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Le sanglot de l'homme noir

Alain MABANCKOU en 2011

Alain MABANCKOU est franco-congolais. Romancier, poète et professeur de littérature francophone à Los Angeles, prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic (Le Seuil, 2006), il a publié à ce jour de nombreux ouvrages.

L’Académie française lui a décerné en 2012 le grand prix de la littérature Henri-Gal, prix de l’Institut de France, pour l’ensemble de son œuvre.
L’un de ses derniers ouvrages, Le sanglot de l’homme noir (Fayard, 2011), a retenu notre attention par sa sincérité et le sujet abordé des identités, et en proposant une autre logique que celle de la couleur de la peau. « Je suis noir, et forcément ça se voit« .
Je suis noir, et forcément ça se voit. Du coup les Noirs que je croise à Paris m’appellent « mon frère ». Le sommes-nous vraiment ? Qu’ont en commun un Antillais, un Sénégalais, et un Noir né dans le Xème arrondissement, sinon la couleur à laquelle ils se plaignent d’être constamment réduits ?
J’oublie évidemment la généalogie qu’ils se sont forgée, celle du malheur et de l’humiliation – traite négrière, colonisation, conditions de vie des immigrés… Car par- delà la peau, ce qui les réunit, ce sont leurs sanglots.
Je ne conteste pas les souffrances qu’ont subies et que subissent encore les Noirs. Je conteste la tendance à ériger ces souffrances en signes d’identité. Je suis né au Congo Brazzaville, j’ai étudié en France, j’enseigne désormais en Californie. Je suis noir, muni d’un passe- port français et d’une carte verte. Qui suis-je ? J’aurais bien du mal à le dire. Mais je refuse de me définir par les larmes et le ressentiment.
Alain MABANCKOU
En savoir plus : www.alainmabanckou.net

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