Père du dictionnaire Le Robert, le célèbre lexicologue Alain REY part en lutte contre les puristes. Il se félicite des métissages de la langue de Molière, et parle du français comme d’une langue créole !
Interview par JEUNE AFRIQUE.
La langue française est-elle en danger ? La question, posée à nouveau avec insistance par divers auteurs ces dernières années, revient régulièrement au premier plan. Et elle conduit toujours deux camps à s’opposer.Le plus fourni, celui des pessimistes, dénonce le déclin du français sur la scène mondiale. Mais aussi la menace que feraient peser sur son usage ceux qui le parlent mal, que ce soit par la faute de l’école, l’apparition de nouvelles façons de communiquer -par exemple les SMS- ou d’autres évolutions, comme, pour certains, l’influence grandissante des créoles ou des pidgins. Ces tenants de la pureté de la langue sont surtout épouvantés par l’essor de l’anglais et plus encore par l’anglicisation du français.
En face, d’autres ont toujours fait valoir que ces inquiétudes étaient souvent sans fondement et toujours largement exagérées. Alain Rey, 81 ans, responsable pendant des décennies des dictionnaires Le Robert – dont il reste le principal conseiller éditorial -, devenu très populaire depuis les années 1990 grâce à ses chroniques radiophoniques sur France Inter, fait résolument partie de ce camp des optimistes. Il est persuadé que la question de la survie de la langue française ne se pose nullement. Et que ceux qui veulent défendre sa prétendue pureté -car cette notion, fantasmatique, ne veut rien dire à ses yeux- ne font que freiner son élan et entraver ses nécessaires évolutions et adaptations. Il se félicite en particulier de toutes les formes de métissage du français, qui l’enrichissent et lui permettent de rester une langue bien vivante.
Défendre le français, affirme Alain Rey en se référant à l’Histoire, c’est donc plus que jamais se ranger du côté de Rabelais ou de Céline. Et non pas de Malherbe ou de Vaugelas, ces auteurs qui avaient peur de la créativité langagière et oubliaient que cette « bonne langue » qu’ils voulaient préserver n’avait pas du tout une origine « pure ». Il le dit dans un livre -son premier véritable essai personnel, publié en 2007 aux éditions Denoël- où il affiche avec fougue, selon le titre même de l’ouvrage, cet amour du français qui le conduit à se méfier de tous les « puristes et autres censeurs de la langue ».
Toujours alerte et combatif, élégant avec ses costumes aussi colorés que son verbe, aimant faire partager ses convictions bien ancrées et fort documentées, c’est sans détour qu’il a répondu à nos questions sur les évolutions passées et actuelles de la langue française, mais aussi sur divers phénomènes linguistiques -le sort des pidgins, l’arabisation…- concernant l’Afrique au sud comme au nord du Sahara.
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