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Hommage à Albert JEAN-CHARLES

Après Guy VIEULES il y a quelques semaines, c’est un autre grand Créole martiniquais qui vient de nous quitter : à l’issue d’une maladie douloureuse et handicapante, Albert JEAN-CHARLES s’en est allé à l’âge de 88 ans, entouré de tous les siens. Cet homme exemplaire a connu une trajectoire remarquable, sur tous les plans : militaire, civile, familiale, sportive, économique. Ses obsèques ont été célébrées le 30 juillet dernier en l’église de Bellevue, en présence d’une foule réunissant des personnes issues de tous les groupes composant la communauté créole antillaise. 
La silhouette d’Albert JEAN-CHARLES frappait tous ceux qui le rencontraient : toujours droit et digne, d’une élégance naturelle, son aspect physique semblait traduire son esprit rigoureux et sa droiture. Son regard clair, franc et souriant, adoucissait quelque peu le premier sentiment de froideur qu’il pouvait inspirer. Son extrême courtoisie et son urbanité achevaient de conquérir ses interlocuteurs, qui pour autant ne pouvaient se départir d’un profond sentiment de respect à son égard. 
Il épousera en 1949 Lucienne ÉLIZÉ, sœur de Max ÉLIZÉ, qui lui donnera deux enfants, Raphaël et Katherine (aujourd’hui épouse FLEURY), qui feront de lui un grand-père comblé par plusieurs petits-enfants et arrière-petits-enfants. 

Un pêcheur de haut niveau

 Né le 4 Février 1922, Albert JEAN-CHARLES a conservé jusqu’à 78 ans une activité physique intense : passionné de bateau et de pêche, tennisman accompli, tireur émérite, cavalier confirmé, skieur reconnu, le sport et l’esprit de compétition ont toujours animé cet homme à l’activité débordante. Dans le domaine sportif, Albert JEAN-CHARLES laissera à tous un souvenir inaltérable, notamment comme président du Yacht-club de la Martinique, puis de la Ligue de Voile. 
Interpellé par l’Appel du 18 Juin, Albert JEAN-CHARLES pense à rejoindre les Forces Françaises libres du Général de GAULLE. En 1942 il s’engage dans l’armée, où il rencontre comme instructeur Paul BALTHAZAR, qui deviendra l’un de ses grands amis. Après une campagne militaire brillante qui le conduira notamment en Afrique du Nord, il obtiendra son brevet d’officier de Saint-Cyr. Mais s’insurgeant contre tout acte de racisme et d’injustice, ayant de nombreuses et sérieuses altercations avec ses supérieurs, Albert JEAN-CHARLES, ayant le grade de capitaine, présente sa démission en 1953 , puis regagne la Martinique. Il y deviendra néanmoins vice-président puis président pendant plus d’une dizaine d’années de l’association des Officiers de Réserve.  
Refusant un poste dans les cinémas de son beau-père Maxence ÉLIZÉ, et après la création de petits commerces de pâtisserie à l’enseigne « Milk-Bar», Albert JEAN-CHARLES décide de se lancer dans la librairie, honteux d’avoir constaté, au cours de plusieurs incorporations faites à l’époque où il était officier affecté au fort Desaix, que plus de 50% des recrues martiniquaises apposaient l’empreinte de leur pouce en guise de signature sur les documents officiels. Il connaîtra dans ce secteur une réussite remarquable, devenant le premier groupe antillais de librairie-papeterie sous l’enseigne L.A. (LIBRAIRIE ANTILLAISE), aujourd’hui présidé par Marcel OSENAT, qu’il considérait comme son fils spirituel. Son fils Raphaël dirigeant de son côté les filiales de Guyane. 
La famille JEAN-CHARLES est une de ces grandes familles créoles antillaises, alliée à d’autres maisons tout aussi prestigieuses, telles que les MONNERVILLE, les CHALONO ou encore les DUVAL. 
Lors de la cérémonie religieuse qui s’est déroulée le 30 juillet dernier en l’église de Bellevue, son neveu et filleul très proche de lui, Jean-Max ÉLIZÉ, ainsi que l’un de ses neveux, Roger PARFAIT, ont prononcé avec émotion deux fortes allocutions en sa mémoire, que nous vous proposons de télécharger ici :
Discours de Jean-Max ELIZE pour Albert Jean-Charles
Roger PARFAIT, en mémoire d’Albert JEAN-CHARLES

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