Dans une interview donnée à l’hebdomadaire Antilla à l’occasion du 22 mai 2010, Gilbert EUSTACHE, le maire du Diamant, a tenu à Tony DELSHAM, qui l’interrogeait, des propos d’avenir empreints de bon sens. Ci-après de larges extraits de cette interview publiée dans le N° 1405 d’Antilla (03 au 10 Juin 2010).
Nous sommes aujourd’hui le 22 mai 2010, vous avez accepté une manifestation organisée par l’association « Tous Créoles ! ».  Pourquoi, alors que certains crient à la profanation d’un lieu sacré ?
Gilbert EUSTACHE : Je suis profondément attaché à l’histoire de notre pays, je sais les atrocités connues par nos ancêtres, je connais l’inhumaine condition des cachots, l’enfer de la canne à sucre, les sévices, le fouet, etc. Je suis partant pour le devoir de mémoire mais je dis aussi que je ne suis pas enchaîné dans ma tête. Le monde a tout de même bougé et continue à bouger. Ce n’est pas le monde qui va s’adapter à la vitesse de la Martinique, c’est la Martinique qui doit se hâter de rattraper le monde. Tôt ou tard, les différentes composantes de notre identité seront obligées de composer entre elles. Or, il est déjà très tard. Pas trop tard, très tard. Nous sommes un tout petit pays balloté par les intérêts des grands.
Certains affirment que le lieu choisi est un véritable sacrilège. Qu’en pensez-vous ?
Gilbert EUSTACHE : Nous sommes dans une démarche d’ouverture vers ceux qui veulent avancer. Ceux qui veulent reculer, c’est leur droit. Mais une société d’hommes et de femmes ne recule pas, elle avance. Et ceux qui veulent avancer sont les plus nombreux, j’en suis convaincu. Nous avons une masse de jeunes qui n’attend qu’une chose : qu’on leur mette en place les conditions du travail. Aujourd’hui, nous avons le devoir de saisir la moindre petite avancée. Nous sommes au vingt et unième siècle et le monde explose de confits. Dans ce petit pays, arrêtons de les créer et tendons la main à ceux qui veulent aller de l’avant. Le monde a tout de même bougé et continue à bouger.
La manifestation terminée, vous êtes donc satisfait ?
Gilbert EUSTACHE : Écoutez, il y avait au moins mille deux cent à mille quatre cent personnes, les gens ont donc compris qu’il y avait une démarche volontariste, notre municipalité a donc permis aux gens de se rencontrer, de s’écouter, de se parler. Cette présence importante ne signifie qu’une chose : le Diamant a envie d’avancer. Moi, je n’ai aucun complexe face au fait que le Président de l’Association « Tous Créoles ! » soit un béké. Je refuse de le rendre responsable des crimes commis par ses ancêtres, et si je suis déçu par lui, ce n’est pas par les békés que je serai déçu, mais par un béké. Vraiment, il est temps que nous ne soyons plus stoppés par notre passé !
Propos recueillis par Tony DELSHAM
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