DANS LES COULISSES DE LA VIOLENCE
25 avril 2020
DANS LES COULISSES DE LA VIOLENCE
Les services d’ordre ont eu à déplorer, il y a peu, le regroupement « d’activistes » aux abords des grandes surfaces, selon une fréquence hebdomadaire.
Réunis à l’entrée de ces grandes surfaces, ces groupes de jeunes et moins jeunes vociférant, chantant, s’accompagnant d’une musique essentiellement constituée d’instruments à percussion, agitant des drapeaux non officiels, suscitaient la curiosité et l’incompréhension des clients.
Les récriminations entendues portaient sur un problème de santé publique – lié au chlordécone – et imputable à la prétendue complicité de certains chefs de grandes entreprises.
Ce posant en justiciers, ce groupe de manifestants était déterminé à faire entendre sa voix.
Outre la gêne occasionnée par leur présence aux abords de ces centres commerciaux, à l’encontre d’une part de la clientèle, entravée dans l’exercice d’une liberté fondamentale, à savoir le droit de se déplacer ; puis d’autre part au responsable de la structure commerciale, menacé dans l’exercice de sa profession et victime, comme son personnel, d’intimidation et d’atteinte à la liberté de travailler.
La presse écrite s’est proposée d’entendre les arguments des uns et des autres et plus spécialement ceux des manifestants, invités à s’exprimer sur leur motivation (in Antilla n° 1914 du 26 mars 2020). Quand le journaliste interroge l’un des « cerveaux » du groupe -universitaire de surcroît- il s’entend exposer les raisons de cette colère.
Ainsi cet universitaire reproche-t-il au responsable d’un des magasins attaqués, sa « position dominante » dans la société.
Il comprend et excuse à sa manière « la violence qui fait parfois partie de ce genre de dynamique ». !! Voudrait-t-il faire l’apologie de la violence qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Sur quelles actions en justice à l’encontre d’un chef d’entreprise, base-t-il ses récriminations ? L’on n’en trouver aucune trace dans son propos.
Dans un état de DROIT, est-il légitime de faire référence au seul ressenti – la victimisation en l’occurrence, héritée de notre douloureux passé – pour réclamer la réparation d’une injustice ? et laquelle ? Aurait-on oublié que pour statuer, la JUSTICE s’appuie sur des FAITS précis.
En l’absence de faits, l’universitaire reproche au chef d’entreprise d’occuper « une position dominante ».
Mais est-ce un crime, quand on sait par ailleurs, que dans d’autres contextes, la position dominante est activement recherchée parce que porteuse de fierté, qu’il s’agisse du monde sportif (qui fabrique des champions dans une multitude de disciplines) celui de l’élégance (avec les concours de beauté) et des études (réussir son bac avec mention est source de fierté). Quant aux milieux littéraires, les lauréats aux différents concours apparaissent comme des « intouchables ».
L’on ne comprend vraiment pas pourquoi on lance des flèches acérées à ceux qui ont brillamment réussi dans le monde économique et qui de surcroit se signalent par leur générosité envers les plus démunis en cette période de pandémie !
Cette sorte de jalousie sociale nous donne une idée de la révolution copernicienne que nous avons à opérer mentalement.
- cesser de se vivre en victime de l’HISTOIRE.
- s’interdire d’accuser l’autre de nos malheurs
- cultiver la pensée positive
- rechercher l’excellence.
En un mot, avoir un idéal, celui du dépassement de soi par le travail.
Livie PIERRE-CHARLES
Birckel Martin
Sans se poser en victime de l’Histoire, un métis martiniquais peut se demander pourquoi lui et ses enfants se rangent dans une supposée « communauté noire »… Comment expliquer que messieurs de Jaham et de Raynal parlent eux-mêmes d’une « communauté béké » dans l’article sur les manifestations haineuses ?
Je ressens profondément dans tout cela l’empreinte indélébile de la « One drop rule », qui veut que ne soit pas « blanc » quiconque a une seule goutte de sang « noir »… si loin qu’elle remonte.
A une époque où l’on sait que nous avons tous le même ADN humain, ces réflexions me donnent le vertige. Comment me faire une opinion claire de ce qui se passe actuellement en Martinique, si je n’en connais pas la véritable histoire ? Si je n’apprends pas que l’arrière grand’mère de mon époux a été violée par son maître, et que l’enfant né de ce viol, a été un esclave à son tour ? Que le Code Noir interdisait que des enfants « naturels » métisses, portassent le nom de leur géniteur ?
Quatre générations après celà, des séquelles psychologiques pèsent lourdement sur la notion d’identité, sur le sentiment d’appartenance à une lignée familiale claire… Sur l’appartenance de droit, pleine et entière à la communauté des humains.
Je pense que si un travail de « réconciliation » est à entreprendre, il ne peut se conduire que sous la forme très médiatisée d’une « thérapie familiale » collective. Car je suppose que la transmission des traumatismes et violences de la période esclavagiste peut peser aussi très lourdement sur les descendants des maîtres.
Je ne mets pas leur bonne foi en doute. Je ressens que leur démarche pourrait se formuler différemment, sous la forme d’une proposition de dialogue ou chacun pourrait trouver des voies de résilience.
Un dialogue constructif sous la houlette de personnalités compétentes dans l’animation et la reformulation des paroles… Sans objectifs économiques ou politiques. Sans finalités autres que la résilience collective, empêchée par les silences et mensonges, l’absence de mémoire, l’ignorance, la volonté d’oubli, la honte secrète (poison de l’âme) partagée de part et d’autre (avoir fait subir… avoir subi…).
Commentaire qui m’est dicté par mon désir profond de voir disparaître des comportements, de ne plus entendre des paroles, de ne plus croiser des regards qui blessent l’humanité…
Car le racisme à la Martinique reste un problème qu’il est nécessaire de voir diminuer en apaisant les diverses composantes historiques de cette société insulaire. Cette démarche apaisante pouvant servir d’exemple dans la france hexagonale qui en a elle aussi, grand besoin !
Merci de m’avoir lu, et accepté de publier mon commentaire. Danièle Birckel Martin