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C’est aujourd’hui, 28 octobre, la journée nationale du créole, Jounen Kréyol !

Gérald Alexandre ROFFAT nous fait remarquer : « Le 25 septembre 2009, dans l’hémicycle Colbert de l’Assemblée nationale, je participais en tant qu’intervenant à la conférence-débat sur la créolité organisée par l’association « Tous créoles !».
A cette occasion, je suis intervenu pour exprimer ma part d’identité créole. J’ai essayé de retranscrire fidèlement ci-dessous le propos et le sens de mon intervention. 
« Etre créole en métropole »  
« Comment est-on créole en métropole ? Pour commencer, je me suis demandé si j’étais légitime pour répondre à cette question. Moi, je suis né ici. J’ai des ancêtres noirs et indiens grâce à ma mère qui est née en Martinique et des ancêtres blancs grâce à mon père qui est né en métropole. Enfin, de ce que j’en sais car j’ai peut-être d’autres racines inconnues.
Comment est-on créole en métropole ? Ou devrais-je dire comment est-on d’origine créole en métropole ?  Ou comment être créopolitain ? Ou encore autrement ? Faut-il m’inventer une autre catégorie, une autre communauté ou identité ? 
Comment est-on créole ? Doit-on nécessairement être blanc né aux Antilles ? Doit-on exclure les Noirs et autres Antillais ? Cette définition ne me satisfait pas. 
Comment est-on créole ? Suffit-il d’être né sur le continent américain ou dans les Antilles ? Et les enfants nés ici de parents créoles ? Sont-ils exclus de l’identité créole ? Cette définition ne me satisfait pas non plus. 
On voit bien que le terrain de l’étymologie est miné. Derrière ces interprétations se cachent deux débats que j’estime dépassés. Le premier débat est celui de l’opposition locale des Blancs contre les Noirs. Le second est celui de l’opposition entre « ceux d’ici » et « ceux de la métropole ». 
Sans rentrer dans ces débats, je suis partisan d’une déracialisation des rapports sociaux et je crois comme disait un acadien que « revendiquer un territoire c’est d’une certaine manière déclarer la guerre aux autres. » 
Alors, comment est-on créole en métropole ? 
Je vis en France métropolitaine. Comment est-on en métropole ? Ma France est une mosaïque de paysages. C’est une mosaïque de régions avec ses cultures régionales, ses cuisines régionales, ses langues régionales et patois. 
Ma France est une mosaïque de gens. C’est aussi une mosaïque de mémoires meurtries. L’Histoire est trop complexe pour une époque qui a besoin de vérités aussi simples que la « colonisation criminelle » ou « la colonisation positive ». Comment vivre une part d’identité créole en métropole ? Qui suis-je ? 
J’ai une identité multiple et complexe. Je suis dans mon cœur et ma tête créole, français, martiniquais, métropolitain, métis, francilien… Je tire ma force du mélange et de l’acceptation des autres. 
Je suis contre l’enfermement identitaire mais sans négation de l’identité, des identités car je parle ici d’enrichissement. 
Comment être créole en métropole ? Sommes nous tous créoles, nous qui sommes aujourd’hui réunis dans cette salle de l’Assemblée Nationale ? Regardons-nous. 
Nous sommes différents mais ensemble.
Nous sommes ensemble marqués dans nos identités par la colonisation de l’Outre-mer et l’esclavage. 
Nous sommes imprégnés de la culture de l’autre, réunis par la culture créole. 
Nous partageons des ancêtres, une histoire commune : 
Cyrille Charles Bissette, l’homme de couleur libre qui a le plus écrit, le plus ferraillé contre l’esclavage au 19ème siècle. Bissette disait : « Consentons donc à un mutuel oubli du passé et jetons loin de nous nos funestes divisions, nos préjugés d’un temps qui n’est plus, les vieilles récriminations qui ne font jamais l’affaire des partis et bien moins encore le bonheur du pays qui doit dominer et faire taire toutes les passions. » Je le rejoins sur tout sauf sur l’oubli du passé car je ne crois pas non plus qu’on puisse faire table rase du passé pour construire l’avenir. Au contraire, c’est la connaissance du passé et l’acquisition du savoir qui fondent l’émancipation à travers l’expression d’une identité créole partagée et ouverte au monde. 
Le général Alexandre Dumas, père de l’écrivain, qui rata son rendez-vous avec l’histoire le 13 vendémiaire au profit de Bonaparte, pour sauver la Convention des royalistes parisiens, mais qu’on surnommait « le diable noir » ou « général vendémiaire ». 
Félix Eboué, gouverneur du Tchad, compagnon de la libération qui transforma l’Afrique équatoriale française en une véritable tête de pont géostratégique des forces armées de la France libre durant la seconde guerre mondiale, « entré dans le génie même de la France » d’après le général de Gaulle (à la mort du « Premier résistant de la France d’outre-mer » en 1944). 
Le Président du Sénat de la Vème République de 1958 à 1968, Gaston Monnerville, qui, s’il s’était maintenu en fonction, aurait été dès 1969 le premier Président noir de la République Française ! 
Louisy Mathieu, le premier esclave libéré à siéger à l’Assemblée Nationale en 1848.
Tous créoles ! 
Un mois plus tard, le dimanche 25 octobre 2009, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale a annoncé le lancement d’un vaste débat sur l’identité nationale déclarant au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI : « J’ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être Français aujourd’hui […] Je vais le lancer avec les parlementaires, députés et sénateurs, avec les députés européens. »
Qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? Je voudrais bien connaître l’opinion des Français eux-mêmes.
Gérald Alexandre ROFFAT
Visiter « Le blog pourpre » de Gérald Alexandre ROFFAT : http://recrutement.over-blog.com/

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