Ci-dessous le texte qui a servi a la
communication orale de trois minutes faites par le Président du C.S.L.R
lors de la séance du lundi 7 novembre 2011.
CONTRIBUTION DE M. AMEDEE
ADELAIDE
Président
de COHESION SOCIALE ET LIBERTES REPUBLICAINES
AU
CONGRES DES ELUS DE GUADELOUPE
DU
07 Novembre 2011
Monsieur le Président,
J’ai entendu les critiques qui vous
ont été faites à propos de la tenue de ce Congrès. Le légaliste convaincu que
je suis, les comprend. Et cependant j’ai accepté de répondre à votre
invitation car je considère que les deux thèmes que vous voulez aborder
aujourd’hui sont au cœur des préoccupations quotidiennes des Guadeloupéens.
Nos concitoyens est-il besoin de le dire, se sentent agressés de
manière permanente, sur le lieu de travail, dans la rue et jusque dans leur
domicile, de jour comme de nuit, en leur absence, comme en leur présence. Dès
lors, il est urgentissime, avant même des questions de formes, d’encourager
les élus locaux qui souhaitent réfléchir ensemble aux solutions à mettre en
œuvre. Et cela d’autant plus que, en fin d’exercice, les collectivités
concernées auront, chacune en ce qui la concerne, à mettre en œuvre les
solutions que vous auriez dégagées de ce s débats.
Vous avez bien voulu nous communiquer votre Rapport de Synthèse des
Auditions Préparatoires accompagné d’un document Annexe
reprenant l’intégralité des auditions.Ces documents intéressants, sont venus
s’ajouter aux conclusions de nos Universités d’été des 27 et 28 aout
dernier et qui seront publiées prochainement, en fin de mois, dans un
fascicule intitulé « Un Contrat Social pour la Guadeloupe ».
Vos documents, sont riches de l’expérience de professionnels institutionnels
ou du monde associatifs, et apportent de nombreuses pistes de réflexions, même
si nous contestons fermement certaines hypothèses, comme le fait que, je
cite : « La société guadeloupéenne est née de la violence.
Elle est issue du traumatisme de l’esclavage colonial, de l’arrachement des
Noirs d’Afrique, de leur déportation, de leur asservissement dans les
plantation s coloniales…. La société guadeloupéenne est encore empreinte
de cette violence fondatrice ». Nous rejetons fermement ces
assertions. Sans nier que tel ou tel individu puisse être marqué par cet
héritage, constatons qu’elle ne peut s’appliquer à l’ensemble de la société
guadeloupéenne. D’abord parce que celle-ci est multiraciale, multiculturelle,
très largement et de plus en plus métissée, et que ses composantes ethniques
qui échappent à ce métissage sont infimes en nombre très et minoritaire.
Parce qu’il faudrait en conclure, que de par le monde, toutes les sociétés,
(européennes, américaines ou autres) qui ont connues l’esclavage ou la
violence, subissent le même sort. Et qu’à contrario, toutes celles qui n’ont
pas connues l’esclavage ne connaissent pas le même type de violence. Enfin
parce que cette hypothèse, reste une hypothèse qui n’est confirmée par aucune
étude vraiment scientifique.
En dehors de cela, les constations et
propositions qui sont faites restent à regarder de près, même si en cette
période de crise et de restrictions budgétaire elles font appel à davantage
de moyens financiers notamment.
Le premier constat que l’on doit faire
est que l’insécurité est réelle. Une délinquance importante affecte le
département. Elle est dirigée autant contre les biens que contre les
personnes.
Spolier les honnêtes gens des fruits de leur travail est pour eux,
extrêmement choquant, frustrant et démotivant.
L’auto défense étant proscrite dans nos sociétés, le traitement de ce
problème repose essentiellement sur les pouvoirs publics, qui le traitent
généralement comme un épiphénomène de notre société.
Il n’est pas inintéressant pour nos débats, de s’arrêter quelques instants
sur la vision globale, actuelle des pouvoirs publiques, du moins telle que
nous, citoyens, pouvons la comprendre au travers de l’action publique.
On parler alors de :
– Nocivité, à propos des délinquants
– Dangerosité pour ce qui concerne les criminels.< BR>
En matière de délinquance, la caractéristique, c’est le passage à l’acte
L’extrême nocivité est liée au passage à l’acte répété.
La nocivité rédhibitoire est liée à la récidive après
sanction. Ce dernier type de délinquance justifie des mesures de sureté qui
n’existe pas dans notre législation. Comment justifier qu’un délinquant
puisse revenir plus de trente et quarante fois devant un tribunal après de
multiples condamnations.
En matière de dangerosité, on retrouvera la même
classification d’ extrême dangerosité et de dangerosité
rédhibitoire.
L’objectif étant d’obtenir rapidement
une amélioration de la situation, quels sont les moyens qui seront envisagés
et mis en œuvre avec plus ou moins de bonheur :
– Premier
moyen : augmenter la pression policière, enquêtes,
arrestations, réunion de preuves de nature à entraîner la décision du
tribunal.
– Deuxième moyen: accroître la répression
pénale. La plupart des magistrats estiment qu’en s’en tenant à la
législation actuelle, ils ne peuvent pas aller au-delà, sachant de surcroit
que les possibilités carcérales sont limitées.
– Troisième moyen : améliorer
les dispositifs législatifs en matière pénale. Cette action impose un
consensus qui n’existe pas dans le monde politique et pas même dans le monde
judicaire ou dans les barreaux.
– Quatrième moyen: augmenter le nombre de
place dans le domaine pénitentiaire. Mesure très efficace à court et
moyen terme, dès quelle est mise en place. Mais sa mise en œuvre implique un
consensus politique qui là encore n’existe pas en France, en raison même du
coût.
– Cinquième mesure : recourir à des
mesures sociales, préventives (avant les faits) ou curatives
(pendant la peine, ou d’accompagnement après la peine).
Toutes ces mesures dira-t-on, concerne
le pouvoir central. Mais elles sont essentiellement curatives. Et l’on voit
bien, insuffisantes à long terme pour faire baisser durablement
l’insécurité.
En réalité, rien ne sera vraiment possible en cette matière, tant que l’on
n’aura pas admis que l’insécurité dépend de manière indissoluble, de trois
acteurs incontournables : l’Etat en tant que pouvoir central, les
collectivités locales, et le citoyen.
Quelques soit les efforts matériels et financiers que feront les pouvoirs
publics pour faire dresser des barrières de protections entre les délinquants
et les honnêtes gens, on voit bien que la vraie solution sur la durée n’est
pas là.
La vraie solution se trouve à l’évidence dans la reconstruction de notre
société et cela passe par plusieurs pistes. En voilà quelques unes des plus
importantes.
On semble aujourd’hui avoir oublié que
la famille est le premier lieu d’éducation de l’enfant.
Cette cellule de base de notre société
a littéralement explosée sous l’action conjuguée :
– De
différentes évolutions législatives qui ont contribuées à la perte de
l’autorité parentale. A titre d’exemple, sous prétexte de la protection de
l’enfant, on a généralisé et fait une lourde publicité autour de l’apparition
dans notre législation, de lois qui permettent à n’importe quel enfant de
porter plainte contre ses parents. Cette responsabilité là ne devrait être
déléguée qu’à des adultes de son entourage (famille, voisins, éducateurs,
etc..), pas à des êtres, par essence même, encore immatures.
– Dans l’enseignement public, les mêmes dérives ont vu
le jour. Non seulement on a rendu ésotérique pour les parents du contenu et
de la pédagogie de l’enseignement a cloisonné ce service public, et du coup,
enlevé toute responsabilité et donc toute autorité aux parents, tout en
annihilant celle des enseignants.
– &n bsp; Il faut aussi se souvenir qu’un cadre moral
hérité de l’histoire et de la religion guidait les individus depuis leur
enfance. Le recul des religions aboutit à laisser cette fonction en
déshérence. Tant qu’une éthique républicaine solidement charpentée n’aura pas
pris la relève, les difficultés persisteront.
L’archivage et la transmission du
savoir sont les traits les plus caractéristiques de la nature humaine.
Un homme, par son expérience de la vie, acquiert la connaissance de son
environnement. Connaissance qu’il utilisera pour satisfaire ses besoins
personnels vitaux d’abord et de confort ensuite. S’il transmet cette
connaissance à ses enfants, ceux-ci du coup acquerront ainsi un savoir. A
leurs enfants, ils transmettront à leur tour un savoir fait de celui que leur
a transmis leur père, abondé de leur propre connaissance. C’est ce que l’on
appelle le progrès.Tout le problème de l’humanité a été la conservation
et la transmission du savoir.
Eh bien ! Je crois profondément que le problème d’aujourd’hui est
l’acquisition du savoir par nos enfants.
« L’ignorance est la mère de tous les crimes ». disait
Honoré de Balzac (La cousine Bet te).
- L’habitat et
l’urbanisation
Ce sont deux facteurs reconnus par
tous, en Guadeloupe, comme générateurs de violence et donc d’insécurité.
En particulier on pourrait
citer : la construction de logements sociaux sans prendre en compte les
besoins des jeunes (terrains de sport, lieux de rencontre….), un type
d’habitat collectif concentrationnaire sans équipements sociaux et
commerciaux. Rappelons nous le temps où chaque commune disposait non d’une
mais de places publiques avec terrains de foot et de basket. Les enfants
n’avaient alors que quelques centaines de mètres, au plus, à parcourir, pour
retrouver une aire collective de jeux. De longue date, je suis convaincu que
ces dispositions, vivement critiqués en leur temps, pour être soi-disant
responsable du surendettement des communes, participait en fait au maintien
de la cohésion sociale ainsi qu’a faire de la Guadeloupe, ce qu’elle est
aujourd’hui, c’est-à-dire une terre de champions.
- Les équipements
structurants et l’Emploi
La difficulté de trouver de l’emploi
est évidemment une source de violence. Or une politique d’aménagement
du territoire et la création d’équipements structurants sont des facteurs
essentiels du dynamisme économique. Ils nous font cruellement défaut à l’heure
ou nous parlons.
Pour exemple, la seule création d’une
voie rapide, si non d’une autoroute, qui relierait Pointe à Pitre à
Anse-Bertrand, serait génératrice de développement économique et donc
d’Emploi dans une région déshéritée.
Faut-il le rappeler ici, le moyen de
la déstabilisation est inscrite dans les proclamations ou professions de foi
de certaines organisation dites syndicales ou politiques, come moyen
d’obtenir une évolution statutaire de notre département. Notons au passage que
cette déstabilisation outre quelle soit déjà un acte de violence, n’exclue
pas le recours direct à la violence pure et dure.
Or les guadeloupéens on le sait,
et parce qu’ils l’ont exprimés à plusieurs reprises dans les urnes, notamment
en décembre 2003, sont opposés, dans leur immense majorité, à toute sortie du
droit commun institutionnel. Ils le sont, parce qu’ils estiment que seul le
droit commun institutionnel peut nous sortir de la période d’instabilité
institutionnelle ouverte par la réforme de la constitution du 28 mars 2003.
Ils le sont, parce qu’ils estiment à juste raison que la stabilité
institutionnelle est le seul chemin qui puisse nous conduire à la stabilité
politique. Le seul chemin qui puisse nous conduire au développement
économique et social.
Voilà pourquoi, notre association
COHESION SOCIALE ET LIBERTES REPUBLICAINE, soutiendra toutes les
organisations politiques qui se prononceront clairement pour le maintien du
droit commun institutionnel.
|