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Capitaine Gérard PIERRE-ROSE dit « Prince » : un combattant martiniquais héros de la Résistance

  • Fort-de-France, 26 janvier 1913 : naissance à Fort-de-France de Gérard PIERRE-ROSE dans une famille de cinq enfants.
  • Barrême, 18 juillet 1944 : le capitaine PIERRE-ROSE dit « Prince », dit « Manfred » est exécuté froidement par un officier allemand après avoir été torturé.
  • De Fort-de-France à Barrême, quel est l’itinéraire de ce martiniquais, héros de la Résistance ?

Tout commence à la Trinité où son père, receveur des PTT, a été muté. C’est dans cette commune que grandit le jeune Gérard et dans laquelle il effectue sa scolarité primaire. Brillant élève il peut accéder à la classe de 6e du Lycée Schoelcher à Fort-de-France. De la 6e à la 1ere il y obtient le prix d’excellence. En 1932 il réussit au baccalauréat de mathématiques avec mention ainsi qu’au concours des bourses ce qui lui permet de poursuivre ses études à Paris, au lycée Louis-le-Grand.

Gérard PIERRE-ROSE ambitionne d’intégrer l’École coloniale. Malgré ses bons résultats il ne réussit pas au concours d’entrée mais obtient sa licence en droit. La carrière militaire le tente : il s’inscrit à l’École militaire de Saint-Maixent. Il en sort avec le grade de sous-lieutenant et est nommé, en 1939, à Saint-Louis du Sénégal.

Quand la guerre éclate il est toujours en Afrique où il demeure jusqu’en 1942. De retour en France il doit rejoindre le cantonnement de Fréjus. Mais en septembre 1943, il quitte l’armée pour rejoindre la Résistance. D’abord instructeur à l’école des cadres du Service Maquis des Basses-Alpes, il en prit ensuite la direction.

Son engagement, son sens du combat et son charisme en font rapidement un chef respecté et un exemple pour tous les combattants du maquis. Il se fait également respecter et aimer des paysans qui assurent la subsistance des maquisards. Trop connu sous le surnom de « Prince », il adopte celui de « Manfred » quand il prend la direction du maquis. Il nomme aussitôt celui-ci « Fort-de-France ».  Pendant des mois il mène avec ses hommes de nombreuses actions victorieuses contre l’armée allemande. Manfred devient une légende dans la région.

Juin 1944, c’est le débarquement en Normandie. Les résistants français de l’intérieur ont reçu comme instruction de harceler l’armée allemande et d’effectuer des actions de sabotage pour ralentir l’envoi de renforts sur le front normand. Le 14 juin 1944 les hommes du maquis de Fort-de- France anéantissent plusieurs convois ennemis, mais ils subissent de nombreuses pertes.

Début juillet 1945, le capitaine PIERRE-ROSE et le maquis de Fort-de-France harcèlent l’armée allemande pour l’empêcher de progresser sur la route entre Digne et Nice. Les officiers allemands veulent tout faire pour s’emparer de ce résistant, combattant hors pair.

Le 15 juillet 1944, le capitaine PIERRE-ROSE doit se rendre à une réunion. En règle générale, pour mieux faciliter la coordination avec ses hommes et pour tenir compte du caractère montagneux de la région, Manfred se déplace à moto. Ce 15 juillet, il a un accident et se blesse à la cheville. Il se réfugie dans un village où il reçoit les premiers soins de ceux qui l’ont accueilli.

Le 16 juillet, plusieurs chefs résistants tombent dans un piège tendu par la Milice et la Gestapo. Manfred, quoiqu’encore handicapé par sa blessure à la cheville, se déplace dans la vallée de l’Asse pour réorganiser les liaisons avec ceux qui ont échappé au guet-apens de la veille. Il se réfugie dans un petit village, Mézel, où un résistant doit le récupérer la nuit.

Mauvaise coordination ? Trahison ? …

Les Allemands découvrent sa cachette, l’arrêtent, le frappent sauvagement, le ligotent et commencent à l’interroger. Devant sa résistance les Allemands le torturent. Le capitaine PIERRE-ROSE leur dit alors : « N’insistez pas Messieurs, un officier français de l’Armée noire ne parle jamais ».

Le 18 juillet le capitaine PIERRE-ROSE est jeté dans un camion avec des membres des Forces Françaises de l’Intérieur, des résistants et des otages. Le camion prend une route de montagne suivi par plusieurs autres camions allemands. Direction Barrême. Pendant tout le trajet les Allemands sont confrontés à plusieurs embuscades menées par des maquisards. En représailles, après chaque embuscade, les Allemands exécutent un prisonnier.

Après la troisième embuscade, au lieudit « la Barre d’Auran » près d’une voie ferrée, deux prisonniers sont sortis des camions : le capitaine PIERRE-ROSE et le capitaine ARNOUX. Ils sont froidement exécutés et leurs corps abandonnés avec interdiction de les déplacer avant quatre jours.

La dépouille du capitaine PIERRE-ROSE est inhumée à Barrême où une place porte son nom avec la plaque « Capitaine PIERRE-ROSE dit Manfred, héros de la Résistance ».

Au cours de sa séance du 26 mars 1946, le conseil municipal de Fort-de-France donne son nom à la rue qui conduit de l’avenue Pasteur à la route de la Folie. D’autres communes, de Martinique comme de la France continentale, donnent le nom du Capitaine Gérard PIERRE-ROSE à des places, des rues, des allées.

Le capitaine PIERRE-ROSE a été reconnu « mort pour la France ». À titre posthume lui sont décernées : la Médaille de la Résistance avec rosette le 24 avril 1946, la légion d’Honneur et la Croix de guerre le 16 juin 1946. Une Amicale du Maquis de Fort-de-France a été créée qui commémore chaque année la mémoire de ceux qui se sont battus au prix de leur vie.

En 1994, la ville de Barrême s’est jumelée avec celle du Morne-Rouge.

En décembre 1941, alors qu’il est à Alger, Gérard PIERRE-ROSE rencontre Amélie PLONGEUR. En juillet 1944, elle est avec lui. Les Allemands la recherche après l’arrestation et l’exécution de « Manfred ». Amélie est enceinte. Elle est recueillie et cachée par des familles de maquisards. Leur fille, Monique, naît le 16 septembre 1944.

Danielle MARCELINE

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