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Le Vivre-Ensemble en Martinique, une question d’économie ?

La Martinique traverse une période de tension sociale intense, marquée par les manifestations contre la vie chère et une vive défiance envers les institutions. C’est dans ce contexte critique qu’intervient l’étude réalisée par l’institut Etom pour le compte de l’association Tous Créoles. Objectif : sonder la perception du vivre-ensemble au sein de la population martiniquaise. Et les résultats sont éloquents : cohésion en berne et volonté de renouveau… Les Martiniquais oscillent entre inquiétude et espoir.

la vidéo complète de la présentation ici.

Un diagnostic en demi-teinte

Le premier enseignement de cette étude est que le vivre-ensemble en Martinique est jugé « moyennement satisfaisant », avec une note de 5,72 sur 10 attribuée par les sondés. Si les plus jeunes (18-25 ans) affichent une perception légèrement plus optimiste, la majorité des Martiniquais se montrent divisés : 48% estiment que la société martiniquaise se construit davantage sur ce qui les rassemble, tandis que 52% pensent au contraire que les divisions prévalent.

Une dynamique perçue comme négative

Là où le bât blesse, c’est sur l’évolution de cette cohésion sociale. Une majorité écrasante (73%) estime que le vivre-ensemble s’est dégradé ces dernières années. En cause ? La pauvreté et les inégalités sociales, citées comme des freins majeurs par une large partie des sondés. L’insécurité et la montée de l’individualisme viennent renforcer ce sentiment de fracture sociétale. Pourtant, un léger vent d’optimisme souffle sur l’avenir : 20% des interviewés pensent que la situation pourrait s’améliorer.

Les menaces pesant sur la cohésion

L’étude met en lumière les principaux obstacles au vivre-ensemble : l’incivisme, l’insécurité et les difficultés économiques figurent en tête de liste. Le contexte martiniquais est notamment perçu comme étant peu favorable au retour au pays des talents et des jeunes entrepreneurs. Plus surprenant, le racisme et les discriminations, bien que présents dans les réponses, ne sont pas perçus comme des menaces majeures par la majorité des sondés. Ce constat témoigne d’une priorité accordée aux inégalités économiques et à la précarité qui fragilisent le tissu social. En d’autres termes, si l’activité économique était suffisament performante pour épanouir tous le monde, il n’y aura pas de problème de vivre-ensemble en Martinique.

Quelles solutions pour renforcer le vivre-ensemble ?

Face à ce constat, l’étude révèle les pistes prioritaires identifiées par les Martiniquais : réduire les inégalités sociales et lutter contre la pauvreté arrivent en tête des solutions envisagées. Viennent ensuite la lutte contre l’incivisme et l’insécurité, ainsi que la création de conditions favorables à l’insertion des jeunes dans l’emploi et l’entrepreneuriat. Autre point de convergence : une meilleure collaboration entre les acteurs politiques et économiques est perçue comme essentielle pour sortir de cette impasse sociale.

Un défi collectif à relever

Au regard de ces conclusions, le vivre-ensemble en Martinique semble reposer sur un équilibre précaire. Si la fracture sociale inquiète, les solutions ne manquent pas, et elles sont d’abord d’ordre économique : développer les capacités des entreprises à fournir des emplois aux jeunes et à lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, développer l’attractivité du territoire pour soutenir les jeunes entrepreneur et les talents volontaires, mais aussi combattre l’incivisme et l’insécurité. L’urgence est aujourd’hui de transformer ces aspirations en actions concrètes, afin que la Martinique puisse renouer avec une société plus unie et solidaire. Et là, en plus d’être “mobilisés”, il nous faudra être créatifs ! Oui, il nous appartient de nous engager à fond et collectivement dans cette reconstruction du lien social.

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