Blog

Agriculture en Martinique : Entre Crise et Renaissance

Chaque semaine, dans le cadre de l’émission « A contretemps » de Zitata animée par Gérard Dorwling-Carter, les chroniqueurs traitent librement de différents sujets d’actualité. Voici la version « écrite » de l’une des rubriques du vendredi 29 novembre :

La Martinique, pourtant riche de son histoire agricole et de ses terres fertiles, fait face à une crise profonde. La question se pose : comment redonner vie à un secteur qui peine à nourrir sa population et à séduire les nouvelles générations ?

Un état des lieux préoccupant

En Martinique, l’agriculture est à la croisée des chemins. Deux filières principales, la banane et la canne à sucre, dominent le paysage agricole. Bien organisées, ces filières exportatrices bénéficient d’une structuration et de soutiens économiques solides, mais elles ne suffisent pas à répondre aux besoins alimentaires locaux.

À côté de ces “grandes filières”, l’agriculture de diversification – maraîchage, fruits, élevage, etc. – est quasi inexistante ou mal structurée. Résultat : 80 % de notre alimentation est importée. Cela pose de graves questions en matière de souveraineté alimentaire et de résilience face aux crises économiques et climatiques.

Les métiers agricoles, quant à eux, souffrent d’un manque criant d’attractivité. Les jeunes générations délaissent ces métiers perçus comme difficiles, peu valorisés et peu rémunérateurs. Pire encore, beaucoup d’agriculteurs approchent de l’âge de la retraite sans relève assurée.

Les enjeux majeurs

  • Atteindre une souveraineté alimentaire : Réduire notre dépendance aux importations est vital, non seulement pour garantir l’accès à une alimentation locale et de qualité, mais aussi pour sécuriser notre économie face aux fluctuations des marchés mondiaux.
  • Réhabiliter l’attractivité des métiers agricoles : L’agriculture doit redevenir une carrière digne, moderne et attractive. Cela passe par la revalorisation des revenus, de meilleures conditions de travail et un soutien accru aux jeunes agriculteurs.
  • Adapter le cadre normatif et réglementaire à nos conditions de production “tropicales” (climatique, agronomiques…)
  • Répondre aux défis environnementaux : L’agriculture doit être au cœur de la transition écologique, en développant des pratiques durables et en valorisant la richesse des écosystèmes martiniquais.

Trois idées prioritaires pour réveiller l’agriculture martiniquaise

Créer une filière de diversification structurée et ambitieuse

Le succès de la banane martiniquaise pourrait inspirer l’organisation des filières de diversification. Il est urgent de structurer les filières locales (maraîchage, fruits tropicaux, élevage, etc.), en développant des coopératives et en renforçant les circuits courts. Cela permettrait aux producteurs d’avoir des débouchés fiables et rémunérateurs, tout en offrant aux consommateurs des produits locaux de qualité.

Former une nouvelle génération d’agriculteurs

« Il ne manque pas de terres agricoles, il manque des agriculteurs ». Il faut investir massivement dans la formation et l’accompagnement des jeunes. Créer des écoles agricoles innovantes, mettre en place des incubateurs pour les projets agricoles et offrir des incitations financières pour encourager les jeunes à reprendre ou à créer des exploitations agricoles.

Lancer un plan de souveraineté alimentaire

Un plan ambitieux doit être mis en œuvre pour produire localement une part significative de notre alimentation. Ce plan pourrait inclure la mise en valeur des terres agricoles abandonnées, des incitations fiscales pour les cultures vivrières et la promotion d’une agriculture agroécologique, adaptée à nos conditions climatiques. Il devra aussi faciliter l’accès aux aides Françaises et Européennes.

S’inspirer du succès de la banane

La filière banane, bien que critiquée, a su s’organiser, moderniser ses outils de production et développer une image de marque forte. Ce modèle de structuration peut inspirer l’agriculture de diversification : mutualisation des moyens, appui technique aux agriculteurs, développement de labels de qualité (exemple : « produit en Martinique ») et accès facilité aux marchés locaux et régionaux.

Un défi collectif pour l’avenir

Réussir cette transformation de notre agriculture, c’est garantir à la Martinique un avenir plus autonome, plus résilient et plus respectueux de l’environnement. Mais cela nécessite l’engagement de tous : pouvoirs publics, agriculteurs, consommateurs. Achetons local, soutenons nos producteurs, valorisons notre terroir !

La Martinique a les atouts pour redevenir une terre nourricière

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *