Félix ÉBOUÉ, un Créole immense
Fils d’orpailleur, petit-fils d’esclave, le Guyanais Félix ÉBOUÉ aura été un immense Français du XXI° siècle. « Un grand serviteur de l’État qui a donné son visage à ce qu’il y a de meilleur dans notre République« , selon les propos du président Nicolas SARKOZY inaugurant samedi 21 janvier 2012 un monument au « Gouverneur général Félix ÉBOUÉ » à l’aéroport de Cayenne-Matoury qui porte désormais son nom, au lieu de celui de ROCHAMBEAU.
En savoir plus : http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/01/21/la-guyane-retrouve-la-memoire-en-changeant-le-nom-de-l-aeroport_1632863_823448.html
Paradoxalement, les ultramarins connaissent relativement mal ce grand homme, que nous vous invitons à découvrir ci-après.
Né à Cayenne le 26 décembre1884, Félix ÉBOUÉ a marqué de son empreinte l’histoire des anciennes colonies françaises et des peuples noirs, pour l’émancipation desquels il a beaucoup oeuvré. Il fut un grand humaniste, membre de la SFIO et franc-maçon.
Sa carrière d’administrateur colonial fut riche et variée :
– Secrétaire général de la Martinique de juillet 1933 à janvier 1934,
– Gouverneur de la Guadeloupe en 1936, c’est le premier Noir à accéder à un grade aussi élevé ; il avait adressé aux jeunes de ce pays le fameux « Jouez le jeu » traduisant une pensée rigoureuse, mais aussi généreuse et formatrice : http://www.touscreoles.fr/2009/05/27/jouer-le-jeu-une-belle-pensee-de-felix-eboue/
– Gouverneur de l’Oubangui-Charri (Aujourd’hui Centrafrique).
– Gouverneur du Tchad en 1938.
– Gouverneur Général de l’Afrique équatoriale française en 1940.
Il aura ainsi passé vingt années de service en Afrique, qui lui ont permis de donner sa mesure et de révéler ses qualités d’administrateur.
Ralliant le général de GAULLE en juin 1940, il donnera « le signal du redressement de l’Empire tout entier » et une légitimité politique à la France libre, jusqu’alors dépourvue de tout territoire. Félix ÉBOUÉ a contribué de manière décisive à la restauration de l’honneur et de la dignité de la France, et représenté implicitement la Guyane, de manière éclatante, au sein de la Résistance.
La Nation toute entière lui a rendu hommage et manifesté sa reconnaissance, en faisant reposer ses cendres au Panthéon de Paris le 20 mai 1949, en compagnie de Victor SCHOELCHER.
Profondément imprégné des valeurs humanistes et républicaines, Félix ÉBOUÉ était un homme d’ordre, d’ouverture, de culture, de droiture, héritage de ses parents, purs produits du terroir créole guyanais. Sa mère, qu’on surnommait « Man-lie » était une catholique fervente et avait la réputation d’avoir une connaissance profonde des coutumes créoles qu’elle légua à ses enfants pour qu’ils aient un bon souvenir de Cayenne.
Avec Nelson MANDELA, le pasteur Martin Luther KING, et tout récemment Barack OBAMA, Félix ÉBOUÉ appartient au club très fermé des personnalités de la Diversité qui ont contribué à l’enrichissement des valeurs de l’humanité toute entière.
Parti se reposer en Égypte, il y meurt d’une congestion cérébrale le 17 mai 1944. En 1946 fut inauguré sur la place des Palmistes à Cayenne un imposant monument comportant une statue de bronze à son effigie. Les inscriptions qui figurent sous la statue de Félix ÉBOUÉ sont d’André MALRAUX, d’après l’épitaphe de Simonide la Bataille des Thermopyles (-480) :
- « Étranger, va dire à Lacédémone que ceux qui sont morts ici sont tombés sous sa loi.
- Passant, va dire aux Enfants de notre Pays : de ce qui fut le visage désespéré de la France, les yeux de l’homme qui repose ici, n’ont jamais reflété que les traits du courage et de la liberté. »
Aujourd’hui, l’aéroport « Cayenne-Félix-ÉBOUÉ », porte de la Guyane, rappellera en permanence au monde entier qu’un jour, ce territoire a donné naissance à un personnage créole au destin exceptionnel.
En savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9lix_%C3%89bou%C3%A9