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Le milieu des « blancs créoles » de Guadeloupe

Édouard BOULOGNE

Édouard BOULOGNE est un « blanc péyi » guadeloupéen, qui a été professeur de philosophie puis journaliste par passion.

Après avoir fondé et dirigé le magazine « Guadeloupe 2000 », à 71 ans il anime aujourd’hui « Le Scrutateur », un site d’opinion qui compte de nombreux « surfeurs » aux Antilles. Un jeune journal Guadeloupéen, « Le Mika déchaîné », a publié dans son numéro de septembre 2008 un dossier sur les blancs de la Guadeloupe, les « blancs péyi ».
Édouard BOULOGNE avait donné à cette occasion une longue interview que nous reproduisons ici.

 »Déclaration préliminaire.
Tout ce que je dirai ici n’engage que moi. Mon propos reflète la pensée et l’analyse d’un «blanc créole» de la Guadeloupe, dont les ancêtres sont arrivés en Guadeloupe, et plus précisément à Marie Galante dès le 17è siècle. Le premier était Germain Boulogne en 1658, alors âgé de 35 ans, natif de la paroisse Dandelier, archevêché de Paris. Son épouse Madeleine (née Sergeant) était native de Rouen. J’ai été professeur de philosophie et accessoirement journaliste. Je ne prétend pas que mes propos, mûrement et longuement réfléchis, engagent chaque membre de la « communauté » (mot que je n’aime pas à cause de la « clôture », de l’idée de fermeture qu’il connote, et parce que je me méfie des communautarismes). Je me définis comme Guadeloupéen et Français, et aussi chrétien de confession catholique. Je ne parle pas au nom de quelque association que ce soit, à connotation ethnique ou non. Mes propos n’engagent donc que moi, même si, évidemment, je crois à leur pertinence. »
Qu’est-ce qu’un blanc créole ? C’est un homme de race blanche, né en Guadeloupe, et d’autant plus créole qu’il y a vécu plus longtemps. Les métropolitains simplement de passage dans l’île ne sont pas des blancs créoles. Les enfants de métropolitains, nés dans le département, qui aiment le pays, qui pensent s’y installer, qui fréquentent les diverses « communautés », qui ont appris à parler le créole, sont des Guadeloupéens et peuvent être considérés comme des blancs créoles. Beaucoup d’entre eux se présentant, par exemple, à des concours sportifs comme Guadeloupéens, peuvent être considérés comme des blanc créoles, de la même façon qu’un Thierry Henry, d’origine guadeloupéenne, peut être considéré comme un métropolitain (« négropolitain », comme nous disons, avec notre humour particulier).
Les blancs créoles ont une longue familiarité avec la Guadeloupe. Ils en sont à l’origine. Les Caraïbes, derniers « propriétaires » de l’île avant la colonisation, et qui en furent les victimes incontestables, étaient des guerriers et des navigateurs. Ils ne cultivaient la terre qu’autour de leurs villages côtiers, dans leurs jardins, pour les besoins immédiats de leurs communautés.
A l’arrivée des premiers européens, et en ce qui nous concerne, des premiers Français, (pour simplifier à partir de 1635) la Guadeloupe est une terre vierge, sur sa plus grande surface. Ces premiers européens relèvent de plusieurs catégories. Il y a des gens, une petite minorité, qui ont de l’argent ou du prestige social lié à leur qualité d’aristocrates. Ces « grands blancs », parfois des bourgeois, ont de l’argent qu’ils veulent faire fructifier en l’investissant dans un « nouveau monde », moins soumis aux contraintes de la France métropolitaine d’alors.
Il y a des cadets de familles nobles qui cherchent à prospérer, ce qui ne leur est pas possible en Europe, l’essentiel du patrimoine familial échéant à l’aîné de la famille. Il y aussi des nobles qui, par suite de fautes diverses, ont été mis au ban de la société métropolitaine, et qui comptent sur le caractère plus « ouvert » à cet égard du « nouveau monde », pour se refaire une sorte de « virginité », et pensent s’appuyer sur le prestige de leur nom, pour y « prospérer ».
Et puis il y a une autre catégorie (le singulier est un peu simplificateur, car cette catégorie est elle-même assez hétérogène), de très loin la plus nombreuse, celle des « petits blancs » : amateurs d’aventures, individus misérables qui cherchent un « nouveau monde », dans l’espoir d’une vie nouvelle, parfois des repris de justice, qui espèrent aussi à se refaire loin des lieux de leurs turpitudes, etc. Ces gens étaient qualifiés « d’engagés », ou encore de « trente six mois », car ils s’engageaient à travailler aux Isles, pour une durée de trois ans éventuellement renouvelable. Ils furent les gros bataillons des débuts de la colonisation. Ils furent ceux qui défrichèrent la Guadeloupe, édifièrent les premières agglomérations, tracèrent les premières routes, inaugurèrent l’agriculture. Très exploités par les planteurs riches (la minorité), ils vécurent dans des conditions extrêmement dures, misérables. Les chroniqueurs de l’époque en témoignent. Par exemple Gabriel Debien cite un correspondant de Colbert qui écrit à ce dernier en 1669 : « II est à propos de dire et de savoir que cet engagement de service pour trois ans estoit une espèce d’esclavage, et mesme quelque chose de plus quand l’engagé tombe entre les mains d’un mauvais maître ». Et le père Du Tertre, dans son Histoire générale des Antilles, écrit : « II y a eu autrefois des maistres si cruels qu’on a esté obligé de leur deffendre d’en acheter jamais, et j’en ai connu un à la Guadeloupe qui en a enterré plus de cinquante sur la place, qu’il avait fait mourir à force de travailler, et pour ne pas les avoir assistés dans leurs maladies. Cette dureté vient sans doute de ce qu’ils ne les ont que pour trois ans, ce qui fait qu’ils ont plus de soin d’épargner leurs Nègres que ces pauvres gens ».
On est loin, on le voit, de l’image du blanc créole au ventre proéminant, richement vêtu, le cigare au bec et le fouet à la main, promenant son arrogance cruelle au milieu des champs de cannes, même si de tels « maîtres » ont parfois existé, certes. Mais cette image d’Epinal, surtout forgée dans le cadre de la campagne justifiée des abolitionnistes des 18è et 19è siècles, ne donne pas une idée exacte de la réalité d’alors. Ce qui différencie la vie des premiers colons blancs, les « engagés », des esclaves noirs qui arrivent peu à peu et deviennent majoritaires dès la fin du 17è siècle, c’est moins la dureté de la vie, que leur statut d’hommes « libres » (statut tout formel, mais malgré tout) pour les « engagés », quelle que soit leur humilité sociale, et d’esclaves pour les noirs, c’est-à-dire de biens meubles, achetables et disponibles à merci.
Ce sont les « nécessités » des politiques économiques européennes à cette époque, qui ont engendré ce retour à l’esclavage (aboli progressivement en Europe tout au long du moyen âge) en Amérique, et aux isles. C’est, rétrospectivement, une tragédie. C’est cette législation distinguant les hommes libres et les esclaves (pas tout à fait hommes) qui créa une hiérarchie fondée sur la couleur, qui ne fut pas sans engendrer des conséquences néfastes et durables. Ainsi les « engagés » dont les conditions d’exploitation par des blancs comme eux étaient équivalentes, sinon pires, à celles de leurs compagnons de misère, noirs, vont se désolidariser de ceux-ci, ne voulant pas être assimilés à des esclaves.
C’est ce qui explique, en partie, le tarissement progressif des « engagements », réduit à presque rien dès la fin du 17è siècle, et officiellement aboli en 1774. Les engagés devinrent alors les forces d’encadrement des esclaves sur les habitations, commandeurs, etc. Les plus intelligents réussirent à se faire une place au soleil (si j’ose dire) en se hissant jusque dans la hiérarchie des grands blancs. Tel le célèbre La Ramée, qui se trouva à la tête d’une des plus grandes fortunes de l’île.
Ces considérations historiques, un peu longues peut-être pour une interview, me paraissent indispensables pour bien comprendre la personnalité de base du Guadeloupéen et celle du blanc créole en particulier. On peut donc dire que s’est créée au fil des siècles une stratification sociale, où les blancs, et pas seulement les riches, mais aussi les « petits blancs » ont constitué une aristocratie sociale (elle-même hiérarchisée en son sein), où la couleur de la peau était le critère de visibilité.
Un système économique et juridique a enserré tous ces hommes, quelle que soit leur place dans la hiérarchie, dans un filet où la liberté individuelle ne disposait que d’un champ très réduit. La Révolution française viendra bouleverser cet ordre (ou ce désordre, si l’on se place sur le plan d’une morale de la transcendance), en deux temps, 1794 et 1848 (continuité de 1789). Les blancs de la Guadeloupe, dont beaucoup furent massacrés, davantage par les révolutionnaires de l’hexagone, d’ailleurs, que par les esclaves, furent ruinés. La Martinique « épargnée par la tourmente révolutionnaire » connut dès lors un devenir parallèle, mais différent de celui de la Guadeloupe. Et c’est pourquoi ce que je dis des Blancs créoles de la Guadeloupe, ne s’applique pas (ou plus) tout à fait aux Békés, les blancs de la Martinique, après 1789.
Même affaiblis, les créoles Guadeloupéens ont continué à être une élite sociale, morale, culturelle tout au long du I9eme siècle, et au 20è siècle, au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale. Et ils demeurent, aujourd’hui, un groupe social respecté, et je crois pouvoir le dire estimé (même s’il a des défauts, comme les autres groupes !). Mais son pouvoir économique a diminué au profit des grandes sociétés métropolitaines ou martiniquaises, tandis que l’on voit monter et s’affirmer d’autres groupes, y compris dans l’ordre de l’économie, issus des milieux « de couleur » (mot qui découle de notre histoire singulière évoquée plus haut).
Les blancs créoles sont-ils racistes ? Tout dépend de ce que l’on place sous ce mot de « racisme ». Si je me réfère à un dictionnaire reconnu comme Le Robert, « racisme » désigne la croyance à une hiérarchie des races, à l’existence d’une race supérieure, et à l’hostilité à l’encontre des groupes ethniques considérés comme inférieurs. Le « vrai » racisme paradoxalement s’est développé avec l’apparition de la science moderne, au 18è mais surtout au 19è siècle.
Dans les tout débuts de la colonisation aux Antilles il n’y a pas eu de racisme en ce sens. Les mariages inter raciaux étaient fréquents. Comme il a été dit plus haut, le développement de l’esclavage comme institution, compliqué chez nous par la publication du Code Noir, a développé une idéologie raciste, et il ne fait pas de doute que les blancs créoles à cette époque ont été racistes. Ce racisme n’a jamais eu le caractère hystérique qu’il a pu prendre à certaines époques en Europe, chez les Nazis par exemple, entre 1924 et 1945. Il a été tempéré d’abord par la vie en commun, je dirai la promiscuité des communautés, dans le cadre de l’économie de plantation.
Avec les noirs nous avons vécu en osmose, affrontant ensemble les événements heureux mais aussi les peurs liées aux épidémies qui frappaient indistinctement les uns et les autres, les phénomènes naturels : cyclones, tremblements de terre, éruptions volcaniques, etc. Il y avait aussi la vie affective et sentimentale qui rapprochait ces gens que la loi de l’époque et les intérêts opposaient par ailleurs.
Le métissage constant ne fut pas seulement, ni principalement, à mon sens, le résultat du viol et de la force, mais le fruit du rapprochement plus ou moins secret de gens de races différentes que des usages sociaux, renforcés par la loi contraignaient par ailleurs à la discrétion dans leurs rapports privés. Ces usages rendaient difficiles ensuite la reconnaissance légale des enfants nés de ces rencontres. Même quand les pères suivaient ensuite leur progéniture, leur assurant sur les plantations des postes gratifiants, commandeurs de plantation par exemple, ces enfants naturels connaissaient le malaise de ceux qui sont entre deux, ni tout à fait d’un milieu, ni tout à fait d’un autre. Et cette ambiguïté a engendré des troubles d’ordre moral et psychologique fort dommageables à l’équilibre de la société créole, dont les conséquences se font encore sentir dans la vie politique et sociale actuelle.
Il y a longtemps (j’avais vingt ans !) j’ai eu une conversation avec un professeur antillais, noir, qui fut assez engagé dans les mouvements sinon séparatistes, du moins autonomistes de l’époque. Cet homme estimable, qui vit encore (je l’ai vu pour la dernière fois à la télévision, à l’occasion de la veillée de Gérard Lauriette, papa Yaya) me dit tout de go, et sur le ton de la confiance (l’estime était partagée entre nous) qu’il était parfaitement opposé aux mariages inter raciaux. Sur le moment, suffoqué, je n’osai lui demander ses raisons, et je le regrette. Je suppose qu’en homme d’une génération ancienne, il pensait à ces conséquences fâcheuses d’union « illégitimes » dans un milieu façonné par l’histoire.
Mais le temps passe, les mentalités évoluent, rien n’est définitivement figé. Précisément, à cet égard, l’opinion des blancs créoles a profondément évolué en Guadeloupe sur ces questions, et sauf rares exceptions il n’y en a plus qui se réfèrent à je ne sais quel « racisme scientifique ». Cela c’est fini, terminé.
Sur le plan intellectuel, et sur tous les plans, les noirs, et les indiens antillais, côtoyés, non plus seulement dans l’univers de la plantation, mais sur les bancs des écoles, et dans les lieux de décisions et de responsabilité où ils ont accédé de plus en plus nombreux, surtout depuis 1946 et la loi de départementalisation, apparaissent pour ce qu’ils sont, des partenaires à part entière, partageant tous les caractères de l’humaine condition comme disait le philosophe. Est-ce à dire que le mariage inter racial est sur le point d’apparaître comme une vieille lune ? Là, je ne le crois pas. Mais il ne s’agit plus de racisme. Les blancs créoles constituent un milieu, façonné par l’histoire. Ce milieu a sa sensibilité particulière, ses rites, son humour propre, ses souvenirs, son « mode d’être ensemble », pour parler un peu « pédant », où le sens de la famille est particulièrement développé. On descend de tel ou tel, on a pour ancêtre commun « tante Yvonne », ou « l’oncle Hyppolyte ». On constitue un être collectif vivant, qui répugne à s’incorporer des individualités aux références autres. ( Fortuné Chalumeau a su rendre avec beaucoup de délicatesse la sensibilité familiale blanche créole dans son beau roman « La maison du Bois-Debout, ou l’enfance de St-John Perse », aux éditions Daniel Radford). Ce n’est pas du racisme. En métropole des familles aristocratiques désargentées (elles sont majoritaires) réagissent de la même façon à l’égard de bourgeois par ailleurs estimables et fortunés. L’achat par M. Edmond Giscard, (le père de Valéry) du nom et des titres de la vieille famille d’Estaing, n’a pas plu à tout le monde dans ce milieu. Ceci, n’est-ce pas, toutes choses égales, et pour aider à faire comprendre ce que peut être l’attitude des blancs créoles à l’égard du mariage inter racial : un certain esprit de corps, qui malheureusement, chez nous, l’histoire, toujours l’histoire, prend une …. teinte épidermique.
Cela dit il y a désormais des mariages inter raciaux, j’en connais ; je suis invité dans ces familles, et « l’événement » n’a entraîné aucune tourmente comme sûrement, jadis, il en eut été.
Les blancs créoles participent-ils à la culture ? Sans aucun doute. Et à toute époque. Les premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux d’Alexis Léger, plus connu sous son pseudonyme de St-John-Perse, ou encore Gilbert de Chambertrand. Mais il y en a beaucoup d’autres. Je pense par exemple à Auguste Bébian, grand pédagogue, spécialiste reconnu des questions d’éducation, qui exerça longtemps ses activités en métropole et fut même un moment invité par le Tsar de Russie à prendre la direction à Moscou d’un institut pour sourds-muets. De retour au pays il fonda une école mutuelle pour enfants de familles modestes, à Pointe-à-Pitre, rue de la Loi, devenue la rue Bébian. Je pense à Louis-Daniel Beauperthuy, savant éminent, spécialistes des maladies tropicales, dont les travaux contre la fièvre jaune, et la lèpre firent autorité au 19è siècle (un hôpital porte son nom aujourd’hui dans la commune de Pointe-Noire). Je pense au docteur Cabre dont Arlette Blandin-Pauvert a tracé un portrait si vivant dans son livre « Au temps des mabos », publié chez Desormeaux. Et il y en a bien d’autres.
Mais les blancs créoles ne sont pas la classe de l’intelligentsia. Ils ont joué, davantage et longtemps, un rôle important dans la politique, mais aussi, principalement, dans la vie économique. L’intelligentsia a plutôt été l’apanage de la classe des hommes de couleurs, des métis. Aujourd’hui les noirs les rejoignent dans ce domaine si important.
Quel avenir voyez vous à la communauté blanche-créole ? Va-t-elle disparaître ? Les blancs créoles en Guadeloupe représentent un pour cent, à peu près, de la population. C’est leur principale faiblesse, due là encore à des causes historiques, au système économique qui structura notre île autrefois. Il serait trop long, ici, d’entrer dans les détails.
Je ne vois pas pourquoi notre groupe humain disparaîtrait s’il sait, tout en restant fidèle à ce qu’il y a de valable dans ses valeurs traditionnelles, s’adapter aux nouvelles donnes de la politique nationale et internationale.
Ce milieu est parfaitement accepté, estimé, et même aimé de la population. Il y a bien sûr les criailleries de certains politiciens extrémistes, les vociférations syndicales à de certains moments un peu chauds de la vie sociale. Mais tout cela n’est pas grave, fait partie du jeu, du cinéma politicien, ici, comme ailleurs.
C’est qu’il y a entre nous et les autres membres de la collectivité guadeloupéenne, une cohabitation, une connivence de bientôt quatre siècles. Nous sommes tous Français, à un certain niveau, et très peu de gens le contestent désormais, sauf quelques hurluberlus : « pawol pou ri »!
Mais nous sommes en profondeur Guadeloupéens. Nous nous connaissons parfaitement, avec nos qualités et nos défauts, nos forces et nos faiblesses, nos motifs de fierté, et nos ridicules : ki blan, ki nèg, ki zindien ! Moun a kaze !
Sans doute la réponse à votre question dépend-elle des jeunes créoles, plus que de moi, qui commence à passer de la catégorie des acteurs à celle des témoins d’an tan lontan. Les jeunes blancs guadeloupéens, comme les autres jeunes, ont à affronter une modernité arrogante, destructrice des valeurs spirituelles, niveleuse de tout ce qui n’est pas immédiatement consommable ou jetable. Il faut se rappeler que, dans la mesure où nous avons contribué à la construction de la Guadeloupe, cela n’a pas été dans la perspective de ces pseudos valeurs. Nous avons été des constructeurs, des travailleurs, résistants et entêtés, pas des glandeurs. Malgré nos défauts, parfois grands, nous nous sommes accrochés à des principes moraux et spirituels (je sais toute l’ironie qu’on pourrait, que JE pourrais faire, à cet égard. Mais qui est sans péché ?). Aux jeunes de ma communauté (parce que c’est de celle-ci qu’il s’agit dans cette interview, mais je pourrais en dire autant aux autres pour les leurs) je dis : « Vous êtes appelés à innover, mais dans la fidélité à la tradition, une tradition vivante, donc critique, mais fidèle. A cette condition vous continuerez à servir la Guadeloupe, sans renier votre milieu d’origine, sans repli sur vous-même ; dans un esprit d’ouverture, sans oubli des fondamentaux. Vous êtes appelés par les sirènes de la modernité, très matérialiste, à oublier les valeurs spirituelles sans lesquelles une communauté humaine s’avilit et sombre dans la médiocrité. Mais ce n’est pas dans la possession des derniers gadgets, d’un bateau, d’un 4×4, qu’on se découvre comme homme. Il faut trouver les moyens d’ETRE, et savoir que l’Etre ne se trouve pas dans le seul AVOIR. Je vous incite à méditer cet aphorisme du grand poète Goethe : « Ce que tu as hérité de tes pères, conquiers le, afin de le mériter ».

1 Commentaire

  1. ras meenja

    REABILITATION……OH OH OH

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