Le Créole n’est pas une race !
Comité « Réflexion créole » : nos adhérents et sympathisants sont animés par la foi en un monde créole solidaire et plus fort, car uni dans un passé et un destin communs. Du chaudron fondateur de nos origines est née cette infinité de nuances qui colorent la peau des Créoles à des degrés divers, auxquels des arrivants de l’Inde, de Chine ou du Proche-Orient sont venus, à leur tour, apporter des touches ou des tonalités nouvelles.
Nos populations présentent au XXI° siècle un extraordinaire patchwork d’hommes et de femmes ayant la peau pâle ou brune, les yeux clairs ou sombres, le cheveu lisse ou crépu. Les territoires créoles sont devenus, en un temps remarquablement bref, une sorte de résumé de la planète, plongeant les racines de leurs populations dans plusieurs continents, et mélangeant ces racines. Nous sommes chacune et chacun un échantillon de cette remarquable mosaïque humaine, que nous n’avons pas su qualifier autrement que par l’exclamation « Tous Créoles ! ». On est créole de peau, créole de culture, créole d’adoption, fruit d’une histoire qui n’est pas plus gaie ni plus triste qu’ailleurs, mais fruit de pays qui ont été, par la grâce de la nature et les hasards de l’Histoire, de curieuses machines à rassembler les diversités, tout en laissant la place aux nuances.
De ce fait, nous avons toujours été interpelés par la définition du terme «créole» donnée généralement les dictionnaires faisant actuellement autorité : « personne de race blanche née dans les régions intertropicales » ! Ce qui ne correspond plus à aucune réalité, dans la mesure où ce mot a connu –et continue de connaître- un glissement sémantique considérable. En effet, il y a fort longtemps que « cuisine créole », « maison créole », « musique créole », « chien créole » ou « littérature créole » ne désignent plus la cuisine, l’habitation, la musique, l’animal de compagnie ou encore les œuvres de « personnes de race blanche nées dans les régions intertropicales ».
Tous les Antillais (et avec eux les Saint-Luciens, les Mauriciens, les Réunionnais, certains Malgaches, les Guyanais…) se revendiquant d’une culture créole, apprécient la cuisine et la littérature créoles, pratiquent les danses créoles, se reposent dans leurs villas de style créole, caressent leur chien créole, parlent entre eux le créole.
L’identité créole, c’est non seulement la double, voire triple ou multiple nationalité avec la Caraïbe, la France, l’Afrique, les USA, l’Europe, mais c’est aussi la cuisine que l’on prépare, les gestes dans la communication, le folklore, la musique que l’on chante, l’intonation avec laquelle on parle, notre façon de danser. L’identité créole, c’est aussi le sens de la communauté.
De fait, la créolité rompt avec une structuration identitaire figée ; c’est un processus constant, à partir duquel se fondent son originalité et la force de sa modernité. Car chercher à geler nos identités serait une entreprise illusoire, tout autant que prendre nos pays pour en faire des enclos, à l’heure où le monde devient un village trans et inter connecté. La créolité est une novation qui préfigure certainement l’individu de demain. C’est là, pour notre époque, un avantage certain. Et c’est cela, notre conception du terme « créole ». Le Créole n’est assurément pas une race !
D’ailleurs avant 1848, dans tous les textes (Père Labat, Victor Schœlcher, etc.), on parlait de « Blancs créoles » et de « Noirs créoles » ; lorsque les contingents d’Antillais partirent pour le front durant la première Guerre mondiale, on les décrivait, toutes ethnies confondues, comme des Créoles.
Aussi, notre association ambitionne-t-elle aujourd’hui de contribuer à faire évoluer dans un proche avenir la définition du terme « créole », afin de la rendre conforme aux réalités du XXI° siècle. Dans ce but, nous proposons la création d’un Comité « Réflexion créole » qui réunirait des personnalités issues du Monde créole, c’est-à-dire aussi bien de la Caraïbe et de l’Océan indien, que de l’Europe ou d’Amérique du nord.
Les premiers noms qui nous sont venus à l’esprit sont ceux de Françoise Vergès, Pascal Saffache, Jacky Dahomey, Édouard de Lépine, Jean Bernabé, Lambert-Félix Prudent, André Lucrèce, Édouard Glissant, JMG Le Clézio, Ernest Pépin, Frédéric Mitterrand, Aude-Emmanuelle Hoareau, Tony Delsham, Jeanne Wiltord, Marie-Reine de Jaham, Patrick Chamoiseau, Jocelyne Béroard, Margaret Tanger, Lydie Condapanaiken-Duriez, Suzanne Dracius, Marlène Parize (…)
Bien entendu, cette première sélection « arbitraire » a pour vocation évidente à s’élargir de façon continue à d’autres personnalités.
Ce projet a été inscrit au programme officiel du Commissariat pour « 2011, L’ANNÉE DES OUTRE-MER FRANÇAIS » par Monsieur Daniel MAXIMIN ; ce dont nous nous réjouissons, car il bénéficiera ainsi des moyens de publicité et de communication mis en œuvre par le Commissariat, en particulier au travers de son site web.
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GROS-LISON
Analyse que je fais mienne sans hésiter!
Intellectuel
Le Robert définit le mot créole par « personne de race blanche née dans les colonies intertropicales ».
Officiellement, la « race » n’existe plus et les « colonies intertropicales » non plus !
Officiellement, c’est donc une définition caduque.
Quand on va aux USA, on y constate un « American Way of Life ».
Quand on est aux Antilles, on y constate aussi une certaine manière d’appréhender l’existence.
C’est ce qu’on peut appeler la créolité.
(« Intellectuel » sur Bondamanjak)
GG
Je suis d’accord à 100%. Il faut anoblir ce terme.
GG
Narol Desbois
Super ! enfin !
nos intellectuels « tous créoles », ces Hommes de justice, militants du vivre-ensemble ou du trempage amical de communion offriront bientôt au monde antillais laboureurs-ses de terre, pompistes, caissiers-ères, fonctionnaires, entrepeneur, coupeurs-ses de canne, agents d’accueil, technicien-nes de surface ou pilote d’Air Caraïbe la panacée d’un changement sémantique officiel dans les dictionnaires de langue Française.
Hosanna !
Nous avons si peu d’urgence. Si tellement peu de difficultés socio-économiques, nous sommes si loin de la sclérose, étranger à la gangrène, ici-même. Comment ne pas se payer un luxe supplémentaire ? Un Comité de penseurs-réfléchisseurs d’une importance Politique essentielle pour la Cité d’aujourd’hui et surtout celle de demain !
Tous Créoles ! Défendons notre identité en plaque ; changeons, que dis-je changeons, révolutionnons dictionnaires et académisme français ! Remplaçons la culture de couleur ou la race de couleur par la culture créole et la non-race créole ! L’ineptie aliénante par la manipulation asthénique généralisée ! Oublions les intérêts, les rapports de pouvoir, de force, les inégalités, les injustices, entre individu, entre groupes sociaux, entre nations ; construisons la grande histoire des Peuples lissent et sans tensions…les peuples « créoles », peuples « gentils » ou la différence (? de quoi au juste ?) est oeuvre collective ! (construire collectivement un monde de différences ?)