Quelle chance nous avons d'être des descendants d'esclaves !
Gisèle PINEAU, née en 1956 à Paris de parents originaires de la Guadeloupe, est une femme de lettres française. Elle grandit dans une banlieue parisienne, où sa grand’mère lui raconte les contes de la Guadeloupe. Sa famille retourne aux Antilles en 1970. Après des études de lettres modernes à l’université de Paris X à Nanterre jusqu’en 1979, elle regagne la Guadeloupe où elle travaille comme infirmière en psychiatrie au Centre hospitalier psychiatrique de Saint-Claude.
Elle y travaillera 20 ans tout en écrivant ; l’ensemble de son oeuvre comprend plus de 30 ouvrages (romans, récits, nouvelles, littérature de jeunesse).
A l’occasion du cent-cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage en 1998, Gisèle PINEAU co-écrit avec Marie ABRAHAM, professeur de lettres classiques et journaliste, le livre « Femmes des Antilles. Traces et voix », dans lequel les deux auteurs présentent des récits de différentes narratrices pour rendre hommage à la créolité ainsi qu’aux femmes et à leur apport à la société antillaise.
Extraits >>>
Françoise, enfants de déportés
(…) Cependant, si l’esclavage a été un drame, la déportation de millions d’Africains, ce fut aussi une grande aventure.
La porte ouverte sur le néant a abouti à la création d’un nouveau monde.
La béance de la déchirure s’est remplie d’une nouvelle identité. Celle de l’homme antillais. Identité hybride toute en couleurs, riche de tous ses apports divers…
Il y a peu de temps, j’ai voulu faire le voyage en sens inverse.
Remonter le courant et l’histoire.
Trouver la source, le commencement.
Je suis repartie pour le Sénégal et l’île de Gorée.
J’ai dormi dans des villages de la Casamance. Je me suis baignée avec l’eau de leurs puits. J’ai mangé de leur nourriture. J’ai dansé aux sons de leur musique. Je me suis éclairée à la lumière de leurs lanternes. J’ai rencontré leur grand sorcier. J’ai écouté les bruits de leurs nuits. Et j’au su…
J’au su que ce n’était pas mon eau, ce n’était pas mon feu, ce n’était pas mon vent. Ce n’était plus ma terre.
Autre je suis, du fait de mon histoire faite de la rencontre de cultures et d’hommes différents.
Ma terre est désormais créole.
Pour finir, je vous dirai comment tout dernièrement, avec Muriel, la secrétaire du service, je riais aux larmes après qu’elle eut évoqué son voyage en Inde dont sa mère est originaire, et moi mon voyage en Afrique.
Nous étions toutes les deux arrivées à la même conclusion. Quelle chance nous avions d’être des enfants de déportés ! Quelle chance nous avions d’être des enfants d’esclaves ! Car, pour rien au monde, nous ne souhaiterions vivre aujourd’hui en Inde ou en Afrique. Nous riions de nous découvrir femmes créoles.
En savoir + sur Gisèle PINEAU : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/pineau.html
G.Noel Coldold (Poète)
Introspection
En devoir de mémoire
Je voudrais à rebours
Revisiter l’Histoire
Depuis les premiers jours,
Dénoncer l’origine
Du commerce illicite
Qui est, on le devine
Cette Afrique acolyte.
De la déportation
Qui dura si longtemps,
Nul ne fait négation
De cet abaissement.
De milliers d’africains
Tous vendus par leurs frères
Disciples de Caïn,
Pour du sel ou du verre.
Des enfants de Niamey,
Des Mbundu de Ndongo,
Ainsi que des Congo
Et ceux du Dahomey,
Tous mis en esclavage
Sans espoir de retour
Et au bout du voyage
Un enfer pour toujours.
Etaient-ils donc à plaindre
Ceux supposés sans âme
Qui, tel du bétail en moindre,
Ont dû subir l’infâme ?
Certains esprits habiles
Prônaient que les captifs,
Ces pauvres noirs serviles,
Ces animaux naïfs,
Manquaient de sens critique
Alors qu’ils négociaient
Avec leurs grands caciques
Que même ils dissociaient.
Certains sont même allés
Jusqu’à mêler leur sang
En venant s’accoupler
A ces objets sans rang.
Un enjeu politique
Est la réparation,
Un acte symbolique
Pour une rémission
Mais encor faudrait-il
Qu’entre Africains d’Afrique
Et tous ceux de l’exil,
Se dénoue l’alambic.
Georges Noel Coldold
DEDE erick
Et c’est tout cela qui fait que nous sommes aujourd’hui le 6eme continent.
C’est le seul endroit au monde où l’on peut trouver un très gros arbre, avec des branches d’orangers, de mandariniers, de corossoliers, de manguiers, de fruits à pain, de goyaviers Etc Etc …
On pourrait dire que c’est le miracle de la souffrance.
ako
Crėole? L’origine du mot créole
Le terme de créole possède deux étymologies, l’une portugaise (crioulo), l’autre, espagnole (criollo), qui viennent du même mot latin criare, signifiant soit «nourrir» soit «élever» ou plus précisément «serviteur nourri dans la maison». Une personne qu’on appelait à l’origine «Créole» désignait d’abord quelqu’un qui avait été «élevé sur place», c’est-à-dire «qui est du pays». Le mot a servi avant tout à désigner l’enfant blanc né et élevé dans les colonies d’outre-mer : la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane française, La Réunion, la Louisiane, etc.