Elections présidentielles américaines : La bataille identitaire entre Kamala Harris et Donald Trump
Chaque semaine, dans le cadre de l’émission « A contretemps » de Zitata animée par Gérard Dorwling-Carter, les chroniqueurs traitent librement de différents sujets d’actualité. Voici la version « écrite » de l’une des rubriques du vendredi 6 septembre :
La campagne présidentielle américaine qui oppose Kamala Harris à Donald Trump en cette fin d’année 2024 se joue en grande partie sur une thématique identitaire ouvrant la voie à de tristes dérives. Chacun des deux candidats incarne une vision spécifique et polarisée de l’Amérique, façonnée par des thèmes communautaires qui “crispe” la société au point de la fractionner. Cette élection est en effet marquée par la question raciale, question qui est abordée de manière beaucoup plus directe et décomplexée qu’en Europe. Alors, quelles sont concrètement ces visions identitaires que les candidats nous proposent ?
Kamala Harris et l’Amérique multiraciale
Kamala Harris est, en soi, le symbole d’une Amérique multiraciale et diversifiée. Première femme noire et sud-asiatique à être vice-présidente des États-Unis, Harris incarne une nouvelle ère de la politique américaine. Sa candidature s’appuie sur une vision inclusive, prônant l’unité dans la diversité. Elle défend des politiques qui visent à réduire les inégalités raciales et économiques, telles que la réforme de la justice pénale et l’accès à des soins de santé abordables pour tous.
Harris représente cette Amérique du melting pot, où l’identité nationale se construit à partir d’une mosaïque de cultures, de couleurs et de croyances. Pour beaucoup d’Américains, elle symbolise un espoir de changement et de justice sociale, une Amérique où chacun, quelle que soit son origine, trouve sa place.
Donald Trump et l’Amérique traditionnelle
Face à elle, Donald Trump incarne une vision différente. Il représente une Amérique “blanche” et conservatrice, souvent nostalgique d’une époque perçue comme plus stable et prospère. Trump, durant son mandat précédent, a souvent utilisé une rhétorique nationaliste et populiste, soulignant le besoin de « protéger » l’Amérique des influences extérieures et des changements démographiques rapides. Il a aussi été critiqué pour ses commentaires polarisants et sa gestion des tensions raciales. On se souvient notamment du triste assaut du Capitol le 6 janvier à Washington.
Trump se positionne comme le défenseur des classes moyennes blanches, qui se sentent parfois délaissées par les évolutions économiques et sociales. Pour ses partisans, il incarne la défense des valeurs traditionnelles et le refus de ce qu’ils perçoivent comme une transformation radicale de l’identité américaine.
Une Amérique déchirée ?
Ces deux visions sont-elles conciliables ? L’Amérique de Harris et celle de Trump semblent représenter deux pôles opposés d’une nation en pleine mutation. D’un côté, une ouverture vers la diversité, de l’autre, un repli sur une identité traditionnelle. Ces deux visions reflètent des angoisses et des aspirations profondément enracinées dans la société américaine.
Les tensions raciales, qui ont éclaté de manière dramatique ces dernières années, montrent à quel point le débat sur l’identité est central et chargé d’émotions. La question raciale, en particulier, met en lumière les défis de l’intégration et de la coexistence pacifique dans une société de plus en plus diverse. Une société que les valeurs profondes d’une République “à la française” ne parviennent pas à protéger.
Dans cette élection, il est essentiel de comprendre que ces visions ne sont pas simplement des stratégies politiques, mais qu’elles touchent au cœur même de ce que signifie être Américain aujourd’hui. Kamala Harris et Donald Trump offrent deux perspectives distinctes pour l’avenir du pays. Une chose est sûre, le choix des électeurs ne définira pas seulement le prochain président, mais aussi la direction que prendra l’Amérique dans sa quête d’identité. Alors, on se prend à rêver : et si ce grand peuple, fils de l’immigration, parvenait enfin à sortir définitivement de ses obsessions identitaires pour s’accepter tel qu’il est, un peuple d’hommes et de femmes unis dans la construction commune du grand rêve américain : le rêve de la démocratie, de la liberté et du progrès partagé.