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Le blues de la rentrée

Jacky DAHOMAY
Jacky DAHOMAY

Né le 13 mars 1946 à Pointe à Pitre, Jacky DAHOMAY est philosophe, professeur de la chaire supérieure au Lycée de Bainbridge (Guadeloupe). Il a publié de nombreux articles dans des revues diverses aussi bien concernant la philosophie morale et politique que portant sur les fondements anthropologico-politiques des sociétés caribéennes issues de l’esclavage.
Jacky DAHOMAY nous a adressé le texte ci-après que nous vous invitons à lire, dans lequel il exprime toute son inquiétude devant la montée de la violence aux Antilles, grave phénomène dans lequel notre responsabilité collective est engagée.  

 
 
Je ne sais pas si, en ce moment, il existe des Guadeloupéens heureux. Sans doute, car il  y a des gens capables d’être  heureux en se fermant les  yeux sur leur entourage.  Mais pour qui aime son pays ou pour le moins s’interroge sur son devenir, il faut reconnaître que rien ne va plus.
La vérité est là, toute crue :  si une ville  comme Marseille est actuellement le  centre d’une attention  soutenue de l’Etat, de l’opinion publique et des partis politiques, de droite comme de gauche, qui sont prêts à se pencher ensemble sur la situation d’une ville de plus d’un million d’habitants, notre petit pays de 420 000 habitants à peu près connait deux  fois plus de morts par assassinats que la  cité phocéenne. Plus même qu’une  ville comme New York. Toute proportion gardée, on peut affirmer que la situation de notre pays à ce sujet est d’une extrême gravité.
Pourtant que faisons-nous, à part quelques tentatives isolées ? J’ai  eu l’occasion de l’écrire dans un texte antérieur, que nous avons nos responsabilités face à ce que sont nos pays devenus.  Je parlais  bien sûr de la  pollution de nos îles par les pesticides mais c’était aussi pour signaler notre irresponsabilité face à tout ce  qui peut consister en un bien commun. Car cette violence qui atteint un degré sans précédent doit nous interpeller. Sa solution ne peut être ni policière ni judiciaire.
Si la répression en  ce  domaine doit être  sans failles, on ne peut, comme disait Rousseau, mettre un policier derrière chaque citoyen. Cette violence est sans doute le signe  d’une dé-symbolisation généralisée de l’existence collective. Les gens de ma génération, même dans leur militance, ont leur part  de responsabilité et il ne s’agit pas de le nier en poursuivant la sempiternelle condamnation du « colonialisme français ». Nous avons su développer des  luttes sociales intenses dans le même  temps qu’au plan sociétal, notre société n’a cessé d’évoluer bien loin de nos représentations idéologiques.
L’heure est donc venue au rassemblement, en particulier nos élites doivent hisser leur intelligence à la hauteur de la compréhension de notre dure réalité. Mais, là encore, n’est-ce pas demander l’impossible ?
Jacky DAHOMAY

2 Commentaires

  1. Erick

    Je suis en parfait accord avec vous. Nous devons absolument retrouver au plus vite deux valeurs: La FIERTE et le RESPECT. Comment ? En remettant en place un « service civil » allant de 2 à 3 mois maximum. Quel but ? Donner une formation de secouriste à tous ( Protection contre les cataclysmes. Qui dit secours, dit don de soit.), permettre à toutes les catégories sociales de se rencontrer pour une FIERTE retrouvée. Pourquoi ? Que les deux pépites brillent au soleil par le lustre de nous même.

  2. Arnoux Nicolas Jocelyne

    écrire pour exprimer de telles évidences sans rien proposer, de la part d’un philosophe, que par ailleurs le respecte !! et après on se demandee pourquoi tant de violence parmi les jeunes antillais, non caraibéens, !! c’est justement la pauvreté de nos élites intellectuels , il en est juste la peuve, hélas! a moins qu’il ne développe ailleurs une pensée constructive

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