A partir des turbulences sociales, remettons les pendules à l’heure
Livie Pierre-Charles, vice-présidente de Tous Créoles, ne pouvait pas rester insensible face aux événements qui perturbent aujourd’hui la Martinique. Elle nous livre ici son analyse.
Les turbulences sociales actuelles en ont surpris plus d’un, en cette fin d’années où notre ECONOMIE attend un regain d’activités pour se refaire une santé.
Après observation du contenu des images télévisées qui restituent quotidiennement les évènements, l’on ne peut s’empêcher de remarquer que les réactions sont multiples et diversifiées :
- Colère et intransigeance chez les insurgés DESTRUCTEURS
- Étonnement et incompréhension chez certains SPECTATEURS
- Angoisse et peur chez les PRODUCTEURS de biens et de services.
Tous ces sentiments éprouvés par la population sont les révélateurs d’un grand désordre sociétal, né pour l’instant d’une désobéissance administrative (refus de se faire vacciner), laquelle semble héritée de notre douloureux passé, la libération des esclaves reprenant le visage comme le disent certains, de la désobéissance historique qui justifie celle qui frappe le vaccin d’aujourd’hui. Serait-ce une simple question de décalque ??
Alors que faire ?
Un effort d’analyse s’impose et également un effort de compréhension.
Plusieurs pistes méritent d’être explorées.
- La piste historique : comparaison entre hier et aujourd’hui. Le régime de privation des libertés, d’asservissement, d’humiliation et de châtiments corporels existe-t-il encore aujourd’hui ? Si oui, dans quel (s) secteur (s) ?
- La piste démographique : La population Martiniquaise se présente sous la forme d’une mosaïque dont les éléments viennent d’EUROPE, d’AFRIQUE, de l’INDE, de la CHINE etc. … etc…. Ces différentes composantes, ou alors le métissage, seraient-ils un mensonge ou une vue de l’esprit ?
- La piste psychologique, voire psychique : A-t-on eu tort de mettre fin en 1946 au régime de la colonisation par une loi portant dans son principe celui de l’égalité des citoyens et de l’assimilation aux lois françaises ?
Sait-on que ce sont les MARTINIQUAIS eux-mêmes, avec en tête les francs-maçons qui, sous la bannière de SCHOELCHER ont, avec insistance, exigé que cette loi de 1946 leur soit appliquée – conscients du fait qu’ils ont versé leur sang au cours de la Seconde Guerre Mondiale où l’on compte de nombreux engagés volontaires – ? Une manière de se faire respecter en somme.
Les MARTINIQUAIS ont-ils conscience qu’ils ont aujourd’hui un sort bien plus enviable que celui de certains peuples de leur région (ex : HAITI) ?
Le peuple MARTINIQUAIS est-il prêt à éprouver des sentiments positifs, comme la FIERTE d’appartenir à la 5ème puissance du MONDE ; d’être membre à part entière de l’EUROPE, de bénéficier de formation pour sa jeunesse avec un libre accès aux études supérieures ; d’exercer par ses élites les plus hautes fonctions au niveau de l’ETAT :
Gaston MONNERVILLE, président du SENAT,
Henri JEAN- BAPTISTE, ancien de l’E.N.A. et conseiller du président Giscard d’ESTAING.
Cette fierté peut-être encore cultivée et entretenue dans tous les domaines où excellent les MARTINIQUAIS (sport, arts et spectacles, littérature, élégance etc. … etc…).
Cette mise en évidence systématique de l’EXCELLENCE serait le meilleur antidote contre la VICTIMISATION, sentiment négatif puissant qui forme le lit de la rancœur, de la colère et de la haine, autant d’éléments inspirant désordre et turbulences.
Il serait bon que puisse s’opérer une sorte révolution mentale susceptible d’aider à tourner le dos aux problèmes du passé pour résoudre ceux d’aujourd’hui.
C’est cette thèse que défend Alain PEYREFITTE, ancien ministre du Général De GAULLE, dans son ouvrage intitulé : LE MIRACLE EN ECONOMIE (éditions Odile JACOB).
A partir de nombreux exemples, l’auteur s’emploie à souligner les liens étroits existant entre la mentalité des gouvernants et les actions qu’ils conduisent. Autrement dit, il met en évidence, la nécessaire connivence entre l’immatériel et le matériel, entre les idées et les actes.
A partir de là, il est aisé de conclure, comme le fait Alain PEYREFITTE, que les facteurs immatériels tels que lucidité, volontarisme, intelligence, discernement ne pourront générer que des effets matériels positifs. De plus, il nous avertit implicitement que, l’anachronisme ne constitue pas un instrument pertinent de développement. C’est plutôt l’inverse.
Gardons-nous donc de tomber -si nous voulons vivre heureux- dans le piège d’une « rente mémorielle » axée sur l’exploitation de notre douloureux passé, qui ne peut que détruire notre société à plus ou moins brève échéance.
L’heure de la RESILIENCE a sonné.
Livie PIERRE-CHARLES
Gabriel HAYOT
Bravo et merci à cette grande Dame pour son analyse pleine de bon sens
Bien à vous