Blog

Grammaire de la ville de Fort-de-France où expliquer la politique mémorielle d’Aimé Césaire

Après la présentation de la commission par Elsa Juston Professeure agrégée d’Histoire-Géographie, Présidente d’Oliwon Lakarayib, je vais vous présenter l’état des lieux pour vous informer régulièrement des travaux en toute transparence.

Lors de la mise en place ce lundi 20 de la commission  Mémoire et Transmission, je suis intervenue pour expliquer la politique mémorielle d’Aimé Césaire à travers les dénominations des rues, l’érection de bustes ou de statues et la mise en place d’une grammaire de la ville.

Aimé Césaire a débaptisé des rues avec l’intention de faire émerger des figures martiniquaises, caribéennes et internationales de la lutte pour les droits humains, pour honorer tous ceux et celles qui se sont battus pour la dignité des êtres humains et l’égalité des droits.

C’est ainsi que dans le Centre-ville, on retrouve les grandes figures républicaines et abolitionnistes de 1848 autour de Lamartine, Arago, Ledru-Rollin, Perrinon, Sévère, Sigert, Isambert, Louis Blanc, Garnier-Pagès, …

Il a maintenu la rue Blénac car il représentait pour lui le fondateur de la ville, le 1er urbaniste et aussi la rue Galliéni car il avait été en poste ici avant Madagascar d’où le nom de l’hôpital Galliéni qui fut métamorphosée en centre culturel ouvert aux cultures du monde.

Les Terres Sainville ont accueilli toutes les figures des Lumières, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, de la Révolution française, l’Abbé Grégoire, Marat, Robespierre et de la Caraïbe, Toussaint Louverture, Delgrès, Bolivar, des socialistes, des communistes, Jaurès, Langevin.

Les nouveaux quartiers notamment Bellevue ou la cité Dillon ont eu les noms des héros des indépendances du XXe siècle ou les noms des grands écrivains comme Cabral, Fanon, Mandela, Senghor, Allende, Neruda, …

Au fur et à mesure des événements de l’histoire des noms sont apparus comme Bishop, Mgr Romero, Moreau de Jonnès, Martin Luther King, … des quartiers ont été réservés aux Grandes guerres, Bellevue pour la 1ère et Obéro pour la révolte du camp de Balata en 1943.

Pour la statuaire, il défendait la pédagogie de l’explication et la mise en place d’un contre-discours. Pour Joséphine, il l’a déplacée, il l’a excentrée du centre de la Savane et du cœur des Martiniquais disait-il. Il n’a pas déboulonné Pierre Belain d’Esnambuc.

La commande à Khokho d’une négresse marrone pour le 22 mai est l’envers de la statue de Schœlcher : marbre Vs fer forgé, homme Vs femme, centre-ville bourgeois Vs quartier populaire, liberté octroyée Vs liberté conquise les armes à la main, paternalisme Vs détermination.

Elle se trouve à la confluence de 3 rues : 23 mai, Rousseau, Nouvet à Trénelle. 1ère Négresse marrone, elle symbolise la reconnaissance officielle du rôle des esclaves dans la conquête de leur liberté et veut bannir un discours où seuls les législateurs seraient les acteurs.

Il y a donc une vraie « grammaire de la ville » qui permet en la parcourant de lire une histoire nouvelle. Chaque lieu porte un nom qui fait écho à notre histoire. Je vous proposerai bientôt la suite de cette écriture de la ville à partir des années 2000 !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *