Blog

La dette publique française en surchauffe

Chaque semaine, dans le cadre de l’émission « A contretemps » de Zitata animée par Gérard Dorwling-Carter, les chroniqueurs traitent librement de différents sujets d’actualité. Voici la version « écrite » de l’une des rubriques du vendredi 4 octobre :

La dette publique française continue d’atteindre des sommets. Dernier chiffre en date, communiqué par l’Insee : 3.228,4 milliards d’euros, soit 112 % du PIB. C’est vertigineux, d’autant plus que la dette a bondi de près de 900 milliards d’euros en seulement sept ans.

Alors, que signifie réellement ce chiffre, et surtout, quelles solutions le nouveau gouvernement de Michel Barnier propose-t-il pour redresser les comptes ?

1. Une dette qui se creuse inlassablement

Cette dette n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des décennies, elle s’accroît de manière régulière, mais la tendance s’est accélérée de façon dramatique ces dernières années. L’épidémie de Covid-19, avec la politique du « quoi qu’il en coûte », a considérablement aggravé la situation, ajoutant 560 milliards d’euros entre 2019 et 2022. Et même après la pandémie, la dynamique ne s’est pas inversée, la dette continuant de croître de 275 milliards supplémentaires, notamment en raison des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat.

Ce qui est particulièrement alarmant, c’est que la France est l’un des plus mauvais élèves en Europe. Avec un ratio dette/PIB de 110,8 % au premier trimestre 2024, elle se classe derrière la Grèce et l’Italie, alors que d’autres pays européens, comme le Portugal ou les Pays-Bas, parviennent à stabiliser voire à réduire leur endettement.

2. Un mur à l’horizon : des marges de manœuvre qui se réduisent

L’endettement français devient d’autant plus préoccupant à l’heure où les taux d’intérêt remontent. Cela signifie que la France emprunte désormais à des coûts plus élevés que certains de ses voisins européens comme l’Espagne ou même la Grèce. Cela alourdit la charge de la dette, c’est-à-dire les sommes que l’État doit débourser rien que pour payer les intérêts, et non pour rembourser le principal.

Et pour illustrer l’ampleur de la crise, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, nous a rappelé récemment que la France dépensera bientôt plus pour payer ses intérêts de dette que pour l’éducation nationale. Une situation que beaucoup considèrent comme intenable à moyen terme.

3. Les pistes de résorption envisagées par le gouvernement Barnier

Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a décidé de faire du redressement des finances publiques une priorité nationale. Voici ce qu’il propose :

Réduire le déficit à 5 % du PIB d’ici 2025. Pour cela, le gouvernement vise 60 milliards d’euros d’économies dès 2025, avec un effort réparti entre des baisses de dépenses publiques et des hausses d’impôts ciblées.

Pas de hausse généralisée d’impôts, une promesse réitérée. Mais les plus aisés et certaines entreprises devraient mettre la main à la poche. Cela se traduit notamment par des prélèvements supplémentaires pour les grandes entreprises et les ménages les plus fortunés.

Réformes structurelles : ce ne sera pas suffisant sans réformes de fond. C’est pourquoi le gouvernement espère obtenir un délai auprès de ses partenaires européens pour réduire le déficit sur sept ans, et non quatre. La clé ici réside dans la crédibilité de ces réformes.

Efforts d’économies dans les administrations. Le secteur public va devoir se serrer la ceinture, notamment avec un report de l’indexation des pensions et des efforts demandés à tous les échelons, des collectivités jusqu’aux communes.

4. Les risques et les conditions de succès

Ces mesures sont ambitieuses, mais elles soulèvent de nombreuses questions. D’une part, il faudra s’assurer que les économies promises ne dégradent pas la qualité des services publics, un défi souligné par la Cour des comptes. D’autre part, l’assainissement des finances publiques dépendra aussi de la capacité du gouvernement à conserver la stabilité politique et à obtenir le soutien des partenaires européens.

Sans oublier que tout cela se déroule dans un contexte où la France reste exposée aux incertitudes économiques internationales. La moindre crise pourrait de nouveau fragiliser cette fragile équation.

Conclusion

Pour résumer, la France est aujourd’hui confrontée à une équation très complexe : une dette qui semble inarrêtable, une pression accrue sur les dépenses publiques, et un besoin impératif de réformes structurelles. Le gouvernement Barnier a promis de s’atteler à cette tâche colossale, mais les marges de manœuvre sont étroites, et le chemin vers la résorption de la dette sera long et semé d’embûches.

Quoi qu’il en soit, l’avenir des finances publiques françaises se joue dans les mois à venir, et le plan de redressement devra convaincre, non seulement à Paris, mais aussi à Bruxelles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *