C’est à l’âge de 95 ans que le doyen des membres de notre association s’est éteint. André ASSELIN avait adhéré spontanément à « Tous Créoles ! » en octobre 2008, alors qu’il avait déjà 93 ans. Son bulletin d’adhésion était accompagné de ces mots manuscrits : « Amitiés et longue vie à cette belle association« . André ASSELIN a été inhumé le 4 septembre 2010 au Vauclin, sa terre natale à laquelle il était si profondément attaché.
Troisième d’une fratrie de sept frères et sœurs, le jeune André -il a à peine 9 ans- est envoyé très tôt en France pour effectuer toute sa scolarité, et ce n’est qu’en 1933 qu’il revient s’installer définitivement à la Martinique. André ASSELIN est mobilisé en 1939 à la caserne Gerbault, où il sera instructeur avec le grade de maréchal-des-logis chef. En bon Créole martiniquais qu’il est, il impose son autorité avec des mots choisis, qui amènent ses compagnons de l’époque à le surnommer « ASSELIN ka jouré« .
Démobilisé en 1940, il épouse deux ans après Marie-Thérèse (Mité) CHATENAY, fille d’un médecin-colonel des troupes coloniales, qui lui donne deux garçons, Michel et Jean.
De 1947 à 1959, André ASSELIN assume avec son frère Georges la direction du Centre agricole du Vauclin, qui pratique agriculture (canne à sucre) et élevage sur des centaines d’hectares. Responsable de la partie bovins/ovins, il réalise différents essais en matière d’ensilage ainsi que des recherches d’amélioration du bétail, effectuant notamment des croisements entre des taureaux importés et des vaches créoles ; il initie l’acclimatation locale de vaches laitières « brunes des Alpes ». Plus tard, sur ses propres terres, il se révèle un précurseur opiniâtre en matière de diversification agricole, procédant à de très nombreux tests de cultures : ainsi maïs, tomates, aubergines, raisin de table et même tabac, se succèdent sur l’Habitation Paquemar au Vauclin, mais sans grande rentabilité. André ASSELIN n’hésite pas, sans beaucoup plus de succès, à pratiquer également l’aquaculture en élevant des saint-pierre et des loups caraïbes dans d’immenses bassins creusés dans le sol. Seule la culture de la banane, bien plus tard, permet d’atteindre un équilibre financier et une rentabilité suffisante. C’est la démonstration, s’il en fallait une, que la banane est, à la Martinique, une culture de diversification.
L’un de ses regrets : que ni l’agriculture ni l’élevage ne lui aient permis de préserver avec sa famille l’intégrité de l’Habitation Paquemar, dont la très grande majorité des terres a dû être vendue au fil des années. André ASSELIN et son épouse Mité ont toutefois su conserver de manière admirable la vaste demeure créole du Paquemar, datant du XVIII° siècle, qu’un de ses ancêtres avait acquise en 1889 à la barre du Tribunal de Commerce de Saint-Pierre. L’Habitation Paquemar était pour tous un lieu de vie accueillant et hospitalier.

André ASSELIN a été élevé en 1961 au grade d’officier dans l’Ordre national du Mérite agricole, après en avoir été nommé chevalier.
Homme au caractère bien trempé, droit et intransigeant, André ASSELIN a su se faire apprécier de tous, en particulier de ses ouvriers agricoles avec qui il échangeait en créole, tant son parler était vrai et authentique, enraciné qu’il était dans sa terre de Martinique.
Il laisse aujourd’hui quatre petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants, répartis entre la métropole et la Martinique.
Nous avons été honorés qu’André ASSELIN ait choisi d’être membre-doyen de « Tous Créoles ! », même si le destin nous en a privés très vite.
Télécharger ici le texte de l’hommage prononcé à l’église du Vauclin par sa petite-fille Florence : A Papi André ASSELIN