Le débat contradictoire, le diable des nationalistes martiniquais
Notre co-président Roger de JAHAM et Daniel BLERALD-BOUKMAN ont participé le 15 novembre dernier à un débat télévisé dans le cadre de l’émission « Droit de suite » animée par Nathalie JOS sur les antennes de « Martinique-Première » http://martinique.la1ere.fr/emissions/droit-de-suite
http://pluzz.francetv.fr/videos/droit_de_suite_,72922198.html
Ce débat a suscité de nombreuses réactions et commentaires, parmi lesquelles celle de Joseph JOS, proviseur honoraire, que nous avons publiée récemment : http://www.touscreoles.fr/2012/11/20/droit-de-suite-mi-deba/
Nous vous invitons à lire aujourd’hui l’analyse pertinente d’Yves-Léopold MONTHIEUX, chroniqueur bien connu de la vie martiniquaise.
Ce 10 novembre 2012, celui qui est considéré comme le pape de la résilience, le professeur Boris Cyrulnik, a donné une conférence sur le campus universitaire de Schoelcher. Il en résulte que le message de la résilience parle aux Martiniquais et que les adversaires du phénomène l’ont bien compris. D’où, d’une part, l’affluence exceptionnelle ayant répondu à l’invitation conjointe des associations Résilience-Martinique et Tous Créoles et, d’autre part, l’hostilité manifestée par ceux qui n’ont aucune raison de souhaiter quelque harmonie que ce soit entre les différentes composantes de la société martiniquaise. C’est ainsi que le professeur Cyrulnik a été reçu par un comité d’accueil musclé qui lui donnera sans doute l’occasion d’ajouter quelques lignes à ses cours, s’agissant de l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques.
En règle générale les élus martiniquais ont toujours manifesté leur peu de goût pour ce genre de rencontre, surtout lorsqu’ils n’y trouvent aucun intérêt électoral. Ils étaient donc quasiment tous absents à la conférence du célèbre neuropsychiatre. Certains, qui sont opposés au phénomène de résilience, auraient pu venir développer leurs arguments en présence de cette personnalité scientifique incontestable. Ils ont préféré donner délégation aux hurleurs et aux porteurs de banderoles et répondre à l’offre de dialogue par l’envoi d’une équipe de perturbateurs endurcis. On n’a pas davantage vu les élus, de droite ou de gauche, favorables à la résilience ou qui la pratiquent de fait dans l’exercice du pouvoir. (…). Disons-le tout net, le comment vivre ensemble sur ce petit territoire de 1000 km2 et de 400 000 habitants ne figure dans les objectifs d’aucun parti politique martiniquais.
Ainsi donc, ce sont des minorités qui occupent le terrain de la résilience, soit pour y concourir, soit pour s’y opposer. Une minorité s’organise sous l’égide de deux associations qui invitent les Martiniquais au débat d’idées. Danger ! La confrontation des idées fait peur en Martinique et le débat contradictoire est le diable des nationalistes. Les amphis et les forums de ce pays servent davantage aux célébrations d’improbables apôtres qu’aux confrontations d’idées. L’association Tous Créoles, en particulier, est victime d’une diabolisation qui emprunte aux formes et aux méthodes ancestrales du marxisme. Son action fait peur à la minorité qui s’oppose obstinément au phénomène de résilience tout en refusant de soumettre ses opinions au débat public. Ce mouvement « noiriste » inscrit résolument son action dans la confrontation permanente entre les Noirs et les Békés, entre les Noirs et les Blancs.
Comme le dit si bien Raphaël Confiant aujourd’hui même dans Montraykreyol : « Si nos noiristes (ceux qui ont perturbé la conférence de Boris Cyrulnik) étaient logiques avec eux-mêmes, ils devraient rejeter Simon Bolivar, José Marti, Fidel Castro ou Che Guevara qui sont des « Blancs » et des descendants de colons. Nos noiristes devraient aussi rejeter la langue du Blanc, la toge d’avocat du Blanc, le Code Civil et le Code pénal du Blanc, la BMW ou le 4/4 du Blanc. Or, ces messieurs-dames n’en font RIEN ! Le plus comique est que certains sont à la fois pro-Castro et pro-Obama. Ils sont allés en août dernier parader avec 300 de leurs compères, aux frais du contribuable martiniquais, au Festival de Santiago de Cuba où ils ont chanté la solidarité entre la Martinique et Cuba. Un seul d’entre eux a-t-il dénoncé le fait que le gouvernement cubain depuis 50 ans est composé d’une écrasante majorité de Blancs alors que les Noirs et métis sont au moins 60% de la population ? »
Qu’on est loin de l’Afrique du Sud. L’apartheid c’était hier, il était écrit dans la constitution comme jadis le Code noir, en France. Puis arriva sa chute plus de 150 ans après la fin du Code noir, au terme d’une opération éclair dite Vérité–Réconciliation. De vrais surdoués, les Noirs sud-africains ! Quant à nous, Martiniquais, nous devons à l’école de la République et à nos historiens d’avoir commencé depuis longtemps notre opération Vérité, de l’avoir effectuée sous un régime de liberté, et de ne pas moins connaître notre Vérité que le citoyen sud-africain, la sienne. Cependant, ce diable de débat démocratique possède un frère jumeau qui est aussi redouté et qui possède un nom aussi insupportable : c’est le démon de la réconciliation. En effet, vu de la Martinique, Nelson Mandela comme Martin Luther King ne furent pas de ce monde, avec sa foutue réconciliation, pour le premier, ou ses discours de pasteur, pour le second.
Yves-Léopold Monthieux, le 12 novembre 2012
LLV
Bravo,cher ami,pour votre débat télévisé,toujours courtois mais si réconfortant avec Daniel Blérald dit Boukman.
Je préférerai toujours les hommes de paix comme vous dans les nécessaires débats qui nous attendent,et n’oublierai ni votre courage,ni votre élégance,ni votre efficacité.
Encore merci et bien cordialement.
LLV