Une réplique d'un bateau négrier pour l'avenir
Nantes, samedi 29 septembre 2012
L’association Les Anneaux de la Fraternité inaugurent aujourd’hui sur l’île de Nantes un pavillon qui servira à promouvoir le projet de construction d’une réplique de l’Aurore, bateau négrier.
Entretien avec Dieudonné BOUTRIN, président des Anneaux de la Fraternité.
Vous portez le projet de construction d’une réplique d’un bateau négrier à bout de bras, depuis dix ans. Pourquoi ce navire n’a-t-il pas encore vu le jour ?
À l’origine, la construction du bateau a pu être perçue comme une concurrence avec le Mémorial de l’abolition de l’esclavage, inauguré au début de l’année. Pour ne pas créer de confusion dans les esprits et ne pas susciter une quelconque guerre de mémoire, j’ai accepté, à la demande de Jean-Marc Ayrault, de ne pas trop communiquer sur le sujet tant que le mémorial était en gestation.
Aujourd’hui il existe et il est temps de passer à la réalisation de notre projet, très complémentaire. Notre bateau est un outil pédagogique. Pour rendre l’histoire plus palpable. Pour faire de la prévention. Pour créer du lien entre les différentes mémoires, en naviguant d’un océan à l’autre. Il ne s’agit pas de réveiller les vieilles colères mais de dire « Plus jamais ça » et de lutter contre l’esclavage moderne qui est souvent à notre porte, qui n’a pas de couleur. Il faut comprendre la souffrance d’hier pour combattre celle d’aujourd’hui.
Depuis l’origine du projet, nous avons beaucoup travaillé. Nous avons par exemple monté une alliance aux États-Unis et signé des chartes de parrainage notamment avec Patrick Chamoiseau, le célèbre écrivain martiniquais
Est-ce une première ? N’existe-t-il pas dans le monde d’autres navires négriers qui naviguent ?
Il y a juste l’Amistad, un deux-mâts réalisé pour un film de Spielberg, adapté au commerce côtier. La Fraternité que nous voulons bâtir sera la réplique de l’Aurore, un trois-mâts, un navire océanique de 32,5 m de long. Selon la monographie de l’architecte naval Jean Boudriot, il a transporté jusqu’à 650 esclaves, au cours de chacune de ses expéditions, entre l’Afrique et le Nouveau Monde. Il partait de La Rochelle, Nantes ou Rochefort pour aller en Afrique avant de mettre le cap sur les Antilles ou l’Amérique.
Ce week-end vous inaugurez sur l’île de Nantes, près de la cale 2, le pavillon la Fraternité. Dans quel but ?
Ce pavillon magnifiquement construit par Atao, une entreprise d’insertion, nous servira pour promouvoir notre projet. Nous accueillerons aussi des visiteurs pour des rencontres thématiques. Au sein de ce pavillon, le public pourra découvrir la maquette de l’Aurore, un film de présentation.
En mai prochain, nous espérons implanter près du pavillon une coque nomade, une oeuvre d’art imaginée autour d’un conteneur et d’une coque de bateau. Ensuite on espère bien lancer la construction proprement dite du navire en 2014. La figure de proue naîtra en Martinique et sera acheminée à Nantes par voilier. Où sera construit le navire ? À Nantes, nous l’espérons. C’est avant tout une question de volonté politique.
Comment sera financée la construction de la Fraternité, réplique de l’Aurore ?
La ville de Nantes nous a déjà beaucoup donnés en finançant notamment les études. Le coût total avec un village pédagogique est estimé à 12,5 millions d’euros. Notre modèle économique est basé sur l’appel au mécénat et sur un système de souscriptions. Des bienfaiteurs, des villes peuvent apporter chacun leur pierre à l’échelle nationale et internationale.
Philippe GAMBERT http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_–Une-replique-d-un-bateau-negrier-pour-l-avenir-_44109-avd-20120929-63693632_actuLocale.Htm
Contact : http://www.bateau-pedagogique.com/
Télécharger ici en format pdf : Discours Dieudonné BOUTRIN 29-09-2012