sans plus attendre à Madiana un film exceptionnel, « La couleur des sentiments », qui ne peut que nous interpeller et nous émouvoir, nous les Créoles des Antilles.
Francis LAPIERRE, directeur de la programmation du Circuit ÉLIZÉ, a accepté d’en brosser ci-après pour nous une description d’autant plus pertinente, que la situation des « bonnes » américaines évoquée dans ce film n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé chez nous.

Amérique des années 60. On y assassine JFK, Martin Luther King fait un rêve et Rosa PARKS de la résistance. Pendant ce temps à Jackson, Mississipi, les bonnes noires élèvent les enfants de leurs patronnes blanches et rêvent, elles aussi, d’obtenir un peu de dignité, de considération, là où elles ne récoltent que brimades et mépris.
Cette situation, en pleine ségrégation et apartheid version US, est au coeur du film « La couleur des sentiments ». Certes, il s’agit d’une époque révolue ou presque, certes cela se passe aux États-Unis d’Amérique, mais cette magnifique histoire a, par bien des côtés, des résonances dans l’histoire, pas si lointaine que cela , de notre petit, mais beau, pays.
Dans les mêmes années 60, alors que la société martiniquaise était divisée en groupes sociaux bien distincts, les békés, les mulâtres, les noirs, les indiens dits coolies, et que toute alliance transversale était qualifiée de mésalliance, les « da », en général femmes noires, élevaient les enfants des békés et des mulâtres, faisaient partie de la famille, et étaient de véritables mères de substitution.
Certes cette époque est, elle aussi, révolue, mais il existait alors un lien social très fort. Aujourd’hui, les groupes sociaux ne sont plus autant différenciés, même si de gros efforts restent à faire, et la leçon de ce film nous renvoie inévitablement une image de devenir qui se doit d’être commun à tous, dans la meilleure des fraternités possible, et dans l’effort partagé.
Dans « La couleur des sentiments » les femmes noires gagnent en dignité avec l’aide d’une blanche, d’autres patronnes prennent conscience de la négativité de leur attitude. C’est la fin d’une sombre époque par la prise de conscience collective. C’est un bel exemple à suivre, de savoir que ce ne sera jamais de la haine que naîtra la concorde. C’est aussi un beau défi à relever… tous ensemble.
Francis LAPIERRE
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madiana.com

6 Commentaires

  1. D. ROGERS

    très beau film en effet, qui donne de belles réponses à des questions toujours brûlantes. belles discussions

  2. Ninette

    J’ai vu ce film à Paris. Exceptionnel. Beau sujet de débat pour tous créoles.
    Amitiés
    Ninette 

  3. Yvon

    C’est un film très émouvant.
    J’ai surtout été frappé par l’attachement de l’enfant à sa bonne (que nous appelions la Da) qu’elle considérait d’ailleurs comme sa maman. Ce fut aussi le cas de la journaliste. En revanche les mères de famille, perdues dans leurs mondanités, étaient complètement coupées de leur enfant.
    Cela montre qu’à la naissance, l’être humain est pur de toute souillure. Il faudrait le rappeler aux ennemis de « tous Créoles ». Amitiés,
    Yvon

  4. Témoin

    Ce très beau film, fort bien réalisé et porté par des acteurs de talent, traite en fait d’un sujet qui nous est proche : les bonnes.
    Dans les années 1955/1970 à la Martinique, ce personnel domestique était employé tout d’abord par les familles des Blancs créoles, puis ensuite par des familles bourgeoises de Mulâtres et de Noirs.
    Généralement sous-payées, les bonnes travaillaient de 6h du matin à 22h, du lundi au dimanche midi.
    Certaines d’entre elles, après de longues années de service, accédaient au rang de « Da », et bénéficiaient de l’affection sincère des familles, dont elles assuraient l’éducation des enfants.
    Le film « La couleur des sentiments » retrace très bien cette histoire, certes aux Etats-Unis, mais qui se rapproche beaucoup de la nôtre. Une période révolue, mais que l’on retrouve avec émotion.
    (Vieux) Témoin

  5. Emmanuel

    Le résumé que je tire de ce film : le racisme c’est soit une question de bêtise, soit une question de manque de courage.

  6. TaniaFST

    Victoria Spencer a obtenu l’oscar du meilleur second rôle féminin 2012 pour ce film. Premiere actrice noire à obtenir ce titre, avec de gros efforts avoués pour avoir son accent créole dans le film (en V.O. of course ;-), car le sien serait plutôt new-yorkais, il me semble…
    A bientôt
    TaniaFST

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