Chaque semaine, dans le cadre de l’émission « A contretemps » de Zitata animée par Gérard Dorwling-Carter, les chroniqueurs traitent librement de différents sujets d’actualité. Voici la version « écrite » de l’une des rubriques du vendredi 25 octobre :

La Nouvelle-Calédonie traverse une période de grande instabilité politique et sociale, exacerbée par les tensions entre indépendantistes kanak et loyalistes. L’insurrection du 13 mai a marqué un tournant violent dans les relations entre les deux camps. Depuis, le territoire fait face à une crise économique et sociale sans précédent. La gestion de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, notamment en ce qui concerne son statut politique et son corps électoral, est au cœur des débats.

Le nouveau ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, en poste depuis peu, est allé à Nouméa pour essayer de calmer les tensions. Lors de cette première visite, il a insisté sur l’importance du dialogue et du temps nécessaire pour reconstruire sur des bases solides. La Nouvelle-Calédonie est « à genoux », selon ses termes, et il espère convaincre qu’une nouvelle méthode, fondée sur la confiance et la patience, peut permettre d’éviter les erreurs du passé.

Bilan de Situation

La situation actuelle en Nouvelle-Calédonie reste fragile. Le contexte sécuritaire s’est apaisé depuis les violents événements de mai, mais les tensions sociales et politiques persistent. Les relations entre les communautés kanak et non-kanak sont extrêmement tendues, comme l’a souligné le président de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie. Les habitants ne se parlent plus et un sentiment profond de mal-être social s’est installé. De plus, la situation économique est alarmante, avec des entreprises, des régimes sociaux et des collectivités locales proches de la faillite.

Le gouvernement calédonien a formulé des demandes pour un plan de soutien massif de l’État, à hauteur de 4,2 milliards d’euros sur cinq ans, mais les premiers engagements pris par François-Noël Buffet ne couvrent qu’une fraction des besoins, ce qui inquiète les autorités locales.

Pistes de Sortie de Crise

François-Noël Buffet a clairement indiqué que la question du corps électoral, épineuse et source de discorde, n’était pas la priorité actuelle. Pour lui, il est essentiel de reconstruire d’abord la confiance et de stabiliser la situation économique et sociale. Cependant, cette approche est critiquée par certains, comme Sonia Backès, qui craint que le camp indépendantiste ne profite de cette temporisation pour imposer ses vues à long terme.

La méthode préconisée par Buffet repose sur un dialogue inclusif et progressif, en prenant en compte les besoins de tous les acteurs, y compris les représentants coutumiers kanak. Ce dernier point est crucial, car le Sénat coutumier revendique un rôle plus actif dans la reconstruction de la société. De plus, des réformes structurelles seront proposées pour améliorer le fonctionnement des institutions locales et le bien-être des habitants.

Analyse et Conclusion

Il est clair que la Nouvelle-Calédonie est à un tournant. La nouvelle méthode prônée par le gouvernement français, basée sur la patience et la reconstruction progressive, offre une opportunité de remettre le territoire sur la voie de la stabilité. Toutefois, cette approche comporte des risques : une solution trop lente ou un manque de soutien économique pourrait attiser les tensions. Les mois à venir, marqués par plusieurs échéances importantes, dont la validation du report des élections provinciales et le congrès du Front de libération nationale kanak et socialiste, seront décisifs pour l’avenir du territoire.

Dans cette période critique, l’État français devra montrer une volonté ferme d’accompagner la Nouvelle-Calédonie sans pour autant précipiter des réformes qui pourraient exacerber les divisions. Le succès de cette démarche dépendra de la capacité de François-Noël Buffet à maintenir ce fragile équilibre entre patience et action.