Identité, conscience collective et créolité
Si les concepts d’identité créole et de conscience collective paraissent provocateurs voire utopiques à certains, c’est qu’ils ne sont simplement que novateurs. Ça dérange un conformisme ambiant qui refuse toute remise en question. Une attitude que l’on retrouve à tous points de l’échiquier ethnique martiniquais.
Allons plus en avant avec Eric HERSILIE-HELOISE :
Considérons un carrefour où aboutit un nombre « x » de routes. Le carrefour, c’est nous, c’est notre histoire insulaire -il est fondamental de comprendre le concept de l’insularité, sur la perception du monde ; il explique que nous ayons des approches des choses si différentes d’avec les Guyanais continentaux- c’est notre identité ; les routes étant les différentes ethnies qui sont arrivées ici au fil des siècles et qui s’y sont installées. Et adaptées au milieu et aux autres ethnies ; jusqu’à former un tout plus ou moins harmonieux, mais obligatoirement évolutif, qu’on appelle « créolité ». Un miracle ou une malédiction, selon le côté où l’on se place ; car aucune des ethnies qui se sont installées ici n’en est ressortie indemne : elles ont toutes été créolisées.
La créolité c’est cette alchimie qui s’est faite entre un milieu, une histoire et surtout un nombre déterminé d’ethnies interférant les unes sur les autres.C’est ainsi qu’aujourd’hui un Nègre ne peut valablement se dire Africain ; ni un Béké Normand ou Breton ; ni un couli Indien. Nous avons une identité collective créole. Néanmoins n’étant pas des corps solubles, mais des hommes, à cette identité collective se greffent des pics spécifiques ethniques : pour certains il s’agira d’indianité avec festins indiens, pour d’autres, de négritude et l’on valorisera des danses comme le danmyé, etc. Le plus important dans tout ce processus est la tolérance. Cet autre, coolie, syrien, béké, chinois est un élément constitutif de notre être. Vouloir faire abstraction de l’autre, revient à se priver d’une partie de soi. Ainsi, le béké est un blanc « négrifié », qu’il le veuille ou non. Et ainsi de suite. Le Martiniquais est tout sauf une race : c’est une histoire, un territoire, une culture (créole), mais pas comme en Afrique et ou en Europe, une race. Sans oublier le territoire : ce bout de terre au milieu de l’océan qui fait que nous sommes condamnés à vivre ensemble, se comprendre et s’accepter.
Maintenant que nous avons survolé les constituants objectifs de ce que nous sommes arrive le fait humain : est-il conscient ou pas de ce qu’il est. Problème vieux comme le monde, puisque dans la Bible on trouve ces deux préceptes : « CONNAIS-TOI TOI-MÊME et DEVIENS QUI TU ES ». C’est cette conscience de soi, dans le processus de la créolité qui donne la conscience collective. Et surtout parfait le concept de Pays.
Le terme de pays n’a rien de révolutionnaire, ni indépendantiste, sinon la France hexagonale frémirait en prononçant « Pays d’Arles » ! Bien au contraire, c’est une donnée mise en évidence par le professeur de droit constitutionnel Maurice DUVERGER. Concept répondant à des critères exclusifs : un territoire, une histoire, une population, une langue et un vouloir vivre ensemble, du fait de cette conscience collective de l’identité. Le fait nouveau réside dans cette prise de conscience : nous sommes créoles, ce qui veut dire tout sauf une race. Dur à admettre pour certains qui vivaient par procuration (Mama Afrika, inde mythique, Normandie imaginaire). Certains vivent avec leur temps, d’autres ont du mal et certains restent bloqués sur un conformisme antédiluvien. Voici la période que nous vivons actuellement.
Eric HERSILIE-HELOISE
Nathalie M
Je suis Noire. Voilà, c’est dit. Veuillez excuser la brutalité de cette entrée en matière, mais ce nouveau « statut social » qui m’a été gracieusement accordé par les penseurs métaphysiques du CRAN et autres associés se doit d’être fièrement exhibé dès le départ. C’est eux qui me l’ont dit.
Et si je consens à m’inscrire pour commencer dans la pensée de la communauté « Noire», c’est que selon eux, en disant cela, TOUT serait ainsi dit sur moi. Et pourtant….
Voilà belle lurette que j’espérais l’existence d’une association comme "Tous Créoles".
Ce que je voulais exprimer, maladroitement, c’est que je m’intéressais à cette réflexion, ces idées. Votre excellent site regorge de témoignages pertinents, justes, sincères, profondément authentiques, et surtout d’une cohérence qui finissent par me rassurer – je pensais être une marginale !
Alors à tous ceux qui crient au scandale, à l’assignation à résidence mélanique, je tiens tout simplement, très sincèrement, modestement, à l’instar de Pascal, à vous dire que jamais je ne m’étais senti respectée à ce point. Tout est juste dans ce que vous laissez à lire dans les réactions et touche une certaine forme de vérité. Elle me touche, d’autant plus que ceux qui disent penser à moi (pour moi ?) ne font qu’enfanter une idéologie exclusivement orientée vers des intérêts économiques qui, s’ils venaient à disparaître, mettraient bien mal en point leur "Colored people friendly attitude" !
Je voudrais vous répéter, si besoin était, que nous sommes bien plus nombreux que vous ne l’imaginez encore à vomir cette "communauté" par sa simple condition de communauté.
Son projet immonde, pervers, tend à faire passer une particularité qui relève de la biologie, au rang de statut social tout en ignorant l’élément anthropologique, la capacité à construire ses références, sa culture.
A la question, « Que faites-vous dans la vie ? », on ne répondra bientôt plus que par : « Je suis Noir ! ».
La négrophobie ? Je me marre ! Elle n’existe pas plus que la "Nation nègre", ou disons pour être plus juste qu’elle existe sur le même mode que le Noirisme : elle n’est qu’un symptôme. Le besoin d’être reconnu alors que nous sommes issus d’une culture que peu d’hexagonaux connaissent, enfermés dans une vision du monde bipolaire : l’Afrocentrisme ou l’Eurocentrisme.
Il n’y a qu’à regarder tous ces Noiristes à la mode qui passent leur temps à ne parler des Noirs d’Outre-mer qu’au travers de la période esclavagiste. Mais décrivant un esclavage vu dans la série Américaine "Racines".
Certes, l’esclavage fut un moment douloureux de l’histoire de la création de nos départements et territoires.Mais l’accoller aux pratiques des Etats-Unis, est faire preuve d’une grande ignorance de l’histoire de nos territoires, où l’esclavage ne s’est pas déroulé de la même façon. Où la population française d’Amérique ne s’est pas du tout développée sur le mode ségrégationniste en vogue aux Etats-Unis.
Convient -il alors de réclamer la reconnaissance de nos particularismes, ou de chercher une reconnaissance aux yeux de l’ignorant, en s’acollant artificiellement des valeurs qui sont étrangères à nos parents et grands parents, mais que notre voisin de palier aurait "vu à la télé" ?
Le Noiriste n’aime pas les Antillais, puisqu’ils représentent tout ce qu’il n’a pas réussi à incarner, par crainte, par injonction matriarcale, par lâcheté. Il n’aime pas les Noirs non plus. Il n’aime que lui.
Le Noirisme est avant tout une Noirauphilie, mieux, une autophilie. Un narcissisme de plus, c’est tout.
Quelle aubaine pour les tenants du libéralisme économique, puisque c’est dans la société marchande égocentrique que les Noiristes pensent trouver leur salut, leur rédemption.
A défaut de mettre en valeur une culture peu connue aux yeux mon voisin, je vais acheter et tenter de devenir pour lui une figure familière ! Rien d’étonnant à ce qu’il existe une mode "Black" : un style de vie erratique, un tempérament instable, excessif et brouillon, velléitaire et superficiel ne peuvent que séduire l’économie de marché qui sait bien qu’elle a tout à y gagner, en commercialisant des casquettes Nike !
Quand comprendront-ils que l’injonction actuelle du Black (commercialement s’entend) et fier, n’est qu’une stratégie supplémentaire pour les faire entrer insidieusement dans le moule de la consommation à tout-va ?
On peut être Noir de nos jours et ne pas aimer le Rap,
on peut être encore Noir et tenir à sa culture et ne pas considérer que l’argot jamaïcain fasse partie de notre langue maternelle,
certes,
mais il y a aurait tout de même certains critères à respecter pour cela : si tu es vieux, ou pire encore malheureux, tu n’as plus qu’à te jeter par la fenêtre !
Noir et malheureux, Noir et pas FIER de l’être, Noir et pas JEUNE des quartiers ?
C’est ça aujourd’hui, la honte absolue, ou tout du moins, la suspicion la plus grave !
Vous savez comment on me traite quand je parle à quelques-uns de ces Noiristes « so pride » de mes réserves quant au bonheur aujourd’hui ???
De vieille ! On me traite de vieille ! Ca en dit long, non ?
L’insulte suprême, c’est la vieillesse …
Le Noir est un Jeune. Toujours à écouter de la musique à exploser les tympans, un grand enfant rieur et un peu fainéant …
Mais qui a le sang chaud, dès qu’il s’agit de revendiquer contre sa condition de ghetto man de Harlem,
Tout en revendiquant ces seuls aspects de sa "personnalité", il voudrait que lui soit offert le mandat de Directeur général de la banque HSBC !
Misère …
Je le confesse, oui, je suis juste noire et j’essaie juste de vivre avec, en tâchant de construire ma vie en fonction de l’éducation reçue par mes parents et de mes rencontres, et en éssayant d’être respectueuse vis-à-vis de moi-même.
M’affirmer en sachant que, l’histoire de ma famille s’est faite selon des valeurs et des évènements ignorés du grand public hexagonal, et prête à les faire connaître à qui veut et m’asseoir sur l’ignorance de ceux qui ne veulent pas, pour ne pas abîmer les autres et ne pas m’abîmer tout court. c’est tout. c’est simple finalement.
Tout cela ne me semble pas incompatible avec un peu de lucidité et d’honnêteté sur ma propre condition.
Moi qui pensais, comme une idiote, que ma possibilité de dépasser, de transcender cette dictature de l’apparence résidait dans le projet républicain, dans le statut de citoyen qui ne fait plus de l’Autre mon ennemi, mais celui dont j’ai besoin pour exister intérieurement, comme vis-à-vis.
Le seul projet d’épanouissement qui ne soit pas délétère aux Noiristes est celui de la rencontre avec l’altérité par le projet du politique. Mais cela a un prix : l’enfermement et la négation de l’hétérogènéité des histoires collectives et individuelles.
De plus, comment se regarder en face, lorsque l’on réduit les individus à des valeurs ou des tares qui seraient inscrites dans les gênes ?
Dès que l’on parle Outre-mer, les Noiristes parlent d’esclavage avec un système très basique : les Noirs sont des esclaves dans le sang, les Blancs sont des esclavagistes dans le sang … Suffit de regarder "Racines I et II"
Mais en allant (paradoxalement, plus loin alors que c’est chez nous) l’histoire des Antilles, comment se ranger quand on sait que des Noirs affranchis aux Antilles, avaient aussi des esclaves, Toussaint Louverture lui-même en est un exemple.
Tous les Antillais blancs comme Noirs, sauf ceux arrivés à l’abolition sur nos territoires, seraient de vils esclavagistes ?
comment se ranger quand dans une même famille, certains seraient typés très Européens et d’autres typés très négroïdes, sachant qu’ils partagent les mêmes ancêtres ?
Car si le Noiriste est resté bloqué en phase anale (merci docteur Freud !), il éprouve encore bien du mal à regarder dans ses propres déjections…Question de confort personnel !
Les Créoles doivent accepter cette évidence. Il n’est qu’un point, le point unique de jonction entre les deux grands cercles de notre histoire. Il est bien là c’est vrai, on peut le voir, le localiser, pourquoi pas le dénicher, mais comme tout point, il n’a ni profondeur, ni hauteur, ni largeur, ni superficie. Tout cela, ça se construit ailleurs, en dehors des chromosomes sortit au hasard de l’aventure biologique en caractère dominant ou non.
Alors continuez de chercher à démasquer l’effroyable imposture à l’œuvre en ce moment. Le travail que vous engagez ne peut être laissé en suspens. Je vous fais pleinement confiance pour savoir que vous tenterez de le mener aussi loin que possible. C’est une question de survit de notre culture !
Merci donc pour finir, merci pour tout. De se sentir respectée à ce point, sans calcul, sans stratégie machiavélique de la part de l’autre, sans intérêt à extorquer à plus ou moins long terme, avec la seule intention de laisser parler ceux à qui on demande toujours de se taire, c’est ça que j’appelle le politique au sens noble du terme.
danielle
bonjour, allez vous prendre part au combat de lassaupamar pour desenclaver l’acces des plages pour tous, et approuver le combat du chlordeconne meme les grand plateurs ont tires profits,,, quel est le point de vue des bekes sur l’articles 73 et 74 en tant que martiniquais merci de me repondre
Le saintois
Félicitations !
Ce que j’admire dans la nature humaine, c’est sa capacité à changer. Tout ceci est trés positif. Nous sommes en pleine création qui nous conduira ; je prends le risque de le penser et le croire ; à notre avenir qui nous a trop attendu.
Mais, pourquoi maintemant ?
Et surtout, pourquoi aprés ces mouvements en février, en Guadeloupe et en Martinique ?
Désolé, mais, mon esprit critique me pousse à m’interoger sur l’éventualité d’une manipulation, d’une opération de marketing, d’une riposte d’une minorité de la population martiniquaise, qui a toujours pensé tout controler avec le pouvoir de l’argent. C’était sans compter avec cette invention merveilleuse, "la créolité", que seule l’histoire sait inventer et qui a trouvé un terreau fertile dans la mondialisation.
Alors, attention Messieurs !
Tous les GRANDES et GRANDS de ce monde ont été sincères, honnêtes et visionnaires !
Je suis guadeloupéen et "créole" de sang et de coeur.
Ne jouer pas avec une soif de vivre libre de toute oppression que nous les misérables noirs ont toujours rêver de réaliser.
Le processus de la créolité mûrie.
Je veux rêver comme le Pasteur King à cette Martinique et cette Guadeloupe qui donnerai une leçon de GRANDE HUMANITE à nous même et au monde entier.
Sinon, ces grêves générales ne sont que des répétitions générales à une immense déception qui causerait notre perte à tous.
Alors, Félicitations, ce combat est noble.
Merci à vous
E.B
le rossignole
Je suis un créole de l’île de la "REUNION". en tant que tel je revendique comme la MARTINIQUE cette "CREOLITE" qui fait partie intégrante de ma "PERSONALITE". Le "créolité de la REUNION" de part sa diversité ethniques, du mélange inter-racial, du lieu géographique interne où elle évolue, est d’une richesse "colorée" d’une sonorité unique et envoutante, d’une gestuelle théatrale qui la rend encore plus vivante. Je suis fier et heureux de ma "NATIONALITE" française, mais je suis viscéralement attaché à cette créolité.
Je suis pour la promotion de notre "langage créole", pour que sa reconnaissance ne soit pas un document écrit sans plus .Il faut la faire vivre cette culture considérée "tabou" pendant trop longtemps. Faire connaîttre cet art de vivre à travers les océans.
Mais je suis pour une expension "orale" avant tout, sur un support écrit non codifié, car trop difficile à créer, et cela finirait par la dénaturer. Pour moi il y a la "créolité" "dans la diversité", et pour respecter cette diversité, laissons à chaque composante le soin de s’exprimer avec son coeur ,avec ses mots’ avec son passé pour qu’i elle puisse se projeter dans l’avenir
A la REUNION il y a un proverbe qui dit RESPECTE A NOUS, NOUS LES PAS PLUS NOUS LES PAS MOINS" CE sera mon mot la fin qui concrétise notre place dans la société..