Nous nous souvenons…

Tout a commencé en 1998, année du cent cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique. Année de retour sur l’histoire, du réveil des débats, de l’expression des douleurs du passé… Roger de JAHAM prend alors conscience que le silence qui dominait jusque-là abimait les rapport entre les gens, entretenait les fantasmes, et créait des tensions muettes dans le peuple. Silence qu’il fallait rompre dans un esprit de vérité et de sincérité.

Il prend son bâton de pèlerin et part à la rencontre de la communauté socio-ethnique à laquelle il appartient : les békés.

Il ouvre le débat de la période esclavagiste sur laquelle chacun avait posé et scellé le couvercle. Il parle et fait parler. Il pousse les murs à coups de conviction, d’arguments historiques, de passion et d’engueulades. Il bataille pour que les yeux s’ouvrent sans complaisance ni ambiguïté sur le passé commun des Martiniquais. Et il obtient la signature de plus de 400 d’entre eux sur un texte qui reconnaît clairement que l’esclavage est un crime contre l’humanité…

Ce texte s’intitule : “Nous nous souvenons…” Huit ans plus tard, il sera lu publiquement sur la Place de l’Abbé Grégoire. C’était le 22 mai 2006.

« Nous nous souvenons… »

La communauté martiniquaise est née dans l’inhumanité de l’esclavage. Cette sombre période a porté atteinte à la dignité de milliers d’hommes et de femmes, et il en est résulté de grandes souffrances qui marquent encore profondément les Martiniquais de toutes origines.

Des colons venus d’Europe se sont implantés à la Martinique depuis le XVIIè siècle dans le cadre de l’expansion coloniale, et y ont fait souche. Parmi leurs descendants, des békés d’aujourd’hui se souviennent et tiennent à apporter leur témoignage à la célébration du Cent-cinquantenaire de l’Abolition de l’esclavage.

Ils le font avec sincérité et émotion.

L’évocation de cette histoire commune, fondatrice de l’identité créole contemporaine, doit constituer une nouvelle étape vers une meilleure reconnaissance mutuelle de tous ceux qui vivent à la Martinique et sont, ensemble, les acteurs de son devenir.

Aujourd’hui de par le monde, plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont encore maintenus en esclavage, bien que celui-ci ait été officiellement aboli dans tous les pays. Pour que cesse cette situation intolérable, il est impératif que tous les Martiniquais s’unissent pour déclarer l’esclavage comme étant un crime contre l’humanité.

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