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Le tribalisme, obstacle au développement de la Martinique

Jean-Paul JOUANELLE

Jean-Paul JOUANELLE, délégué général de l’association CONTACT-ENTREPRISES, connaît bien l’Afrique de l’Ouest, car ayant vécu en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Fasso et au Sénégal. Influencé par ses expériences africaines, il observe les comportements qui « règlementent » notre société créole martiniquaise. Et il y voit un fonctionnement marqué par ce qu’il appelle le « tribalisme » !
 

Au cours d’un déjeuner-débat récemment organisé par le Club Soroptimiste, Jean-Paul JOUANELLE a développé son audacieux concept qui ne peut que surprendre, a priori. Ci-après l’intégralité de son intéressante intervention : 
Madame la présidente, Mesdames, Messieurs, chers amis,
D’abord une précision, j’ai été présenté sur l’invitation à laquelle vous avez eu l’amabilité de répondre comme le délégué général de Contact-Entreprises, ce que je suis en effet. Mais je tiens à dire que je ne m’exprime pas ici en cette qualité. Les propos que je vais tenir n’engagent que moi.
Au moment de prendre la parole devant vous, je me souviens qu’il y a 21 ans, j’avais été invité par mon oncle Robert VILO à m’exprimer devant le Rotary dont les membres se réunissent jusqu’à présent, je crois, à « l’Impératrice ». On était donc en 1980, j’étais sur le point de boucler un stage passionnant à la Commission des Communautés Européennes et j’avais, avec une certaine inconscience, essayé de répondre à la question  suivante : « L’avenir de la Martinique sera-t-il européen ?». J’avais évidemment répondu affirmativement. Vous imaginez aisément les réactions qui avaient suivi mon exposé si vous vous replacez dans le contexte de l’époque. On ne parlait même pas encore du loup qui allait nous dévorer. Un ami présent ici auquel je racontais cela m’a dit « Décidément, tu as le sens de la provocation ! ». C’est ainsi que j’ai été alerté sur le fait que parler de tribalisme en Martinique pouvait choquer certains de mes auditeurs. J’ai ensuite eu d’autres réactions d’amis me conseillant de faire attention, de manier ce concept de tribalisme avec précaution, de ne pas me griller etc.
C’est que lorsqu’à la suite d’échanges avec Madame Livie PIERRE-CHARLES, j’ai accepté son invitation à m’exprimer devant vous sur ce sujet, je ne savais pas que je prenais tant de risques.
Et je dois dire que la légère inquiétude que j’ai ressentie à la suite des avertissements de mes amis a maintenant grandi considérablement. D’abord je dois vous dire que je trouve extrêmement intimidant que vous ayez, si nombreux, décidé de prendre sur votre temps que je sais précieux pour venir m’écouter : vous pouvez en convenir : l’audience que vous formez est sans nul doute beaucoup plus qualifiée que moi s’agissant du sujet dont je vais vous entretenir car il s’agit de la Martinique, de sa sociologie, de ses caractéristiques, de ses problèmes sociaux.  Vous tous les vivez depuis beaucoup plus longtemps que moi et en avez une connaissance incomparablement plus intime que celle que j’en  aujourd’hui.
Parce que, et nous nous glissons tout doucement, vers notre sujet, je ne suis pas que Martiniquais. Et à ceux qui me demandent, hors de Martinique, comme cela m’est arrivé il y a quelques jours à Lusaka, en ZAMBIE,  de dire ce que je suis, je réponds que je suis Martiniquais, certes, puisque mon père et ma mère sont martiniquais et que j’ai passé ici une vingtaine  d’années. Mais j’aurai le mois prochain 59 ans, et cette qualité de Martiniquais ne suffit donc pas à me définir puisque je suis aussi quelque part, Parisien, Guyanais,  Saint-Martinois et peut être surtout Africain de l’Ouest, puisque j’ai vécu en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, et au Sénégal. Il est en tout cas difficile de me mettre dans un tiroir ! Et pour moi, il n’est pas question de trancher entre ces différentes attaches : je prends tout. J’assume tout.
J’ai dit surtout Africain de l’ouest. C’est en effet dans cette région du monde que j’ai passé les 8 premières années de mon enfance, les plus marquantes, on le sait. Jusqu’à ce qu’en 1960, année des indépendances africaines, ma mère prenne la sienne en décidant de se séparer de mon père et de retourner avec ses deux enfants en Martinique.
Vous aurez donc compris l’enfant de 8 ans que j’étais alors a vu la Martinique de ses parents avec des yeux d’africain. Africain très privilégié certes, mon père étant comme on disait alors « administrateur de la France d’outre-mer ». Mais Africain quand même parce que j’avais reçu une éducation française par mes parents et par l’école mais aussi africaine traditionnelle puisque pratiquement la totalité de mes camarades de classe et de jeux étaient africains : Bambaras, Malinkés, Sarakolé Peuls, Dogons, Touaregs etc.
Je suis ensuite retourné en Afrique de l’ouest, précisément en Haute-Volta, pays qui s’appelle aujourd’hui le Burkina Faso, ce qui veut dire « Le pays des hommes intègres », juste après la fin de mes études universitaires en septembre 1977. J’y ai effectué mon service national pendant 2 années scolaires en tant que professeur d’histoire et de géographie auprès de classes de seconde, première et terminale. J’ai enchainé avec une année ou j’ai sillonné l’Afrique de l’ouest à moto en dormant pratiquement chaque nuit dans un village différent.
Enfin, j’ai effectué un troisième séjour en Afrique de l’ouest dans des conditions un peu particulières, en tant que diplomate à l’ambassade de France à Bamako, capitale du Mali pendant deux années cruciales, 2000 et 2001. Le Mali était alors membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU.
Je vous raconte tout cela afin que vous puissiez comprendre que c’est en grande partie avec un regard formé par mes expériences africaines que, jusqu’à présent, j’observe les manières de vivre, les comportements, les nombreux codes qui « règlementent » notre société martiniquaise. Et c’est vrai, j’y vois un fonctionnement marqué par ce que j’appelle le tribalisme.
Voilà, le grand mot est lâché et il faut peut–être que je vous dise tout de suite ce qu’il recouvre pour moi au-delà des  définitions qu’en donnent le Larousse « organisation de type tribal » et le Robert : « Organisation sociale en tribus » qui ne nous éclairent pas beaucoup.
 Et à ceux et celles que ce terme peut hérisser, je conseille de le remplacer mentalement quand ils ou elles m’entendront le prononcer par le mot plus acceptable peut être de « communautarisme ».
Le tribalisme, c’est le sentiment d’appartenance à une tribu, c’est-à-dire un groupement humain ayant en échange une même culture fondée essentiellement sur la langue. C’est au départ un phénomène tout à fait normal en soi. En chaque homme, il traduit la conscience de son identité qu’il estime être la sienne à laquelle s’attachent des devoirs culturels et moraux, des valeurs. A ce stade, il concourt à l’affirmation d’une identité culturelle et il n’y a là rien de répréhensible ou de condamnable.
Mais le tribalisme devient un danger, en revanche quand on valorise son identité propre, sa tribu au détriment de celle des autres. On assiste alors dans bien des cas à des situations où l’affirmation de soi passe chez de nombreuses personnes par la négation de l’autre. La volonté de puissance pousse à la domination de l’autre ou, pire encore, à son mépris. On tombe alors dans le tribalisme négatif, celui qui devient prétexte pour agresser l’autre, l’exploiter ou le dominer.
Pour moi, ces deux tribalismes, celui que je considère comme normal et, on le verra positif, et le second qui  au contraire est porteur de conflits, peuvent concerner le monde entier, pas seulement les peuples non occidentaux.     
Or, la plupart du temps, l’usage du mot tribu comme de son dérivé « tribalisme » est réservé aux peuples non occidentaux, aux soi-disant « primitifs » et pour tout dire aux « barbares ». Ce que recouvre souvent ce mot, c’est une absence de civilisation, la civilisation elle-même supposant la constitution d’un Etat, réalité politique abusivement posée comme inconnue des africains précoloniaux , ce qui est totalement faux évidemment.
Je vais donc tenter de vous dire ce que ce mot recouvre dans ses deux acceptions en Afrique.
D’abord son acception je dirai positive. Il faut d’abord remarquer que le tribalisme, l’organisation de la société en tribus existe dans tous les pays de l’Afrique Noire et que cela ne se traduit pas toujours, loin de là heureusement,  par des conflits entre tribus ou des guerres tribales. Le tribalisme peut être harmonieux. Je dirai même plus, il peut être fédérateur.
Pour illustrer cela je ne prendrai qu’un seul exemple, celui du pays que je connais disons le moins mal, en Afrique, le Mali. Jusqu’à une période très récente, voilà un pays dont vous n’entendiez jamais parlé. Hélas, les terroristes d’AQMI ont fait de l’extrême nord du Mali un nouveau terrain d’action et c’est sans doute là que se trouve retenu notre compatriote Thierry DOL. J’ai malgré tout la conviction que, sur la durée, le peuple malien gagnera son conflit contre ces terroristes.
Parce que malgré sa grande diversité ethnique, le Mali est un pays pacifique, démocratique depuis que la jeunesse malienne, rejointe par l’armée  a renversé le dictateur Moussa TRAORE en mars 1991. C’est que, et c’est une exception en Afrique, rarement un peuple a préexisté de manière aussi incontestable à un Etat. Cimentée par l’histoire, la conscience malienne est une réalité, fondée sur la conviction collective d’appartenir à une nation dont l’âge et l’étendue dépassent très largement ceux de l’actuelle République du Mali.
Cet état d’esprit découle de l’histoire du pays. A un moment donné d’une histoire plus que millénaire, chacune des grandes ethnies a connu une période de gloire en régnant sur les autres. La complexité des relations nouées entre les quelques 20 groupes ethniques est infinie. Je veux vous donner l’exemple de ce qu’on appelle la parenté à plaisanteries.
Il s’agit d’une pratique sociale observable dans toute l’Afrique occidentale qui autorise, et parfois oblige, des membres d’une même famille (tels des cousins éloignés) ou des membres de certaines ethnies entre elles à se moquer ou même s’insulter entre elles et ceci sans aucune conséquence : ces affrontements verbaux étant en réalité des moyens de décrispation sociale. Ceci peut également exister entre clans sociaux. J’ai ainsi été témoin d’échanges étonnants entre un DIARRA et un TRAORE alors que j’étais en poste à l’ambassade de France à Bamako.
Le DIARRA en question était mon chauffeur. Le TRAORE était ministre des affaires étrangères. Je venais de déjeuner avec le ministre. Alors que nous sortions du restaurant, je n’avais pas résisté au plaisir de présenter mon chauffeur, un DIARRA donc, au SIDIBE ministre. Et immédiatement, le processus habituel s’était enclenché : Mon chauffeur s’était immédiatement adressé au ministre en lui disant « Vous les SIDIBE, vous avez été nos esclaves ! ». Ce à quoi le ministre avait répondu sans aucunement s’offusquer : « Si tu es aujourd’hui debout pour me parler comme cela, c’est que nous avons sauvé à la bataille de… Vous étiez en déroute devant vos ennemis ! ». Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’ils éclatent de rire tous les deux en se tapant dans les mains…
Les 13 millions de maliens malgré leur très grande diversité ethnique vivent donc leur tribalisme de façon tout à fait pacifique.
Il n’en est pas de même dans d’autres pays africains où le tribalisme a été utilisé pour diviser, conserver le pouvoir et dans certains cas aller jusqu’au génocide. Mais de ces ceux-là vous avez beaucoup entendu parler, les médias étant beaucoup plus intéressés par les trains qui déraillent que par ceux qui arrivent à l’heure.
Je serai donc beaucoup plus rapide sur les situations relevant de ce que j’appelle le tribalisme négatif en ne les citant que pour vous les remettre en mémoire.
Le cas le plus terrible est évidemment celui du RWANDA qui connaitra un véritable génocide. Celui-ci a consisté en l’élimination progressive des membres du groupe ethnique des Tutsi, avec l’intention clairement proclamée de détruire ce groupe totalement .Il a débuté le 7 avril 1994 et a duré une centaine de jours causant 1 174 000 morts soit 13% de la population à l’époque.
Une autre guerre ethnique due à la manipulation des ethnies par les politiques va éclater en 1993 au Congo Brazzaville, mettant aux prises l’ethnie Laari et l’ethnie Bembe. Au cours de ce conflit, deux milices ethniques vont apparaitre. Il s’agit des Ninjas de Bernard KOLELAS et des Zoulous de Pascal LISSOUBA : Bilan 2000 victimes et 50 000 personnes déplacées.
Enfin, juste un mot d’une crise que vous avez tous en mémoire puisqu’elle vient de connaitre un dénouement dont on peut craindre qu’il ne soit que provisoire. Je veux parler de la crise ivoirienne.
Elle a débuté avec l’invention du concept pernicieux d’ivoirité par les partisans du successeur de Félix HOUPHOUET-BOIGNY à la Présidence de la République, Henri KONAN BEDIE. Il s’agissait en fait d’écarter de la course à la Présidence Alassane OUATTARA au prétexte qu’il ne serait pas ivoirien. On a vu depuis les conséquences dramatiques  de cette utilisation du tribalisme devenue une arme au service de leaders politiques ivoiriens incapables d’asseoir les principes démocratiques dans leur pays.
On a donc parlé du tribalisme en Afrique mais je tiens à vous faire remarquer en revenant sur mon propos liminaire que l’on observe des formes de tribalisme dans toutes les communautés humaines et donc également en Martinique.
Au Canada par exemple, le conflit entre francophones et anglophones bat toujours son plein. Les journaux à grand tirages sont remplis d’articles et de témoignages s’y référant. Jusqu’à présent, c’est dans les urnes que ce conflit a été en quelque sorte régulé.
En Belgique, le conflit entre Flamands et Wallons empêche depuis des mois la constitution d’un gouvernement. Un commentateur estimait qu’on se trouvait là dans, je le cite «  une situation de guerre impossible et de paix improbable ».
Après la mort de Tito, c’est bien le nationalisme serbe qui a fait exploser le pays dans une succession de guerres tribales avec leur cortège de massacres et de crimes contre l’humanité. Ceci ne s’est résolu peut être provisoirement là aussi qu’avec la création de nouveaux Etats.
J’espère donc vous avoir prouvé après tous ses exemples que le tribalisme ou le communautarisme est une réalité universelle et que c’est dans ses pratiques qu’il varie d’une société à l’autre.
        Nous pouvons donc aborder je l’espère avec plus de sérénité la situation martiniquaise.
Je prétends donc que mal exprimé dans ses formes et dans ses procédés,  le tribalisme empêche ou détruit la cohésion sociale et est un frein, un obstacle au progrès d’une société et au développement d’un pays.
 Nous pouvons donc maintenant parler du cas de la Martinique à la lumière de tout ce qui précède.
J’affirme donc que le tribalisme existe en Martinique et que ce défi,  le défi du tribalisme, du multiculturalisme est un enjeu fondamental pour l’avenir de notre pays. Je prétends que malgré les efforts très importants de nombreux martiniquais dont je reconnais plusieurs ici que j’ai plaisir à saluer, une difficile intercompréhension entre toutes les composantes sociales martiniquaises est encore à construire comme l’a démontré de manière incontestable le mouvement de février 2009.
Il serait d’ailleurs étonnant que ce défi n’existât point dans un pays dont un crime contre l’humanité perpétré sur plusieurs siècles a été le principal élément fondateur, un pays où l’affirmation identitaire a été de part et d’autre extrêmement violente.
Et cette histoire, c’est un peu le cadavre dans le placard qui permet à un certain nombre d’Ayatollahs qui en ont fait leur fonds de commerce d’entretenir le couple culpabilité /réparation sur fond de multiples clivages raciaux et socio-économiques.
En réalité, la Martinique doit faire face sur son territoire à un enjeu qui est universel en ce début de 21ème siècle.
Comment pouvons-nous valoriser les diverses identités culturelles présentes ici en évitant le repli communautaire, le tribalisme, en favorisant le multiculturalisme ?
A quelles conditions, peut-on mieux se comprendre, pour mieux se tolérer, se respecter et communiquer ?
Peut-on inventer une identité moins conflictuelle ?
Pouvons-nous accepter totalement notre multiculturalisme, le revendiquer et en allant plus loin réfléchir aux moyens juridiques et politiques de l’inscrire dans un projet politique et économique ?
La Martinique et l’outre-mer (je pense que la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion sont également concernées par cette problématique) peuvent-ils cesser d’être un magasin de souvenirs plus ou moins atroces et devenir de véritables écoles de la diversité ?
Peut-on enfin considérer que la diversité historique des métissages est une chance, une formidable ressource politique et culturelle pour ouvrir une réflexion sur de nouveaux rapports entre identité, communauté et citoyenneté à l’heure de la mondialisation ?
Pouvons-nous ici lutter contre le tribalisme qui est ici comme ailleurs un obstacle au développement économique ?
Force est de constater que si tout cela existe potentiellement, les réalités sont différentes.
Certaines représentations ont la vie dure qui influent fortement par exemple sur la culture économique d’une grande partie de la population.
Ainsi pour revenir au mouvement social de février 2009, la représentation qui était donnée des chefs d’entreprises et des entreprises en général de ce pays était peu compatible avec un objectif de développement économique dont chacun ici peut convenir qu’il ne s’effectuera de manière pérenne que si les chefs d’entreprises et les entreprises sont un peu plus respectés et donc protégés.
Le discours dominant présentait le chef d’entreprise comme un exploiteur, un profiteur, titulaire d’une espèce de rente perpétuelle, béké de préférence. L’entreprise était, elle,  l’héritière directe de la plantation et les rapports dans cette entreprise étaient basées sur une exploitation éhontée par le béké, terme dont je vous fais remarquer qu’il va jusqu’à désigner en créole ce qu’on appelle en français le patron.
Il faut imaginer les ravages de cette image des chefs d’entreprise et des entreprises dans la conscience collective et sur le plan économique. Dans ce cadre, toute grève est par nature légitime puisqu’il s’agit forcément de lutter contre je cite le «  mépris » du béké-chef d’entreprise et de se révolter contre la « souffrance » endurée par les travailleurs dans l’entreprise-plantation.
Cette représentation est de plus tout à fait désastreuse quand il est évident que les emplois de demain et même d’aujourd’hui ne se trouvent plus dans la fonction publique d’Etat ou territoriale mais bien dans les entreprises quel que soit d’ailleurs la couleur de la peau de ses dirigeants. En 2011, Jocelyne BEROUARD ne pourrait plus chanter comme en 1984 « man lé an fonktionè… ». On pourrait en effet lui répondre aujourd’hui qu’elle risquerait de ne point trouver le fonctionnaire en question pour cause de compression d’effectifs.
Il s’agit donc là aussi de changer les mentalités en donnant une image plus juste de ce qu’est aujourd’hui une entreprise en Martinique (c’est la principale mission de Contact-Entreprises) et si j’osais, mais je ne le ferai pas, je serais tenté de dire que tout comme Monsieur JOURDAIN faisait de la prose sans le savoir, Contact-Entreprises lutte contre le tribalisme sans le savoir.
Je veux enfin pour terminer évoquer 2 éléments :
D’abord, le caractère exemplaire au sens propre du terme que pourrait revêtir la construction d’une nouvelle société martiniquaise basée sur l’acceptation de son multiculturalisme. On l’a vu plus haut nous sommes là au cœur d’un de enjeux du 21ème siècle.
Ensuite je m’en voudrais de ne pas souligner que s’attache à cet objectif un caractère d’urgence. Si l’on convient que nos blocages hérités de notre histoire sont contre-productifs économiquement et constituent donc des obstacles au développement de notre économie, il faut dire un mot de ceux qui, de mon point de vue, sont parmi les principales victimes de cette situation. Je veux parler des 62, 2% de jeunes de 15 à 24 ans qui sont à la recherche d’un emploi, en clair, de ceux que j’appelle la « génération abribus ». 62,2%, il faut le préciser, c’est le chiffre de 2009 !. On peut présumer que le chiffre de 2010 non encore connu sera plus élevé. C’est là une vraie bombe à retardement.
Pour conclure, je citerai Bob MARLEY dont on a commémoré le 11 mai dernier le 30ème anniversaire de la disparition. On l’entend souvent, mais on l’écoute plus rarement. Dans la très belle chanson « Concrete Jungle », Bob MARLEY disait: « No chains around my feet but I ’m not free ».
Cela s’applique parfaitement à la situation de nos différentes « tribus martiniquaises ».

2 Commentaires

  1. Laurence CABANES

    BRILLANTISSIME !!!

  2. Michel

    FOUTAISE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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