Femmes créoles au pouvoir
Loi des séries ? Peut-être, mais en quelques mois plusieurs femmes créoles viennent d’être nommées à de hauts postes de pouvoir. Il s’agit de : Sophie ÉLIZÉON, Réunionnaise, portée en octobre 2012 au poste de déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer ; de Marcelle PIERROT, Guadeloupéenne, nommée « préfète en son pays » le 23 janvier dernier ; et enfin de Corinne MENCÉ-CASTER, Martiniquaise, élue présidente de l’Université des Antilles et de la Guyane le 25 janvier 2013.
Sans oublier bien sûr Christiane TAUBIRA, Guyanaise, désignée en mai 2012 comme ministre de la Justice et garde des Sceaux de la République française. Pas moins !
Soyons clairs : ce n’est pas le sexe de ces personnalités qui nous interpelle, puisque nous avons toujours considéré comme acquis le principe de la totale égalité des femmes par rapport aux hommes, en termes de compétences professionnelles ou politiques.
Ce qui est remarquable à nos yeux, c’est la parfaite reconnaissance de notre créolité au sein de la communauté nationale. Aucun poste ne nous est plus inaccessible, même parmi les plus prestigieux et les plus lourds de responsabilités. Ce phénomène n’est peut-être pas fondamentalement nouveau, puisque par le passé des Créoles ont occupé des positions politiques importantes, tel le Guyanais Félix ÉBOUÉ, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française en 1940, l’un des acteurs de la Seconde Guerre mondiale ; tel Gaston MONNERVILLE, également Guyanais, resté président du Sénat français durant 21 ans ; ou, plus près de nous, telle la Guadeloupéenne Lucette MICHAUX-CHEVRY, ministre chargée de l’action humanitaire et des droits de l’homme en 1993, ou Léon BERTRAND, ministre du Tourisme en 1995. Mais ce phénomène est aujourd’hui complètement normalisé et répandu dans la vie publique française.
L’autre donnée marquante et appréciable pour nous, c’est le fait de confier -enfin- à des ultramarins créoles la responsabilité des affaires ultramarines : inaugurée avec la nomination de Marie-Luce PENCHARD au ministère de l’Outre-mer, cette démarche s’est poursuivie avec celle de Victorin LUREL au même poste, puis celle de Marcelle PIERROT. Qui sont les meilleurs spécialistes de nos affaires ? Et qui pourrait mieux les comprendre et s’en charger qu’un ultramarin, concerné à long terme par le sort de son département ?
Même si nous savons bien que la personnalité, la couleur de peau ou l’origine ne sont pas gages de compétence…
Orlay
Il y a tellement d’autres femmes qui travaillent dans l’ombre qui n’auront jamais de pouvoir et de reconnaissance, ni d’aide. Je suis indifférente, tout en étant contente pour elles, parce qu’elles se sont ‘abord battues. C’est d’abord ce que je loue chez elles, à savoir leur pouvoir intérieur et leur force de caractère, les femmes l’ont toujours été; elles sont obligées maintenant d’entrer dans la logique matérialiste masculine pour dominer, toutes n’adoptent pas cette stratégie, ce n’est pas ce qui les empêche d’avoir du pouvoir, dès lors qu’elles veulent faire avancer l’humanité.