Yves CHÊNE, un Créole d'adoption
Originaire de la ville de Caves dans l’Aude, Yves CHÊNE, récemment disparu à l’âge de 75 ans, était devenu -après tout de même 54 années passées à la Martinique- un véritable Créole dans toute l’acceptation du terme. Un Créole d’adoption, car métropolitain d’origine, mais surtout Créole de cœur, tant sa connaissance de notre île et son amour pour sa culture furent profonds et sans équivoque.
Sa parfaite maîtrise de la langue créole était une preuve, s’il en fallait, de son engagement dans notre créolité.
Il aura été en outre l’un des grands spécialistes du rhum agricole de la Martinique.
Issu d’une famille de sept enfants, Yves CHÊNE est arrivé ici de son Languedoc-Roussillon natal en octobre 1958 à bord du paquebot « Colombie ».
Alors qu’il avait été reçu à un concours de mécanicien dans l’aéronautique à Toulouse, il a fait le choix de venir retrouver sa sœur Monique, épouse du Docteur YOYOTTE exerçant à Trinité.
Très rapidement, Yves CHÊNE s’investira dans les métiers de la canne (rhum-sucre) : dès janvier 1959, il commence à travailler à la Distillerie Hardy à Tartane sous les ordres de Gaston HARDY ; Yves CHÊNE reconnaîtra toute sa vie que c’était une grande chance pour lui comme d’avoir eu comme mentor ce véritable génie de la mécanique industrielle.
De plus, il a été accueilli dans cette famille comme l’un de ses enfants, ce qui lui a permis d’y faire la connaissance de Danièle DORMOY, fille d’André DORMOY, lui-même distillateur, qu’il épouse le 07 décembre 1963 et qui lui donnera trois enfants.
Au vu des compétences de son élève, Gaston HARDY appuyé par Jean SIMONNET (producteur du rhum Saint-Etienne) le recommandent à Jean de LAGUARIGUE, à l’époque directeur de la sucrerie du Galion. Yves CHÊNE y travaillera environ une dizaine d’années, se faisant apprécier de tous les travailleurs.
En 1970, son beau-père André DORMOY lui demande de le rejoindre à la distillerie de La Favorite au Lamentin, qu’il dirigera pendant dix ans. Il accepte ensuite un poste au Centre technique de la Canne et du Sucre (CTCS), où il a donné conseils et formations aux différentes distilleries de la Martinique.
En 1983, Yves CHÊNE est recruté par le groupe MARTINI-ROSSI, alors propriétaire du domaine de Trois-Rivières à Sainte-Luce, comme directeur d’exploitation, responsable de la distillerie, des plantations et de l’élevage. Il y restera jusqu’à son départ à la retraite. Là encore il sut se faire apprécier de tout son personnel, dont de nombreux membres n’ont pas manqué de l’accompagner à sa dernière demeure.
Fort de sa très grande connaissance de la culture de la canne à sucre, du broyage des cannes, de la distillation des jus et du vieillissement du rhum, Yves CHÊNE a été au côté de Jean-Pierre BOURDILLON tout au long de la bataille de 20 ans qui devait aboutir en novembre 1996 à l’obtention de l’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) pour les rhums agricoles de Martinique, donnant à ce produit d’exception ses lettres de noblesse. Cette AOC traduit la typicité du « Rhum agricole Martinique », expression du lien intime entre la production, le terroir et le savoir-faire des hommes, perpétué au fil des générations. Administrateur du CODERUM, Yves CHÊNE a ensuite assuré la présidence du Syndicat de défense de l’Appellation d’origine Rhum agricole Martinique.
Les producteurs de rhum de l’île de la Réunion n’hésitèrent pas à faire appel à lui, durant sa retraite, pour améliorer la qualité de leurs propres produits. En dépit de son profond attachement au rhum agricole de Martinique, Yves CHÊNE gardera toujours un petit faible pour le vin de pays de Fitou, produit dans sa région languedocienne d’origine…
Homme droit, travailleur et technicien accompli passionné par les métiers de la canne et du rhum, Yves CHÊNE sut obtenir respect et considération de la part des hommes de cette profession, qu’ils soient propriétaires de distilleries ou ouvriers d’usine et des champs.
C’était un homme de cœur, à l’écoute des autres, chaleureux et gai, fort en amitié, ayant toujours à la bouche le mot -créole- pour rire.
Monique
Bel hommage qui m’a permis de découvrir le parcours d’Yves.
Monique
Grégory
Bravo pour ce portrait qui reflète exactement le parcours de ce très grand Monsieur .
Grégory
Stephanie
Merci pour ce tres bel article en hommage a Yves chêne. J’avais fait sa connaissance ces dernières années sans véritablement connaitre son parcours professionnel. Triste de sa disparition, pense tres fort a son épouse, femme si gentille et discrète.
jean-pierre Ernoult
cet hommage à yves est fidèle à la realité ; c’etait un homme de grand coeur , qui attirait l’amitié . c’est une grande perte pour toutes ses connaissances . nous pensons à sa famille .
GUINOT ROUFFIGNAC FRANCOISE
Très bel hommage à un homme adorable dont je ne connaissais pas le parcours mais qui m’a beaucoup marquée par sa gentillesse et sa relation touchante de respect avec Danièle, sa courageuse moitié. Il y a des parcours qui resteront à jamais gravé sur cette planète.