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Kytangomingo Ema Phase II : pari gagné !

La grande kanawa «Akayouman»

Kytangomingo Ema Phase II : c’est sous ce vocable amérindien que l’association « Karisko » réussissait son stupéfiant pari de relier à la rame, à bord d’une reproduction fidèle des pirogues caraïbes primitives, l’île de la Grenade à celle de la Martinique !
Le dimanche 9 mai 2010 partait de Fort-de-France l’expédition « Kytangomingo Ema Phase II » vers la Grenade.  L’équipe multinationale d’une trentaine de « kanawakis », dont une quinzaine participants d’un chantier d’insertion Karisko-Insert, a relevé le défi d’une traversée d’île en île d’environ 270 Km, à bord de la grande kanawa «Akayouman».
Créée par notre ami et membre de « Tous Créoles ! » l’humaniste martiniquais Marcel RAPON, l’association Karisko a longuement peaufiné son projet « Kytangomingo Ema » qui veut contribuer au rapprochement des hommes et des peuples, notamment de la Caraïbe, et rouvrir les routes maritimes millénaires des Amérindiens. Ce projet est une expérience humaine et scientifique unique, dont la valeur didactique est très forte, tant pour le public que pour les participants ou encore pour les chercheurs.
270 Km à la rame...

Le départ de la Martinique se faisait dans le cadre de « La Fête de l’Europe » sur le Malecon de Fort-de-France, le dimanche 9 mai 2010. Pour cette manifestation, Karisko organisait les Jeux « Banaré » et « Doucin’ Kanawa» (balades en pirogue) de 10 à 13h.
L’équipe était accueillie chalereusement à Grenade le lundi 10 mai par l’Alliance française, et Karisko à participé le lendemain à une émission TV de la chaine publique Grenadienne GIS.  Des écoles de Grenade ont visité la kanawa dans la Marina de St. George. Mardi après midi l’archéologue Benoît BERARD a pu donner une conférence sur le projet « Kytangomingo Ema 2″, et plus largement sur les aspects culturel, scientifique, sportif et social de la pratique de la kanawa.
Le mercredi 12 mai la kanawa est partie pour Cariacou dans des conditions de mer très difficiles. L’équipe à dû faire un arrêt après environ 6h de navigation, sur une petite île entre la Grenade et Cariacou.  Cette difficulté a en fait été une avancée scientifique, dans la mesure où, selon Benoît BERARD, les Amérindiens devaient eux aussi faire des haltes sur les îlets. Peut-être que des fouilles permettraient de vérifier cette hypothèse.
Le jeudi 13 mai l’éxpedition arrivait à Union Island, où Karisko a rendu visite à une école pour expliquer le projet aux enfants et donner une petite démonstration de pagayage.
L’aventure s’est terminée comme prévu sur le front de mer du Marin, le samedi 22 mai 2010 dans l’après-midi. Les spectateurs étaient nombreux pour célébrer cette aventure humaine au-delà de l’exploit sportif et physique.
La kanawa, pirogue des capitaines amérindiens, est pour Karisko l’emblème de la reconquête de notre passé amérindien. Cette reconquête vise à construire un sentiment commun unissant toute la Caraïbe insulaire et au-delà, dans la Grande Caraïbe, avec tous ceux qui, dans les Amériques, en Europe et dans le Monde, se reconnaissent dans la recréation d’une identité et d’une culture renouant avec le patrimoine amérindien.
Cet itinéraire de reconquête en est à sa troisième année sur le projet de « Kytangomingo Ema » (Le Chemin de nos Ancêtres). « Kytangomingo Ema 2009 », de la Martinique à Antigua, réalisé en Mai 2009, a permis pour d’ouvrir le premier segment de la route du Nord, qui va jusqu’à Porto-Rico.
L’objectif final étant de réussir segment après segment à rouvrir la voie plurimillénaire de la navigation amérindienne du Venezuela à Porto-Rico. Ainsi, « Kytangomingo Ema 2011 » est déjà en préparation .
Toutes les étapes de mise en place du projet ont été des exploits réalisés par des amateurs bénévoles, dont la grande majorité n’avait aucune expérience de la mer et qui se sont engagés sur l’audace du projet, son caractère culturel, sa valeur d’engagement pour la défense du patrimoine environnemental et culturel de la Mer Caraïbe, et son idéal de fraternité active.
Le projet est adossé à une recherche archéologique et anthropologique sur des confirmations d’hypothèse concernant cette navigation précolombienne et sur des programmes précis en termes de récoltes de nouvelles données sur les modes de vie des Amérindiens (plantes médicinales, rites, savoirs techniques) et de leurs routes maritimes. Il est aussi constructeur d’une conscience sociale. Le groupe des kanawakis reflète parfaitement cet objectif par sa composition sociologique qui regroupe chômeurs, universitaires, fonctionnaires, jeunes et plus âgés, femmes et hommes, Martiniquais d’origine, Caraibéens ou sympathisants de la cause, de toutes nationalités.
La kanawa par mer difficile.

L’association Karisko a déposé le dossier d’inscription de la kanawa dans le patrimoine immatériel mondial de l’humanité auprès de l’Unesco.
Liens utiles : www.karisko.com  www.karisko-insert.com

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