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Retrouver l’identité des aïeux esclaves des Antillais.

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Le décret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848 met définitivement fin à l’application du Code noir et au statut d’esclave pour environ 87 500 Guadeloupéens et 67 447 Martiniquais, soit environ 60% et 70% de la population des deux îles. 

Il fallut alors attribuer aux esclaves antillais, guyanais et réunionnais des noms de famille, car ils n’avaient pour seul attribut identitaire qu’un prénom, parfois un surnom ou un sobriquet et à partir de 1839, un matricule. Ces noms de famille sont aujourd’hui ceux de la majorité des Guadeloupéens et des Martiniquais, descendants d’esclaves.

Ce processus de nomination, réalisé dans chaque commune, a été consigné dans des registres, appelés en Guadeloupe « registres des nouveaux libres » et en Martinique «registres des actes d’individualité».

À partir de 2006, le CM98 a dépouillé les registres des nouveaux libres et des individualités disponibles aux archives nationales et départementales de la Guadeloupe et de la Martinique. 

Il a constitué une base de données unique regroupant : le prénom, le matricule, le nom de famille attribué, l’âge, le lieu de naissance et de résidence, le lieu de travail et le nom de la mère de 122 000 Guadeloupéens et Martiniquais affranchis en 1848, mais aussi la date d’attribution du patronyme et le nom de l’officier d’état civil en charge de la nomination. 

Ce travail est inédit dans les sociétés post esclavagistes. Il n’existe ni dans la caraïbe anglophone, ni en Haïti, ni aux Etats-Unis.

Grâce est cette base de données, le CM98 a fabriqué des objets mémoriels permettant aux Antillais de retrouver et d’honorer l’aïeul esclave à l’origine de leur lignée familiale. 

En 2008, le CM98 inaugure au Sénat et devant la basilique de Saint-Denis le Mémorial itinérant « Les Noms de l’abolition », ensemble de 250 panneaux sur lesquels sont disposés en colonnes, les prénoms, les matricules et les noms des chefs de famille ou des orphelins des communes pour lesquelles ces données sont disponibles. 

En 2010 et en 2012, le CM98 édite les livres Non an Nou (le livre des noms de familles guadeloupéennes) et Non Nou (le livre des noms de familles martiniquaises) reprenant les données contenues dans le mémorial. 

Le 27 mai 2011, le CM98 remet solennellement le livre Non an Nou à Victorin Lurel, président du conseil régional de la Guadeloupe devant près de 3000 personnes rassemblées à Pointe-à-Pitre à l’occasion d’une manifestation en mémoire de leurs aïeux esclaves. 

Le 23 mai 2012, le CM98 ouvre le site internet Anchoukaj (www.anchoukaj.org) à partir duquel par un simple clic, les Antillais peuvent retrouver l’identité de leurs aïeux. 

En 2013, le CM98 inaugure deux monuments aux esclaves à Saint-Denis et à Sarcelles en région parisienne. Ces monuments présentent les prénoms, les matricules et les noms de famille de 213 ascendants esclaves de Dionysiens et de Sarcellois. 

213 symbolise les 213 années d’esclavage en Guadeloupe et en Martinique (1635 à 1848). Enfin, le député maire des Abymes en Guadeloupe, Éric Jalton, inaugure le monument « Les livres de la mémoire » sur lesquels sont reproduits les données du livre Non an Nou pour la ville des Abymes.

Depuis, l’édification de tous ces objets mémoriels, nous avons vu les Antillais découvrir leurs aïeux avec émotion et fierté car les esclaves, leurs parents, étaient enfin présentés comme des êtres humains dignes d’être honorés. En effet, à chaque 23 mai, hommes d’Église et représentants de la république s’inclinent devant le mémorial dédié à leurs aïeux.

Aujourd’hui, le CM98 dépouille les registres d’état civil et les actes notariés (actes établis par les notaires à l’occasion de succession ou d’acquisition de biens de colons sur lesquels sont notées les « caractéristiques » de leurs esclaves) établis de 1800 à 1848. L’étude de ces actes nous permettra de trouver ceux qui ont été nommés avant 1848 et peut être de remonter au premier qui est arrivé par le bateau négrier.

Grâce au travail acharné des artisans de la mémoire du CM98, des milliers d’Antillais ont retrouvé l’esclave à l’origine de leur famille. Ils sont de plus en plus nombreux à le considérer comme un aïeul, comme un parent. Le travail d’affiliation est enfin possible ! 

Pour commencer vos recherches visitez le site http://www.anchoukaj.org

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